Dans une longue interview accordée au site Goal.com, dans sa version francophone, l'ancien sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, est revenu une nouvelle fois sur sa décision de quitter l'Algérie après le Mondial 2014 et donné son avis sur l'état de la sélection actuelle. Le coach franco-bosniaque s'est dit attristé par la situation actuelle que traverse les Verts, lui qui a assuré que tout ce qui a été fait en son temps a été malheureusement détruit après son départ. Et à la question : y a-t-il une possibilité de vous voir entrainer l'Algérie de nouveau dans un avenir proche, il a répondu : «Ça c'est... (il coupe) Pour le moment, je suis totalement concentré sur la préparation de cette Coupe du monde en Russie avec le Japon. J'ai bien aimé faire cette aventure humaine et sportive avec l'Algérie, de même que celle avec le Japon. Après, on verra. J'ai déjà eu pas mal de contacts avec plusieurs équipes. Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne veux ni me précipiter ni penser à ça. On verra. En football, tout est possible. Tout peut changer. Comme je l'ai dit, dans mes choix, je n'ai pas toujours été judicieux et je n'ai pas fait que des bons. Mais il faut assumer cela. Dans mon parcours d'entraîneur, ce qui m'a le plus plu c'est que partout où je suis passé, le peuple et la rue m'ont accepté. Ils m'ont adoré partout, que ce soit en Afrique ou en Europe. À Lille, au PSG, en Algérie... Partout, j'ai laissé une bonne image. Et ça, c'est ma plus grande satisfaction et ma plus grande récompense». « On était devenu la meilleure équipe d'Afrique, mais désormais cette sélection est inexistante » Vahid Halilhodzic regrette la régression qu'a connue la sélection nationale après le Mondial brésilien : «Malheureusement, cette sélection avait un grand potentiel, elle était devenue la meilleure équipe d'Afrique. Il y avait un bon groupe, avec des caractères particuliers, mais il y avait énormément de talent. Et aujourd'hui, cette sélection est inexistante et c'est bien dommage !» « On ne peut bâtir une sélection en quelques mois seulement » Depuis quelques mois, la sélection algérienne a complètement perdu sa force et ses caractéristiques techniques. Halilhodzic dira à ce propos : «Ah ça, je n'aime pas trop en parler. Je n'aime pas critiquer. C'est facile de le faire. Vous savez, quand je suis arrivé là-bas, beaucoup de gens ont critiqué aussi. Les journalistes, les spécialistes...On dit d'ailleurs spécialistes de foot, mais ils sont spécialistes de rien du tout. Et mon problème ce n'était pas tant les critiques sur le jeu, que ces déclarations qui n'étaient basées sur aucune vérité. On ne peut pas bâtir une grande équipe nationale en quelques mois seulement. C'est un travail de longue haleine. Même de plusieurs années». « Ils n'ont pas su gérer l'après-Mondial » Pour l'ancien driver de la Côte-d'Ivoire, il y a eu une mauvaise gestion de l'EN après le Mondial de la part des responsables de la fédération de l'époque : «J'avais pris la décision de partir, avant même la Coupe du monde 2014. Parce que je n'étais pas content du comportement des dirigeants. Le peuple algérien, les responsables de la fédération et même des politiciens ont tout fait ensuite pour me garder, mais ma décision était déjà prise. À un moment donné, on avait construit une belle équipe pour préparer l'avenir. Malheureusement, ils n'ont pas su gérer l'après-Coupe du monde». « Ils ont détruit tout ce qu'on avait bâti pendant plusieurs années » Et d'enchaîner : «Cette sélection avait montré des qualités de jeu exceptionnelles, au point où on parlait du jeu à l'algérienne. Elle était efficace et c'était même devenu l'équipe africaine ayant marqué le plus de buts lors d'un match du Mondial (quatre contre la Corée du Sud). Aujourd'hui, malheureusement, cette équipe est presque inexistante. Ils ont détruit tout ce qu'on avait fait pendant plusieurs années». « Plusieurs joueurs m'ont téléphoné depuis que j'ai quitté ce groupe » Coach Vahid a révélé qu'il était toujours en contact avec certains joueurs de la sélection algérienne : «Je suis un peu triste pour les joueurs. Il y en a plusieurs qui m'ont téléphoné depuis que j'ai quitté ce groupe. Parce que ce groupe était jeune et bien formé. Je vous rappelle que quand j'étais arrivé en Algérie, c'était aussi une période très délicate. Ils restaient sur une défaite 0-4 contre le Maroc. C'était presque un deuil national. C'était une catastrophe et on a ensuite construit pendant trois ans. On a beaucoup travaillé et on était tous récompensés avec cette belle représentation en Coupe du monde. Tout le monde a aimé. Et l'équipe d'Algérie a gagné beaucoup de sympathie pour son jeu. Par la suite, tout a disparu en très peu de temps». « En Russie, j'aimerais refaire le même parcours qu'avec l'Algérie » Sur ses ambitions avec la sélection du Japon pour le prochain Mondial, il dira : «La Coupe du monde est l'un de mes principaux objectifs. C'est la troisième équipe que je qualifie pour cette compétition en trois tentatives. C'est quand même une belle réussite. Je garde de très bons souvenirs du Mondial au Brésil avec l'Algérie. Et dans mon esprit, après la qualification pour la phase finale, j'aimerais bien qu'on réussisse la même chose avec la sélection du Japon». « Après mon départ de l'Algérie, j'ai refusé de grands clubs pour faire ensuite un choix bizarre » Et de conclure : «Après mon départ de l'Algérie, j'avais refusé des approches avec de grands clubs européens, en Angleterre, en Italie et en France notamment. Je leur avais dit que j'avais déjà donné ma parole à quelqu'un. J'avoue que, parfois, durant ma carrière, je n'ai pas toujours été très judicieux dans mes choix. Je peux même dire que je n'étais pas intelligent. C'étaient les amis des amis qui me poussaient, qui me disaient ''vas-y''. Je ne pense pas avoir toujours bien géré ma carrière. Il y a eu des choix curieux pour ne pas dire bizarres, comme celui d'aller à Trabzon».