Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi a mis en avant, dimanche à Alger, l'importance d'étudier les expériences «réussies» à travers le monde en matière de protection et de préservation des villes habitées, classées patrimoine national, pour s'en inspirer dans la réhabilitation de la Casbah. A l'ouverture d'une conférence internationale sur la protection et la revitalisation de la Casbah, M. Mihoubi a affirmé que la volonté politique est «forte et clairement exprimée» pour la protection du patrimoine culturel, notamment la Casbah d'Alger dont la réhabilitation figure parmi les priorités du gouvernement et du premier ministre, insistant sur l'impératif d'impliquer la société civile. Le ministre a précisé que la réhabilitation des villes habitées classées patrimoine national «nécessite du temps», annonçant «la visite prochaine» de la nouvelle directrice de l'Organisation pour l'éducation, la science et la culture des Nations unies (Unesco), Audrey Azoulay à la Casbah et à d'autres sites algériens. Pour sa part, la chef de l'unité Etats arabes au centre du patrimoine mondial de l'Unesco, Nada Al Hassan, l'étude d'expériences «réussies» dans la protection des villes classées patrimoine permettra d'élaborer «une feuille de route solide dans le cadre du développement durable» pour revitaliser la Casbah d'Alger. Selon la même responsable, la «mise en valeur» de la ville historique de la Casbah «nécessite plusieurs années de travail». D'autre part, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelawahid Temmar a indiqué que la sauvegarde des villes et quartiers anciens «est au coeur de la stratégie» de son secteur en matière d'urbanisme, exprimant «son soutien» aux recommandations devant sanctionner cette conférence. Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh a affirmé dans une allocution que la restauration de la Casbah s'inscrivait dans le cadre du plan stratégique d'Alger (2015-2035), ajoutant que les travaux de réhabilitation de cette ville exigeait «du temps et de la patience». La wilaya d'Alger supervise l'opération de restauration et de réhabilitation de la ville de la Casbah, classée en 1992 patrimoine mondial, en vertu de la décision de transfert du dossier de la Casbah de la tutelle du ministère de la Culture à celle de la wilaya d'Alger, en 2017. Le ministère de la culture continue à assurer l'aide et le suivi technique à travers l'Agence de réalisation des grands projets culturels (ARPC), alors que la wilaya se charge de la gestion de ce dossier, conformément au plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d'Alger, adopté en 2012 par le gouvernement. Les travaux de cette conférence, organisée par le ministère de la culture, sous le slogan «la sauvegarde et la réhabilitation de la Casbah d'Alger, patrimoine mondial», en coordination avec l'Unesco, se poursuivront à travers l'organisation de plusieurs communications sur les expériences de différents pays en matière de sauvegarde du patrimoine. Une experte palestinienne parle de l'expérience d'El-Qods occupée L'experte palestinienne en préservation et revitalisation des villes historiques, Shadia Touqan, a présenté dimanche son expérience avec l'Organisation non gouvernementale «Taawon», une ONG qui oeuvre à la préservation du patrimoine culturel de la vieille ville d'El-Qods et à l'amélioration des conditions de vie de ses habitants. Dans son intervention intitulée «Revitalisation de la vieille ville d'El-Qods: défis et lutte pour la survie», l'experte a présenté un aperçu des activités de cette ONG qui a lancé en 1995 un programme d'urbanisation et de revitalisation de la vieille ville d'El-Qods ainsi que d'autres villes de la Cisjordanie. Créée en 1983 en Suisse, l'ONG «Taawon» dispose d'un programme qui vise à améliorer les conditions humaines et socio-économiques des habitants de la vieille ville et préserver le patrimoine humanitaire de cette ville, précise l'experte palestinienne. L'intervenante qui occupe actuellement le poste de Présidente du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial a ajouté que ce programme comprenait notamment la réhabilitation des habitations, le renforcement des infrastructures et la restauration des monuments historiques, et ce en collaboration avec des organismes locaux et différentes organisations culturelles. L'experte a souligné que ce programme peine à avancer en raison des interventions de l'occupation israélienne qui autorise les colons à détruire le patrimoine national palestinien, outre l'interdiction qu'elle impose à l'importation des matériaux de restauration. Mme Touqan a souligné également la destruction, par l'occupant Israélien, de plusieurs sites historiques au niveau de la vieille ville, affirmant que l'Unesco «ne peut pas accéder à El Qods pour évaluer cette situation qui perdure depuis 1998». Abordant le financement de l'ONG, M. Touqan a indiqué qu'il était constitué de «dotations fournies par des hommes d'affaires palestiniens ainsi que des organisations internationales, soulignant que l'ensemble des biens wakfs, islamiques et chrétiens, étaient «sous la supervision de la Jordanie avec l'accord de l'Organisation de libération de la Palestine». Inscrite en 1981 dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco à la demande de la Jordanie, la ville d'El-Qods a été réinscrite par le même pays dans la liste du patrimoine menacé avant d'être déclarée en 2017 par l'Unesco, comme faisant partie des territoires palestiniens occupés.