L'administration Trump a mis à exécution son chantage en versant moins de la moitié des 125 millions de dollars à l'UNRWA, sur les 125 attendus par cette organisation humanitaire de l'ONU. Les Etats-Unis ont décidé mardi de "geler" plus de la moitié de leurs versements prévus à l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Sur les 125 millions de dollars de contribution volontaire américaine escomptée par cette agence, l'UNRWA, pour 2018, Washington a confirmé l'octroi d'une "première tranche" de 60 millions pour payer notamment les salaires dans les écoles et le système de santé en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, a annoncé le département d'Etat américain. Ainsi, l'administration de Donald Trump a mis à exécution ses menaces dans un nouveau message de défiance à l'égard de l'ONU. C'est surtout un coup dur pour les Palestiniens. La diplomatie américaine, qui ne cesse de critiquer l'ONU depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump il y a un an, réclame de "revoir en profondeur la manière dont l'UNRWA fonctionne et son financement". Elle demande à d'autres pays de contribuer davantage, car les Etats-Unis ne veulent plus fournir à eux seuls 30% des fonds de cette agence. Pour débloquer la seconde tranche, il faudra donc que "des réformes soient engagées" afin "de faire en sorte que l'argent soit mieux dépensé", a prévenu le département d'Etat US. Priver l'UNRWA de ce montant "aura des conséquences dévastatrices pour les réfugiés palestiniens vulnérables au Moyen-Orient", a prévenu Jan Egeland, secrétaire général de l'organisation Norwegian Refugee Council. De son côté, le chef de l'agence onusienne, Pierre Krahenbuhl, a exprimé son inquiétude et appelé les autres membres de l'ONU à contribuer, soulignant que le montant était très inférieur aux 350 millions octroyés par les Etats-Unis en 2017. Il a notamment souligné que le gel par les Etats-Unis d'une partie du financement présenté à l'UNRWA aura des répercussions sur la sécurité régionale à un moment où les risques sont nombreux au Moyen-Orient. Il a aussi affirmé que le futur des étudiants, la sécurité et les soins de santé des millions de réfugiés en Palestine sont en danger. Même son de cloche chez le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui redoute une importante crise humanitaire. "Je suis très préoccupé et j'espère vivement qu'à la fin, les Etats-Unis pourront maintenir ce financement. Cette agence n'est pas une institution palestinienne, elle a été créée par l'ONU et elle fournit des services essentiels aux réfugiés palestiniens dans les territoires occupés, en Jordanie, en Syrie et au Liban. Et il y a aussi une préoccupation humanitaire sérieuse, et à mon avis c'est une opinion partagée par la plupart des observateurs internationaux, y compris les Israéliens. Si l'agence n'est pas en mesure de continuer à opérer, il y aura un très, très grave problème et nous ferons tout notre possible pour éviter que cela arrive", a averti le patron des Nations unies. Merzak Tigrine