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«Le camp de torture Haouch Goutier, témoin des atrocités de l'occupant»
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 10 - 2017

Le camp de torture Haouch Goutier, dans la commune de Souk El Had, à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdes, dirigé par un certain commandant Skerfon et secondé par le lieutenant Montasse, témoigne des atrocités commises par l'armée française contre les algériens durant l'occupation. A travers des témoignages qui, se souviennent les moudjahidines de la région, certains vestiges, représentés par de minuscules geôles en béton, initialement des caves destinées à la conservation et production du vin.
Ce centre de torture mitoyen à la RN5 reliant l'est et le centre du pays, fut, selon les témoignages de moudjahidines de la région ayant survécu à cette période douloureuse de l'histoire de l'Algérie, fut créé en 1956. Ce site, spécialement sélectionné pour son isolement extrême, a abrité les pires tortures pouvant être perpétrées à l' égard des algériens, les moudjahidine du Front de libération nationale (FLN), voire même tout civil suspecté d'être contre la France coloniale», se rappellent-ils.
Le moudjahid Rabah Nassi, septuagénaire, évoque, en effet, les brulures par le feu, ingurgitation d'eau savonneuse, électrocution, torture auditive, planches à clous, suspension par les pieds et les mains, sans distinction d'âge. Tel était le quotidien de tous les détenus de ce camp de concentration, d'une capacité d'accueil de 200 détenus, dont la surveillance était assurée par des harkis et un groupe de parachutistes. « Nul ne peut décrire les atrocités que nous avions subies, mes compagnons et moi, dans ce bâtiment, que l'on qualifiait à l'époque d'Abattoir de l'Algérie », a-t-il dit.
Ce moudjahid a été arrêté en 1957, suite, a-t-il rappelé, à un accrochage avec une patrouille française, au lieu-dit Oued Djenah, de la banlieue de la ville de Souk El Had. Il a été enfermé pendant huit jours dans une cellule en béton avec une unique ouverture de 25 cm sur 40 cm, et où la lumière du jour ne rentrait jamais car fermées de toutes parts et où le froid et l'humidité régnaient, aux côtés d'un sempiternel son d'une eau qui goutte, accentuant encore plus la torture psychologique du détenu, se rappelle-t-il encore.
Les détenus au grand gabarit ou âgés, confie encore ce moudjahid, souffraient quotidiennement le martyr pour rentrer ou sortir dans ces minuscules cellules, un trou d'à peine un ou deux mètres de long et de large, où l'armée française tassait entre 1 à 4 détenus, voire 8 dans certains cas, au moment où, se rappelle-t-il encore, la cour du camp servait d'espace de tortures à ciel ouvert.
Ce centre, confie encore ce moudjahid, était doté de trois portes principales, dont une située à l'arrière destinée à l'évacuation des détenus condamnés à mort, qui étaient accompagnés vers un oued mitoyen, où ils étaient éxécutés et enterrés. Ce dernier s'est dit fier d'appartenir à une région qui a offert à la Révolution près de 540 de ses enfants, soit plus d'un tiers de sa population d'alors, estimée à 2 000 âmes.
Un autre moudjahid, Mechkir Mohamed Saïd, également septuagénaire, enfermé dans ce camp en compagnie de son grand frère, évoque ces geôles d'où il est impossible d'en sortir vivant où en bonne santé. Un fait qui résume toute l'horreur des tortures vécues par les détenus de ce lieu éloigné de tout, au niveau duquel l'officier Skerfon et ses collaborateurs ont pratiqué, en toute impunité, toutes les formes de torture imaginables sur des milliers d'Algériens (moudjahidine et civils), jusqu'à la proclamation du cessez le feu le 19 mars 1962.
Ce moudjahid fut arrêté en 1958 et détenu dans ce camp pendant 13 longs jours. Période au cours de laquelle il a subi la torture et enduré les souffrances. « Après le cessez-le-feu, j'ai travaillé dans un lieu mitoyen à un cours d'eau, situé près de ce camp, et il n'était pas rare que nous trouvions des cartes d'identité, des ossements et des squelettes d'algériens exécutés et jeté dans ce cours d'eau, se rappelle ce moudjahid. Un autre moudjahid de la région, Rahmoune Rabah, dit Mohamed, détenu dans ce camp Goutier, a raconté ce qu'il a enduré durant son séjour dans ces geôles.
Ayant rejoint les rangs de l'armée de libération nationale en 1956, à l'âge de 16 ans, condamné à mort par deux fois, ce moudjahid se rappelle avoir été enfermé pendant 24 jours dans une cellule de ce camp avant de bénéficier, par la suite, d'une sortie par jour pour être torturé, et sans qu'on lui donne ni à manger ni à boire.
«Des moudjahidine et militants de diverses régions du pays étaient détenus dans ce centre», se souvient-il encore. Une trentaine de familles, en attente de relogement, occupent ce site, non encore classé, selon la direction des moudjahidine de la wilaya de Boumerdès. En dépit, a-t-on observé de même source, des démarches entreprises dans ce sens.


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