Le Pr Chérifa Sedkaoui, chef du service d'oncologie de l'unité Belloua du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, a recommandé la promotion du dépistage du cancer du sein chez la femme de moins de 40 ans, en tenant compte, a-t-elle dit, de l'âge à partir duquel ce dépistage doit être lancé. «Les études internationales estiment que les programmes de dépistage permettent d'éviter entre 15 et 21% des décès par cancer du sein», a indiqué le Pr Sedkaoui, considérant que chez une femme jeune, la tumeur est plus virulente et croît beaucoup plus vite que chez une femme plus âgée. S'exprimant lors des 6èmes journées, consécutives, de pharmacie du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, organisées sous le thème «La pharmacie hospitalière pour une meilleure prise en charge du patient», l'intervenante, a estimé qu'entre 150 et 300 décès par cancer du sein seraient, comme l'indique l'Institut national du cancer français, évités pour 100.000 femmes participant régulièrement au dépistage pendant 7 à 10 ans. Surtout que, a-t-elle poursuivi, ce type de cancer est en augmentation constante en Algérie. «La particularité de ce cancer en Algérie est sa fréquence chez la femme jeune avant 40 ans», a-t-elle observé. S'appuyant sur une étude rétrospective portant sur la prise en charge diagnostique et thérapeutique de cette pathologie au service d'oncologie de l'unité Belloua, de janvier 2012 à décembre 2015, le Pr Sedkaoui a relevé que sur 1 087 cas de cancers du sein diagnostiqués, 253 patientes sont âgées de moins de 40ans soit, un taux de 23,27%. «La tranche d'âge entre 35 et 40 ans représente 66% des cas», a-t-elle indiqué encore, précisant que 98,41% n'ont pas d'antécédents personnels. Un médecin, a encore poursuivi le Pr Sedkaoui, devrait systématiquement vérifier la malignité d'un nodule, même chez une femme de 30 ans, et ne devrait pas rester sur l'idée qu'il s'agit d'une simple mastose. «Chez ces patientes jeunes, le recours à la mastectomie (ablation du sein) est nettement plus élevé que chez les femmes de plus de 50 ans en raison du volume tumoral élevé et du caractère souvent multifocal qui empêche de procéder à un traitement local», a-t-elle relevé encore. Evoquant la prise en charge thérapeutique, coûteuse, de cette pathologie, l'intervenante a insisté sur le «prélèvement sous-cutanée, puis la biopsie, dès le moindre doute» à même de poser un diagnostic, sûr. «L'échographie n'est pas toujours efficace, la mammographie, la radiographie et l'IRM comportent des risques pour la patiente jeune s'ils sont répétés», a encore relevé le Pr Sedkaoui pour qui, même chez une femme de 30 ans, le médecin devrait, systématiquement, vérifier la malignité d'un nodule, et ne devrait pas rester sur l'idée qu'il s'agit d'une simple mastose.