BAYADH - L'embuscade d'El-Khoteifa (2 octobre 1956), tendue par les moudjahidine entre El-Bayadh et Laghouat contre des forces de l'armée coloniale, constitue une des nombreuses épopées jalonnant l'histoire de la Révolution et dont des habitants de la région gardent encore le souvenir. Cet accrochage sur les monts partagés par les wilayas d'El-Bayadh et de Laghouat, près de la zone de Taouiala, livré par les moudjahidine et fidayine de la zone quatre relevant de la wilaya 5 historique, avait pour but de desserrer l'étau imposé par l'occupant autour de la région et de libérer les nombreux prisonniers détenus dans les geôles ennemies. Un plan pour libérer les détenus politiques de la prison d'Aflou Evoquant les circonstances ayant précédé cette embuscade, le moudjahid Bachir Nouri, témoin-vivant, ayant déserté en avril 1955 les rangs de l'armée française et rejoint ceux de l'ALN à El-Bayadh, a relaté que la mission confiée à la 3ème katiba (section), activant sous le commandement du défunt moudjahid Mohamed Lamari dit El-Mokrani, visait à sécuriser discrètement la route entre El-Bayadh et Aflou, dans la wilaya voisine de Laghouat, selon un plan tenu dans le secret total jusqu'à l'ultime moment par les commandants des trois katibate, en l'occurrence Lahcène Boucherit, Abdelwaheb Moulay et Mohamed Lamari. Cette mission consistait, selon le moudjahid Bachir, à lancer une offensive contre la prison d'Aflou où étaient incarcérés près de 400 détenus politiques algériens, avant qu'une autre action ne soit imposée sur le terrain de l'action et a été sanctionnée par une victoire sur les forces de l'armée coloniale. Surprendre l'ennemi et sécuriser les voies d'accès Si Bachir narra ainsi, qu'une katiba d'une soixantaine de combattants, conduite par Si Mohamed Lamari, qui effectuait une halte aux premières heures du matin du 2 octobre 1956 pour s'assurer de leurs armes et prendre un peu de repos avant de continuer sa route vers son objectif qui consistait en la sécurisation de la route menant vers Aflou, a soudainement repéré un convoi des forces coloniales, composé de 135 camions, de passage non loin du positionnement de la katiba. Les soldats français procédaient, durant leur passage, à un ratissage et à des fouilles systématiques et sans ménagement des populations nomades, pour ensuite embarquer trois de leurs jeunes, et ce sous le regard des djounoud de la katiba restés à l'affut et ne quittant pas du regard le chef de cette soldatesque, un capitaine qui n'a pas quitté le siège de son véhicule militaire. Ce qui a encouragé la katiba à revoir sa tactique pour finalement lancer, d'abord, une attaque contre le convoi, raconte-t-il. Une attaque lancée sur une tactique de combat intelligente Poursuivant son témoignage sur cette bataille décisive à laquelle il a pris part, le moudjahid Si Bachir a indiqué que scindés en deux groupes, la katiba guidée par le moudjahid Lamari a décidé, après avoir tracé une tactique intelligente, de lancer son assaut. Une partie du convoi, devancée par la Jeep du capitaine, a quitté les lieux, et le reste resté stationné a été pris sous les feux nourris des moudjahidine, gonflés à bloc par ce qu'ils ont vu comme scènes d'exaction et d'humiliation et d'intimidation pratiquées par ces forces coloniales contre des populations sans défense. L'accrochage avec les forces ennemies s'est soldé par la mort de 39 soldats français et l'arrestation de 5 autres, en plus d'importants dégâts matériels, dont quatre camions blindés incendiés, et la récupération d'un important lot d'armes et de munitions des forces ennemies, dont 35 pièces d'armements et trois appareils de transmission. Le moudjahid relève, de l'autre côté, qu'un moudjahid est tombé au champ d'honneur ce jour là, en l'occurrence Cherif Megherbi, et un autre, Mohamed Guendouzi, de la région de Taouiala, a été libéré des mains des forces coloniales, alors que le moudjahid Ahmed Malki a été blessé lors de cette embuscade d'El- Khoteifa, qui constituait un prélude à l'épopée de Chouabir livrée le jour suivant, le 3 octobre 1956, en représailles aux exactions et atrocités coloniales contre les populations sans défense. Cette bataille, se souvient encore le moudjahid Bachir, revêt une grande importance, car elle a ouvert la voie, au regard des importantes pertes humaines et dégâts matériels infligées aux forces coloniales, à d'autres actions militaires d'envergure dans la région, ajoutées à toutes celles menées aux quatre coins du pays pour le recouvrement de la liberté et la souveraineté.