Face aux tensions budgétaires, les dernières données du DG du Trésor le 03 octobre 2017 contredisent la sinistrose généralisée que l'on a propagée sur la situation financière du pays, ayant eu un impact négatif tant au niveau national qu'international, le déficit du Trésor public s'étant établi à 287,32 milliards de dinars à la fin mai 2017 contre 1 783,13 milliards à la même période de 2016, soit une baisse de 84% (source APS). La déclaration du Conseil des ministres en date du 04 octobre 2017, un discours apaisé, contraste avec les déclarations alarmistes propagées ces dernières semaines qui ont fait un dégât social. Certains méconnaissent la réalité du corps social de 2017 composé à) plus de 70% de jeunes n'ayant pas connu la la période tragique 1991/1997, qui selon nos enquêtes ont rejeté ce discours, pouvant avoir l'effet inverse ce qui est recherché accroissant les tensions sociales, je les cite «ces discours ne nous font pas peur». On ne gouverne pas par la peur mais par la bonne gouvernance et le dialogue productif permanent. Mais l'on doit être réaliste, la distribution de revenus sans contre parties productives et la non vision stratégique étant à l'aube de la quatrième révolution économique et sociale mondiale ont des incidences négatives, politiques et sociales et géostratégique du fait de la position névralgique de l'Algérie au niveau du bassin méditerranéen et de l'Afrique. 1.-Selon le communiqué du Conseil des ministres, -adoption de l'avant-projet de loi de finances 2018, le projet affiche 6521 milliards DA en recettes et près de 8628 milliards DA en dépenses une différence de 20 milliards de dollars, le déficit global du Trésor s'élevant ainsi à près de 9% du Produit intérieur brut contre plus de 14% pour l'exercice 2016, un déficit qui sera couvert par le financement non conventionnel c'est-à-dire la planche à billet. Le budget de fonctionnement s'élèvera à 4584 milliards DA en baisse de 7 milliards DA par rapport à 2016 et pour le budget d'équipement, les crédits de paiements inscrits s'élèvent à 4043 milliards DA contre 2291 milliards DA pour 2016, contenant une provision de 400 milliards DA pour le remboursement des entreprises locales et étrangères qui détiennent des créances sur l'Etat et ses démembrements. Le budget prévoit 1760 milliards de DA alloués aux transferts sociaux, montant en hausse de près de 8% par rapport à 2017, et qui est destiné notamment, aux soutiens aux familles, à l'habitat, à la santé, ainsi qu'aux subventions des prix des produits de première nécessité, à savoir les céréales, le lait, le sucre, et les huiles alimentaires. Le recul du cours du pétrole depuis le deuxième trimestre 2014 a fortement impacté les recettes de la fiscalité pétrolière bien que l'on ait artificiellement gonflé par une dévaluation rampante du dinar comme l'on a gonflé artificiellement la fiscalité ordinaire, les importations en euros, par la dévaluation du dinar par rapport à l'euro. Durant le premier trimestre 2017, le taux de croissance est en baisse de 3,7% par rapport à la même période de 2016 qui était de 3,9%, tiré essentiellement du secteur des hydrocarbures dont le taux de croissance est passé de 2,6% en 2016 à 7,1% durant le premier trimestre 2017 grâce essentiellement à la hausse des prix facteurs exogènes. Le taux de croissance hors hydrocarbures a baissé passant pour la même période de 4,0% à 2,6%. Le dollar était coté» 77,55 dollars en 2012 (officiel) il est coté le 04 octobre 2017 à plus de 113 dollars et l'euro était coté à 102,95 dinars pour la même période dépassant 133 dollars. Les réserves de change était au 01 janvier 2014 pus de 194 milliards de dollars sont de 102 milliards de dollars début septembre 2017 et termineront certainement moins de 97 milliards de dollars fin 2017. Sur le marché parallèle après les discours de sinistrose «faillite de l'Algérie», le cours en une année est passé de 180 dinars un euro début 2016 à 198/200 dinars un euro mi septembre 2016 avec une poussé inflationniste sans précédent pour les produits de première nécessité non subventionnés allant de 20 à 60% et plus pour