Des pays membres de la coalition anti-djihadistes sont prêts à déployer quelque 1 500 hommes en Irak afin d'intensifier la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), désormais sur la défensive, selon le général américain James Terry. Avec le doublement du contingent américain en Irak et la multiplication des frappes aériennes de la coalition, l'envoi de nouveaux hommes vise à aider les forces irakiennes à regagner du terrain. Le déploiement de près 1 500 hommes a été décidé par des membres de la coalition, réunis les 2 et 3 décembre dans la région, a indiqué le général à Koweït. Il n'a pas précisé quels membres de la coalition, qui compte une soixantaine de pays, enverraient ces renforts, ni de quel type de personnel il s'agirait, mais a souligné qu'ils seraient là pour entraîner et aider les forces irakiennes. Nous sommes encore en train de travailler aux détails des contributions, a-t-il déclaré. Plus de 1 400 soldats américains sont déjà déployés en Irak, dont 600 conseillers militaires à Bagdad et Erbil, capitale du Kurdistan irakien, ainsi que 800 soldats qui assurent la sécurité de l'ambassade des Etats-Unis et de l'aéroport de Bagdad. Washington a annoncé début novembre l'envoi de 1 600 militaires supplémentaires pour entraîner et assister les forces irakiennes, y compris kurdes, dans la lutte contre le groupe djihadiste également actif en Syrie. Les membres de la coalition présents à la réunion ont par ailleurs créé un Commandement multinational interarmées (CMI), composé de militaires de plus de 30 pays, et placé sous l'autorité du général Terry.
Encore du chemin à faire Sur le terrain, la coalition a mené ces trois derniers jours 15 frappes en Syrie, dont 14 dans le secteur de Kobané, ville kurde située à la frontière turque et devenue le symbole de la résistance à l'EI. En Irak, les raids, au nombre de 31 en 72 heures, ont notamment visé des positions de l'EI près de Kirkouk, Sinjar et Mossoul, selon un communiqué du CMI. Avec plus de 1 200 frappes en Irak et Syrie depuis le début des opérations militaires, les djihadistes commencent à sentir la pression, a assuré M. Terry. L'EI commence avoir des difficultés en termes de mouvement, de communication, a-t-il ajouté, en jugeant que les djihadistes sont désormais sur la défensive. Le soutien, notamment aérien, de la coalition a permis aux forces de sécurité irakiennes de regagner du terrain, a déclaré pour sa part le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, lors d'une visite d'une base américaine au Koweït. Cela leur a donné un nouvel élan, de l'organisation, de la structure. Selon M. Terry, les forces irakiennes ont encore beaucoup de chemin à faire mais elles s'améliorent chaque jour. L'armée irakienne a connu une véritable débandade au début de l'offensive djihadiste, lancée le 9 juin dans le nord de l'Irak. Elle a ensuite longtemps piétiné, mais a dernièrement enregistré quelques succès notables, sans toutefois reprendre l'avantage. Les Etats-Unis ont débuté le 8 août leurs frappes en Irak, rejoints ensuite par la France, l'Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, le Danemark, la Belgique et les Pays-Bas. Les raids en Syrie ont débuté pour leur part le 23 septembre, avec la participation de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de Bahreïn. D'autres pays participent à la coalition en fournissant des armes, notamment aux autorités kurdes dans le nord de l'Irak, ou en partageant du renseignement.
Djihadistes occidentaux: l'UE veut agir avec la Turquie La lutte contre le groupe Etat islamique (EI) passe aussi par la Turquie. De passage dans ce pays, la cheffe de la diplomatie européenne a présenté sa stratégie pour endiguer le flux de combattants étrangers ralliant l'organisation en Irak et en Syrie. Les pays de l'Union européenne (UE) doivent coopérer plus étroitement sur ce dossier avec leurs partenaires comme la Turquie, a déclaré Federica Mogherini. La nouvelle Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune s'est exprimée à Ankara, lors d'une conférence de presse à l'issue d'entretiens avec les dirigeants turcs. Mme Mogherini a notamment rencontré le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Ahmet Davutoglu et le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Elle a appelé à s'attaquer au problème syrien "à la racine" pour trouver une solution.
Craintes européennes On estime à plusieurs milliers le nombre de ressortissants de pays de l'UE qui se sont rendus en Syrie et en Irak pour combattre aux côtés d'organisations comme l'EI. Pour bon nombre, ils ont transité par la Turquie, à qui certains reprochent de ne pas mieux contrôler ses 1 200 kilomètres de frontière commune avec ces deux pays. Les pays européens s'inquiètent de la possibilité d'attaques perpétrées sur leur sol par des citoyens européens rentrant dans leur pays après avoir combattu au sein d'organisations telles que l'EI.
Gel des combats à Alep? Mme Mogherini a par ailleurs exprimé son soutien à la mission de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura. Ce dernier a entamé ses discussions avec les rebelles syriens sur la mise en application d'un gel des combats à Alep entre forces du régime et insurgés. Ces pourparlers se déroulent à Gaziantep, ville turque proche de la frontière syrienne. Le 30 octobre, l'émissaire de l'ONU avait proposé d'instaurer des zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire dans ce pays déchiré par plus de trois ans de guerre. Il avait alors estimé qu'Alep pourrait être "une bonne candidate" pour ce type de zone.