En officialisant Yennayer, le Président Bouteflika fait de l'amazighité une composante essentielle de l'identité algérienne. Il inscrit le pays dans son ensemble dans ce qui est, historiquement et présentement, une réalité de sa dimension amazighe, neutralisant, ainsi, les tentations et les tentatives d'enclavement de la revendication identitaire, et sa politisation opportuniste pour des visées inavouées et inavouables. La réaction des Algériens ne s'est pas faite attendre. Elle reflète une réalité incontestable : la maturité d'un peuple qui sait la profondeur de ses racines et leur caractère amazigh, et qui est conscient également de la vocation de l'édifice identitaire à donner de la force à la nation pour mieux vivre le présent et pour aller vers l'avenir. Ce franchissement de cap historique dicte pourtant ses conduites, car toute évolution suppose des adaptations, dont autant les pouvoirs publics endossent la responsabilité que les tenants académiques et culturels du fait amazigh. Etant un symbole vivant de notre amazighité, Yennayer doit être débarrassé, à chaque révolution temporelle, de ses carcans folkloriques, car le folklore est au fait identitaire ce que le musée est à l'objet qu'il abrite, une sépulture civilisée. Car l'amazighité est identifiée, autant qu'elle est identité, comme un moteur de vie sociale, de créativité individuelle et de confortement collectif du besoin d'obtenir reconnaissance et de reconnaître les siens. Après ce premier Yennayer officiel, nous ne manquerons pas, même si nous sommes égaux à nous-mêmes, d'être différents, plus riches de ce recouvrement identitaire qui se passe dans la paix et la sérénité.