certains produits. Sans une explication sereine et le retour à la confiance, l'effet d'anticipation risque d'avoir un effet désastreux sur toutes les sphères économiques et sociales, posant un problème sécuritaire. Pour le FMI le taux de croissance devrai être seulement de 1,7% en 2017 et moins de 1% en 2018 avec un taux de chômage officiel incluant la sphère informelle (plus de 35%), les emplois temporaires, et les sureffectifs des administrations de 13,2% en 2018 12,3% selon l'ONS en 2017. Les sorties de devise sen 2016 ont été d'environ 60 milliards de dollars –biens services et transferts légaux de capitaux -Pour 2017 elles varieront entre 55/60 milliards de dollars pour une entrée d'environ 32/33 milliards de dollars contre 29,5 en 2016. Selon le professeur Ahmed Bouyacoub dans plusieurs de ses contributions que je tiens à remercier pour ses aimables conseils, six éléments méritent d'être mis en relief pour caractériser la profonde crise de l'économie algérienne et la réduction de sa place au plan international. a- la chute du PIB Global et par tête d'habitant en dollars Les données de l'ONS montrent que le PIB algérien est passé de 209,4 milliards de $ en 2014 à 157.95 milliards de $ en 2016, soit une chute de 24,6 %. Cette chute traduit la dévalorisation de la richesse produite par le pays en raison des dévaluations opérées entre 2014 et 2016. La valeur internationale de la production algérienne a perdu presque 25 % en deux ans. Le PIB par tête d'habitant en dollars a perdu 30 % entre 2012 et 2016. b- Une très forte croissance démographique à partir de 2003 (peu analysée dont les conséquences sont énormes sur les dépenses publiques. En 2002, le nombre de naissances est de 617 000. En 2016, les naissances atteignent 1067 000. Les conséquences sont inestimables sur le secteur d'éducation, la santé, le logement et l'emploi, à court et long terme. c- Un emballement du taux d'investissement plus un emballement du taux de consommation et un emballement du taux d'importation, un mélange explosif au moment où le PIB connait un effondrement. Le taux d'investissement (FBCF/PIB) est passé de 31,7 % du PIB en 2011 à 42,9 % en 2016 Le taux de consommation des ménages est également passé de 31,2 % à 42,8 % Ces deux croissances ont généré la croissance du taux d'importation passé de 28,7 % à 35,3 %. d- Contrairement à ce qui est avancé : un affaiblissement du poids des salaires (dans le PIB hors hydrocarbures) passant e 40 ;,2% en 2011 à 38,8% en 20125, 36,4% en 2013, 36,0% en 2017, 35,7% en 2015 et 35,5% en 2016. e- Un déséquilibre profond du budget jusqu'en 2017 et enfin la masse monétaire n'a pas connu d'emballement jusqu'à la fin 2016. 2.-Je tiens à remercier Mr Hasni Tewfik ancien directeur de la stratégie de Sonatrach pour certaines remarques concernant l'énergie. Ici se pose plusieurs questions selon quelques experts consultés. - Le recours à l'endettement extérieur a été prohibé. Les avoirs du Fonds de Régulation des Recettes qui ont culminé à plus de 5000 milliards DA en 2012 ont été épuisés 2017 par le fait de déficits budgétaires successifs. -On renfloue en dinars mais comme 70% des inputs et équipements sont importés, cela permet à son tour la possibilité à travers le canal bancaire d'importer ce qui influe sur la balance des paiements des sorties de devises. Sonelgaz a besoin de près de 300 milliards de DA/an pour financer ses projets d'investissement. -Le responsable de Sonatrcah dans une déclaration à l'APS, a confirmé que le programme de 50/70 milliards de dollars au lieu de 100 milliards de dollars initialement pour les investissements du groupe pour les 5 prochaines années. -Quel avenir pour les caisses de retraie devant distinguer les caisses spéciales des hauts cadres de l'Etat de la caisse ordinaire, l'espérance de vie ayant dépassé pour l'Algérie 75 ans contre plus de 80 ans dans certains pays développés ? La population résidente totale en Algérie a atteint 41,3 millions d'habitants au 1er janvier 2017, selon de l'Office national des statistiques (ONS L'Algérie comptera 41,2 millions d'habitants début 2017, avec un taux