Le long-métrage documentaire «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans», dédié aux témoignages de trois femmes militantes et combattantes de la cause algérienne, avec un focus particulier sur le parcours d'Evelyne Safir Lavalette (1927-2014) a été présenté, dimanche à Alger, par sa réalisatrice Fatima Sissani. D'une durée de 76mn, cette oeuvre a été projetée en compétition documentaire du 8e Festival international du film d'Alger (Fica) dédié au film engagé qui se poursuit depuis vendredi. Ce documentaire élaboré initialement sur le parcours de Evelyne Safir Lavalette retrace le parcours de cette militante depuis son adhésion en 1951 à l'Association de la jeunesse algérienne pour l'action social (Ajaas), qui a rassemblé des algériens, des pieds noirs et des européens de différentes origines religieuses pour aider à l'éducation et l'amélioration des conditions sociales des jeunes algériens. Le documentaire revient brièvement sur son travail d'agent de liaison du Front de libération nationale (FLN), sa participation au premier numéro du journal El Moudjahid, ou encore son rôle dans l'acheminement de matériel et de courrier ou l'hébergement de plusieurs leader de la Guerre de libération nationale. Le film étant axé sur l'engagement et le sacrifice, Evelyne Safir Lavalette raconte assez longuement sa vie dans les prisons d'Oran, Chlef puis Alger depuis son arrestation en novembre 1956 où elle a été torturé et persécutée mais a également connu des camarades de cellules qui partageaient la même détermination et militaient pour la même cause même si elles ont été bannies de leurs communautés. Par la suite la réalisatrice juxtapose une succession de témoignage recueillis auprès d'Alice Cherki et de Zoulikha Bekadour pour appuyer sa recherche d'un engagement à contrecourant de la pensée dominante dans les milieux européens colonisateurs ou algériens conservateurs. Les trois femmes évoquent également face à la caméra leurs différentes positions au lendemain de l'indépendance, une période qui a vu Evelyne Safir Lavalette intégrer la première assemblée nationale et participer à la mise en place du système éducatif, Alice Cherki repartir en France et Zoulikha Bekaddour se «retirer du monde politique en raison des luttes pour le pouvoir». Inauguré vendredi, le 8e Fica se poursuit jusqu'au 8 décembre à la salle El Mouggar avec au programme des documentaires comme «Kemtiyu Cheikh Anta» du Franco-sénégalais Ousmane William Mbaye, «Vivre avec son oeil» de la Française Naïs Van Laer ou encore «Maman colonelle» du Congolais Dieudonné Hamadi. Toutes les oeuvres projetées sont rediffusées le lendemain à la salle de la cinémathèque d'Alger.