Le public algérien a rendez-vous les 4 et 5 janvier à Alger avec Idir, l'icône de la chanson algérienne d'expression kabyle, de retour sur la scène artistique algérienne après une absence de près de 40 ans, dans un concert-évènement placé sous le signe des retrouvailles. Trente musiciens et un groupe de choristes, encore en répétitions, accompagneront Idir qui devra partager la scène de la coupole du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf avec des chanteurs français, à l'instar de Gérard Lenorman et Maxime Le Forestier qui avaient participé à son dernier album sorti en 2017. Après ces deux concerts à Alger, le chanteur prévoit une grande tournée qui devrait le conduire à Annaba, Bejaia, Batna, Constantine et Tlemcen, entre autres, à partir de mai prochain. Absent de la scène algérienne depuis 1979, année de sa dernière apparition, Idir revient à la rencontre de son public, alors que l'identité amazighe, une cause pour laquelle il n'a cessé de militer par son art, remporte, par petites touches, victoire sur victoire. Après l'officialisation de Tamazight en 2016, c'est au tour de Yennayer, premier jour de l'année berbère réhabilité fin 2017 et consacré fête nationale pour être célébré, officiellement pour la première fois en Algérie, le 12 janvier prochain. Depuis son départ d'Algérie, Idir a donné de nombreux concerts à travers le monde, en France en particulier où il s'est établi à partir de 1975. Dans ce dernier pays, il se produit régulièrement, depuis 1991, sur les scènes les plus prestigieuses. Comptant à son actif une dizaine d'albums, Idir, Hamid Cheriet de son vrai nom, a été très vite propulsé sous les projecteurs de la célébrité dans les années 1970 avec "A Vava Inouva", désormais tube planétaire, diffusé dans pas moins de 77 pays et traduite dans une vingtaine de langues. L'artiste quoique réservé, aime partager avec d'autres chanteurs son espace d'expression. "Zwits Rwits" avec Khaled, devenue "El harba win" dans une reprise par le roi du rai, "Azwaw", un autre de ses succès chanté avec Cheb Mami et "Lefhama", ou "Ttighri bwegdud" (l'appel du peuple), une chanson engagée -sans doute celle qui traduit le mieux l'espérance citoyenne de l'artiste- qu'Idir exécutera dans un beau trio avec Amazigh Kateb et l'étoile montante de la chanson kabyle, Rezki Ouali. En près de 50 ans de carrière, Idir aura réussi le pari d'un parcours artistique régulier, au service du patrimoine culturel algérien, faisant vivre une fois de plus sa langue maternelle dans "Ici et Ailleurs", réalisé avec de grands noms de la chanson française, comme Charles Aznavour, Francis Cabrel, Maxime Le Forestier Bernard Lavilliers, parmi d'autres. Une identité ancrée dans l'algérianité "Je suis avant tout un artiste porteur d'une identité, m'inviter uniquement pour les belles mélodies que je compose sans tenir compte de la culture dont je suis issu relèverait de l'inacceptable", une posture qui se veut claire et que Idir avancera comme seule raison de sa longue absence de scène en Algérie. Celui qui a de tout temps revendiqué son identité culturelle en même temps que son appartenance à l'Algérie, dit assumer son pays dans toute sa richesse et sa pluralité. Le chanteur Idir a affirmé dimanche à Alger que son retour sur scène en Algérie en 2018, après une absence de 38 ans, était "motivé par l'officialisation de Tamazight", une cause pour laquelle il n'a cessé de militer par son art. Prévu initialement le 12 janvier 2018 à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger, le spectacle d'Idir a été avancé au 4 et 5 janvier en raison d'engagements antérieurs, a expliqué Idir qui a entamé une tournée en France et en Belgique notamment, pour la promotion de son dernier album "Ici et ailleurs, sorti en avril dernier. S'exprimant lors d'une conférence de presse, Idir a expliqué qu'il n'avait jamais éprouvé, ni exprimé le "non désir" de chanter en Algérie, réaffirmant son attachement à son pays natal malgré les quelque "40 ans d'émigration" ainsi que son engagement pour la langue amazighe qu'il refuse de placer sous une quelconque chapelle politique. Le chanteur kabyle tient à souligner que son engagement "n'altère en rien (mon) algérianité", une appartenance qu'il a de tout temps revendiquée. "Je ne trouve pas un semblant de raison de favoriser une langue au détriment d'une autre. Toutes les langues peuvent coexister", a-t-il encore souligné pour mieux clarifier le sens de son combat pour Tamazight, qui "ne relève d'aucune velléité politique", a-t-il martelé. Idir a, d'autre part, considéré que l'existence de partenaires, comme l'Onda (Office national des droits d'auteur et droits voisins) et les éditions Izem, son producteur en Algérie, lui donnait une "certaine indépendance" pour organiser ce spectacle, a-t-il dit, sans plus s'étendre sur ce sujet. De son côté, le directeur général de l'Onda, Sami Bencheikh El Hocine, a précisé que tous les moyens techniques seraient mis en place pour réussir un spectacle de cette envergure. Un coffret contenant les oeuvres d'Idir sera édité à cette occasion en collaboration avec les éditions Izem. A la question de savoir s'il envisageait de mettre fin à sa carrière au terme de sa tournée en Algérie, Idir s'est contenté de dire : " je ferais du mieux que je pourrais pour continuer à produire et à me produire". Evoquant son dernier album "Ici et ailleurs" dans lequel il a associé de célèbres chanteurs français comme Charles Aznavour et Francis Cabrel, Idir a salué l'implication de ces grands artistes français qui ont interprété en kabyle des extraits de leurs propres chansons.