de croissance annuel atteignant 2,15 Selon le ministère de la Santé et de la Population, cette croissance est principalement due au taux de natalité en huasse. Le nombre de naissances en Algérie a atteint un million en 2015, soit presque le double du taux de natalité en 2000 (600 000) La Caisse nationale des retraites (CNR) est en faillite et ne doit sa survie qu'à l'apport de la Caisse nationale des assurés sociaux selon la déclaration de septembre 2017 du directeur de la CNR. Le déficit qu'elle connait actuellement et qui est estimé à 500 milliards DA, lequel a été compensé par un apport de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et de la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) de l'ordre de 900 milliards DA. Dans les années 1980 selon l'ex premier ministre devant les partenaires sociaux à Annaba en 1980 on avait sept (7) travailleurs pour un retraité Fin 2016 on avait trois pour un retraité. 2,2 millions de retraités en 2015 et trois millions en 2017. C'est naturellement autant de cotisants à compter en moins et de manque à gagner pour la Caisse dont les dépenses s'élèvent annuellement à près de 200 milliards de dinars. Le même responsable relève que les travailleurs partent à la retraite à 69 ans avec des taux de pension d'à peine 50 %, au moment qu'elle est établie à 80 % en Algérie. Il a expliqué que la situation de déficit de la caisse est liée notamment à l'importance des départs à la retraite en 2015 (150 000) et en 2016 (180 000), alors que les prévisions pour 2017 tournent autour 40 000 à 50 000 partants. - Il s'agira d'éclairer l'opinion publique afin d ‘éviter la cacophonie sur le montant exact de la sphère informelle en ne faisant pas de confusion en distinguant la part dans le PIB qui serait d'environ 45% selon l'ONS, en référence à l'emploi qui serait selon le Ministère du travail à environ 35/40% et en référence à la masse monétaire en circulation qui serait d'environ 40%. Et en référence à la masse monétaire en circulation le montant de la monnaie fiduciaire qui selon le gouverneur de la banque d'Algérie serait d'environ 35% en 2016 en augmentation par rapport à 2012 et à l'intérieur de ce montant la part effective de la sphère informelle spéculatives (moins de 17 milliards de dollars selon le Premier ministre) et la part détenue normalement par les ménages pour leurs besoins quotidiens. L'ex Premier ministre Abdelmalek Sellal a avancé (APS 2016) le montant de 37 milliards de dollars et l'ex ministre en 2015 entre 40/50 milliards de dollars sans préciser les références aux indicateurs économiques ou financiers, la méthode d'évaluation existant quatre donnant chacune un montant différent soit par rapport soit au PIB, au revenu national ou par rapport à la masse monétaire en circulation. (voir étude pour l'Institut Français des Relations Internationales sur la sphère informelle au Maghreb du Pr A.Mebtoul -Paris décembre 2013) -Le responsable de Sonatrcah dans une déclaration à l'APS, a confirmé que le programme de 50/70 milliards de dollars au lieu de 100 milliards de dollars initialement pour les investissements du groupe pour les 5 prochaines années, Pour les nouvelles raffineries, il prévoit la réalisation du plan en question, dans le cadre de la priorité, estimant qu'il verra la possibilité de concrétiser l'ensemble des cinq (05) nouvelles raffineries ou simplement une partie. Nous voyons que les déclarations des PDG de Sonatrach et Sonelgaz laissent comprendre que les besoins de financement pour les 5 prochaines années seront au minimum de 50 milliards $, il n'y aura que la raffinerie de Hassi Messaoud qui sera réalisée dans cette période. Pour Sonelgaz les investissements de 2 624 milliards DA n'ont pas été au service du développement, ils ont servi à la consommation des ménages. Pour le moment Sonelgaz ne rembourse pas sa dette, mais à partir de 2024, Sonelgaz sera obligée de rembourser 164 milliards DA par an jusqu'à 2031. Sonelgaz est déficitaire, les résultats de l'année passée étaient négatifs pour la première fois. (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international