En Irak, l'année 2017 a été celle du démantèlement du groupe terroriste Daech, alors que le pays a, en parallèle, échappé à la division de son territoire après un référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, mais beaucoup reste à faire dans ce pays qui fait encore face aux conséquences du terrorisme. Remises sur pied en 2016, les forces irakiennes ont lancé progressivement une offensive contre le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique (EI/ Daech)» ce qui leur a permis de reprendre d'abord Fallouja puis Ramadi dans l'ouest. Mais l'assaut final a été lancé contre le centre historique de Mossoul à l'est, dernier bastion des terroristes. Après presque neuf mois de combats, qui ont ravagé la ville et généré une crise humanitaire sans précédent, Mossoul, deuxième ville de l'Irak, a été déclarée le 10 juillet dernier libérée, et Daech ne tenait désormais que quelques zones désertiques proches de la frontière syrienne. Passé cet épisode, les événements se sont accélérés et l'armée irakienne appuyée par la coalition internationale et la mobilisation populaire reprend le 31 août 2017 Tal Afar, ville stratégique pour Daech sur la route vers la Syrie sous l'emprise du groupe terroriste. Le pouvoir irakien finalise ainsi la reconquête de Ninive. La reconquête de cette province septentrionale a permis par la suite, le 17 novembre, aux forces irakiennes de reprendre Rawa, ultime localité du territoire de l'Irak qui restait détenue par Daech depuis la perte d'Al-Qaïm, non loin de là, deux semaines plus tôt. En temps record, l'Irak se libère «totalement» de l'organisation terroriste Daech qui s'est emparé en 2014 de vastes territoires irakiens. L'heure désormais est aux opérations de ratissage et la chasse aux restes de Daech, cellules dormantes, caches d'armes, maisons piégées, et l'énorme héritage de guerre en mines antipersonnel. Beaucoup reste à faire face aux conséquences du terrorisme Le recul de Daech est désormais une réalité, pour autant le paysage en Irak n'en est pas moins sombre et inquiétant. Le gouvernement irakien doit se pencher sur la remise en état des territoires libérés s'occuper du sort de milliers de civils lourdement touchés. Le bilan des différentes sources va de 2000 à 7000 civils tués. Un millions de moussoliotes ont été chassés de leur ville dont 700 000 sont toujours déplacés (sur une population de 1,5 million d'habitant). D'une rare férocité, les frappes aériennes et combats ayant opposé les différentes parties belligérantes ont défiguré nombre de villes et cités, ceci en sus du coup dur porté au patrimoine et à l'héritage culturel du pays. Rétablir la paix sociale, qui constitue en effet l'un des grands enjeux. Les pertes matérielles sont estimées à 100 000 milliards de dollars, tandis que le coût de la reconstruction est à coup de milliard de dollars alors que les deniers publics irakiens ont été séchés par la guerre. Sur le plan sécuritaire, des experts jugent que l'EI garde une capacité de nuisance. Le général américain Paul Funk, avait déclaré dans la foulée de cette débâcle que beaucoup de travail reste à faire. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires irakiens pour assurer une défaite sur le long terme et empêcher l'EI de pouvoir menacer la civilisation au niveau régional et global. Pour en finir totalement avec l'organisation terroriste, l'armée irakienne a également annoncé son intention de nettoyer à une date non précisée le Wadi Houran, une vallée située dans la province occidentale d'Al-Anbar. L'EI est toujours présent dans ce relief accidenté, où il a établi des caches et dispose de dépôts d'armes. Son chef, Abou Bakr al Bagdadi, s'y cacherait. Projet séparatiste kurde avorté, l'Irak uni sorti vainqueur En parallèle de la lutte contre l'EI, l'Irak a vécu une sérieuse crise avec le Kurdistan irakien, une crise qui a menacé son intégrité territoriale mais dont il est sorti vainqueur par la force des dispositions constitutionnelles. Lors d'un référendum d'indépendance, qui s'est tenu le 25 septembre malgré l'opposition de Baghdad et les critiques internationales, le «OUI» l'emporte avec près de 93%. Le scrutin s'est tenu, outre au Kurdistan, dans des zones disputées, comme la province pétrolière de Kirkouk (nord). Mi-octobre, Bagdhad envoie ses troupes reprendre les zones hors de la région autonome où les Kurdes ont étendu leur emprise depuis 2003, dont la région disputée de Kirkouk. Le 25 octobre le Kurdistan propose de geler les résultats du référendum. Sur fond d'insistance de Baghdad qui réclame l'annulation du scrutin qui n'est pas d'ailleurs sans soulever les critiques des organisations internationales et de nombre de pays, ceux du voisinage immédiat notamment, le 29 octobre Massoud Barzani, initiateur du scrutin, annonce quitter la présidence du Kurdistan. Le 20 novembre, le référendum est jugé anticonstitutionnel par la Cour suprême irakienne. En rétablissant sa souveraineté sur la région, le gouvernement irakien a épargné à la région une guerre ethnique et confessionnelle, analysent les observateurs. Le projet séparatiste aurait pu avoir des conséquences aussi désastreuses, en particulier dans des territoires contestés tel Kirkouk et aurait pu également affecter lourdement l'économie de la province irakienne car la région exporte 550 000 de ses 600 000 barils quotidiens via l'oléoduc reliant Kirkouk au terminal de Ceyhan en Turquie qui avait menacé d'imposer des sanctions.