Que faire pour que la gestion de notre football devienne une affaire de professionnels ? Que penser de cette réaction qui émane du président de la Ligue de football professionnel Mahfoud Kerbadj : «Je ne suis pas un employé de Zetchi !» Les textes de la Fédération algérienne de football lui répondent par l'article 1-2 des statuts de la Ligue du football professionnel «la LFP agit par délégation de la Fédération algérienne de football à laquelle elle est affiliée dans le cadre des prérogatives que lui confèrent les présents statuts». Cette guerre des mots puiserait sa stratégie d'un fait qui semble faire tache d'huile, en l'occurrence, le boss verrait mal que Mahfoud Kerbadj, homme de l'ex-président de la FAF gérer cette Ligue ?! Est-ce parce que la jeunesse de Zetchi aurait été prise d'une folle envie, celle de tout changer, mais sans toucher au bureau fédéral ? C'est cette envie de changement qui l'aurait motivé à se présenter aux élections et c'est lui seul, qui serait capable d'ouvrir les portes d'une nouvelle ère de notre football et briser les anciennes. Tout le monde avait d'ailleurs salué cet esprit nouveau, tout le monde s'est mis sur son balcon, pour attendre ces changements annoncés et en déguster ses fruits. Elles arrivent à petits pas mais pas avec le style promis. Et pourtant, ses bras droits signent et persistent, il est l'homme capable d'apporter ce souffle nouveau. Une épidémie de jeunesse semblait se préparer à envahir les espaces de la gestion de la FAF. Oui, nous l'écrivions au lendemain de son élection, et nous le disions hier, et nous continuerons à l'espérer encore, mais faudrait-il qu'il le fasse vite avant que ce soit trop tard. Sa nouvelle équipe, aussitôt installée, avait promis de virer ceux qui avaient échoué par le passé. Mais rien de cela. Zetchi semble se débattre seul dans une timidité qui ne ressemble pas à celle d'un guerrier annoncé. Face à ceux qui tentent de tirer le maillot vers le bas, le patron de la FAF dénonce à sa manière les retards dans les changements, «ce n'est pas nous c'est les autres.» Qui sont-ils ces «autres» ? Pourquoi viennent-ils perturber ce que le BF décide ? Les derniers dérapages en communication commis par la FAF illustrent parfaitement ce sentiment qui anime les footballeurs de souche, les observateurs, consultants et médias. Les saisons s'écoulent, les tentatives d'intervenir pour réparer ou changer la pièce rouée se font à travers des initiatives qualifiées de judicieuses, mais, on ne réussira jamais à changer un monde ancien avec un même monde. «Le président, s'il veut garder toute sa jeunesse doit s'entourer de jeunes sportifs, capables de faire la différence et de démolir ce qui ne va pas et garder uniquement les quelques références qui ont fait bouger ce football». On verra bien s'ils réussissent, mais la mission qui leur sera confiée ne doit pas être la même, ceci d'une part et d'autre, les opérations de communication ne doivent pas être les mêmes. Zetchi est un président jeune, il peut avancer avec des hommes appartenant au football, rongés par les vicissitudes de ce sport. Les dernières assises confirment que Zetchi maîtrise sa communication mais il doit encore la peaufiner pour faire face à une communication concurrente. Il est temps de montrer ou de démontrer que les réformes qu'il a mises en place commencent à porter leurs fruits et que sa relation avec Kerbadj n'est pas une relation de personne à personne mais de professionnels à professionnels, c'est ce qu'elle devrait, pourtant être pour gérer ensemble et habilement l'avenir de notre football. Un autre ticket se fait valoir dans ces débats sans fin. Cette fois-ci, c'est le bureau fédéral qui alerte, voire fait rappeler la LFP sur la réglementation adoptée par la Fédération internationale de football qui stipule «qu'aucun championnat national ne doit démarrer tant que la période des transferts concernant ledit championnat n'est pas close». Il s'agit donc à la LFP de communiquer, parler et d'argumenter ses choix sans pour autant traîner le pas mais à prendre vite en considération cette donnée pour l'établissement des calendriers des championnats de Ligue 1 Mobilis et Ligue 2 Mobilis pour la saison 2017-2018 et de la période de transferts y afférant. L'autre clou qu'elle doit éviter de taper dessus est celui d'éviter aux «clubs de Ligue 1 Mobilis ayant des joueurs internationaux convoqués en sélection nationale, de ne pas programmer des journées de championnat de Ligue 1 Mobilis lors des dates FIFA. C'est l'alerte du BF lancée en direction de LFP». Au moment où tout est mis en œuvre pour éviter le pire, voilà que le sectionneur national «s'est même permis le luxe de libérer des joueurs locaux pour jouer avec leurs clubs respectifs durant les stages alors qu'il ne s'agissait pas des dates FIFA ?!» Allez-y comprendre la vie de ce sport. On apprend du côté de nos confrères que «les différentes interventions du président de la FAF ont tellement gêné le président de la ligue qu'il a répliqué en lançant cette phrase très lourde de sens : «Je ne suis pas un employé de Zetchi !». Ce à quoi avait répondu le président de la FAF en le traitant de menteur «en prétendant que le président de la FAF devrait se contenter de gérer la FAF et qu'il ne veut plus avoir affaire à lui». La vie dans ce monde sportif est tellement belle que l'on voudrait bien écrire de belles choses sur notre football. Nous y croyons, et nous restons attentif, peut-être 2018 sera celle de notre football. Qui sait ?