Plein le cœur, il ne pouvait continuer à se taire. L'ex-sélectionneur de l'équipe nationale, Vahid Halilhodzic se devait d'étaler sur les espaces publics ce qu'il considère comme important à dire. Il a choisi le site francophone «goal.com» pour s'exprimer. Ce qui explique une fois de plus que le mal de notre football n'est pas né hier, au contraire, il traîne depuis bien des années, comme si un groupuscule d'individus cherchait à l'abattre d'une manière intelligente. Pourquoi cherche-t-on à le déstabiliser ? Raouraoua serait la cause de son départ, puisque c'est de lui qu'il s'agit. Vahid Halilhodzic évoque les causes de son départ de l'Algérie. Tout le monde sait que Raouraoua était derrière le départ du Bosniaque avec notamment la fameuse histoire de la présence de Gourcuff au Centre technique national de Sidi Moussa. Vahid y fait allusion avec beaucoup de regrets. «J'avais pris la décision de partir, avant même la Coupe du monde 2014. Parce que je n'étais pas content du comportement des dirigeants». De quels dirigeants parle-t-il ? «Le peuple algérien, les responsables de la fédération et même des politiciens ont tout fait ensuite pour me garder, mais ma décision était déjà prise. A un moment donné, on avait construit une belle équipe pour préparer l'avenir. Malheureusement, ils n'ont pas su gérer l'après Coupe du monde. Cette sélection avait montré des qualités de jeu exceptionnelles, au point où on parlait de jeu à l'Algérienne. Elle était efficace et c'était même devenu l'équipe africaine qui a marqué le plus de buts lors d'un match de Coupe du monde (quatre contre la Corée du Sud, ndlr). Aujourd'hui, malheureusement, cette équipe est presque inexistante. Ils ont détruit tout ce qu'on avait fait pendant plusieurs années.» Un constat d'un expert mais aussi de professionnel à la fois. Que peut-on bien lui répondre aujourd'hui, à cet homme qui avait tout fait pour mener à terme l'équipe nationale qui faisait taire les sélections européennes et africaines. Aujourd'hui, cette équipe presque livrée à elle-même cherche de la stabilité. Rabah Madjer, ce professionnel, réussira-t-il à l'équilibrer, à lui faire prendre goût aux victoires ? Difficile pour certains, mais cela reste possible dans la mesure où ceux qui sont derrière elles se constituent comme la barrière solide à même de freiner et briser les tentatives de destruction. Une réalité qui fait mal et qui donne des frissons au dos. Aujourd'hui, le coach Vahid a qualifié le Japon à la Coupe du monde. Dans cet entretien, il est évoque avec amertume son passage en Algérie, ses relations amicales et professionnelles, ses envies, celles de bâtir une équipe qu'il qualifiera d'équipe de réussite. Chacun voyait en lui l'incontournable homme des situations. Des situations dont les ingrédients n'étaient autres que la discipline interne et externe. Lorsqu'on évoque externe, cela signifie que ceux qui n'ont aucune relation avec le football ne pouvaient s'interférer dans ses décisions ou dans ses choix. Il parle des Verts comme s'il parlait d'un enfant qu'il a fait grandir. «Cette sélection avait montré des qualités de jeu exceptionnelles, au point où on parlait de jeu à l'Algérienne. A la question de savoir si la possibilité d'entraîner de nouveau cette équipe algérienne se présentait dans le futur, Vahid était impatient de répondre, «pour le moment, je suis totalement concentré sur la préparation de la Coupe du monde en Russie avec le Japon. J'ai bien aimé faire cette aventure humaine et sportive avec l'Algérie, de même que celle avec le Japon. Après, on verra. J'ai déjà eu pas mal de contacts avec plusieurs équipes. Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne veux ni me précipiter ni penser à ça. On verra. En football, tout est possible. Tout peut changer.» Des regrets, qui l'étouffent. Gorge serrée, il aimerait tourner la page mais les caractéristiques des joueurs, l'amour qu'il porte pour eux et pour le peuple lui font espérer un retour. «Comme je l'ai dit, dans mes choix, je n'ai pas toujours été judicieux et je n'ai pas fait que des bons. Mais il faut assumer cela. Dans mon parcours d'entraîneur, ce qui m'a le plus plu c'est que partout où je suis passé, le peuple et la rue m'ont accepté. Ils m'ont adoré partout, que ça soit en Afrique ou en Europe. A Lille, au PSG, en Algérie... Partout, j'ai laissé une bonne image. Et ça, c'est ma plus grande satisfaction et ma plus grande récompense.» Cette interview où il est revenu sur son passage en Algérie lui a fait du bien. Il avait des messages à faire passer. Et voilà que c'est fait.