Le conflit syrien prend une autre tournure et se complique davantage, après les raids meurtriers de la coalition sur des positions de l'armée syrienne et de ses soutiens dans la province de Deir Ezzor, et qui ont fait plus d'une centaine de morts. La passe d'armes entre les deux représentants au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU en dit long sur ce nouveau dérapage sur le terrain alors que les négociations de Sotchi ont laissé entrevoir une lueur d'espoir pour résoudre ce conflit qui a fait jusqu'à présent plus de 320 000 morts et plus d'un million de déplacés. L'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a qualifié d'«inadmissibles» et de «criminels» ces raids. Le diplomate a indiqué jeudi avoir émis une protestation à ce sujet dans la matinée lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire en Syrie. «C'était inadmissible quelles que soient les raisons avancées», a déclaré à des journalistes Vassily Nebenzia. Il a ajouté avoir dit aux Américains qu'ils étaient en Syrie illégalement. Ils n'y ont pas été invités», a-t-il ajouté. «Ils affirment qu'ils y combattent le terrorisme international mais on voit bien que cela va au-delà», a aussi déclaré le diplomate russe. «S'attaquer à ceux qui combattent le terrorisme international sur le terrain en Syrie est criminel», a-t-il insisté. Les Etats-Unis ont affirmé que leurs raids mercredi venaient en riposte à une attaque contre le quartier-général d'une coalition arabo-kurde soutenue par Washington. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité de l'ONU, la Syrie a souligné que «cette nouvelle agression constituait un crime de guerre et un crime contre l'humanité et confirmait la nature ignoble des intentions américaines à l'égard de la Syrie et de sa souveraineté». Face à ces développements, la trêve humanitaire d'un mois réclamée par l'ONU «n'est pas réaliste», a affirmé l'ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia. «Nous aimerions voir un cessez-le-feu, la fin de la guerre, mais les terroristes, je ne suis pas si sûr qu'ils soient d'accord», a déclaré le diplomate à des reporters à New York. Il s'exprimait alors que le Conseil de sécurité de l'ONU est réuni à huis clos pour évoquer la crise humanitaire. Plus au nord, l'intervention de l'armée turque en territoire syrien contre la milice kurde a suscité le courroux de Téhéran. Le président Hassan Rohani a appelé Ankara à respecter la souveraineté de la Syrie selon l'agence de presse Tasnim. «Le respect de l'indépendance et des frontières géographiques d'autres pays conduira à la promotion de la sécurité dans la région, et nous devons faire des efforts et prendre des mesures pour qu'aucun pays ne se sente menacé par ses voisins», a-t-il déclaré en présence du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Il a mis en garde contre ce qu'il a qualifié de tentatives de «modifier les frontières géographiques dans la région», y compris celles de la Syrie. Pour sa part, M. Cavusoglu a accusé les Etats-Unis de fomenter de nouveaux complots dans la région afin de saper les relations entre Ankara et Téhéran, mettant l'accent sur une coopération étroite pour contrecarrer ces projets.