Les raids américains ont fait jeudi dernier plus de 100 morts à Deir Ezzor «C'était de l'autodéfense», a déclaré le ministre US de la Défense Jim Mattis aux journalistes du Pentagone, pour, semble-t-il, «dédramatiser l'incident». «Nous ne sommes pas en train de nous engager dans la guerre civile syrienne»... «La raison du plus fort est toujours la meilleure». C'est ce que pensent les resoponsables américains qui ont balayé d'un revers de la main leur responsabilité dans les bombardements qui ont entraîné la mort de plus de 100 personnes dans la province de Deir Ezzor. Les frappes de la coalition internationale en Syrie contre des forces loyales au régime syrien qui avaient attaqué un QG des Forces démocratiques syriennes, une faction kurde alliée étaient purement de l'autodéfense, selon Jim Mattis, ministre américain de la Défense. «C'était de l'autodéfense», a déclaré M.Mattis aux journalistes du Pentagone, pour, semble-t-il, «dédramatiser l'incident». «Nous ne sommes pas en train de nous engager dans la guerre civile syrienne». Curieuse façon de voir les choses quand les raids de la coalition ont fait plusieurs milliers de victimes civiles au cours des deux dernières années. Ce nouveau carnage est tout juste «déroutant» aux yeux de M.Mathis, qui a donné sa version des frappes de la coalition dans la nuit de mercredi à jeudi près de Deir Ezzor, une zone où n'existent pratiquement plus des combattants du groupe Etat islamique, contrairement au prétexte avancé. «Pour une raison que j'ignore, des forces pro-syriennes -et vraiment je ne vois aucune explication à leurs actes- se sont dirigées vers des positions des Forces démocratiques syriennes où se trouvaient des soldats des forces spéciales américaines», a-t-il affirmé. Et ce serait parce que les forces pro-régime ««ont commencé à les bombarder à coups d'artillerie (alors que) des tanks se sont approchés»,que les bombardements ont eu lieu. M.Mathis n'a pas précisé le nombre de morts mais le Pentagone, qui avait parlé dans la nuit de «plus de 100 morts», s'abstenait le lendemain de confirmer ce chiffre. Le commandement américain a aussitôt contacté son homologue russe sur place pour éviter toute escalade, et «les Russes nous ont dit qu'ils n'avaient personne là-bas», a ajouté M. Mattis. Ces attaques se sont produites à moins de dix kilomètres à l'est d'une ligne de démarcation fixée par la Russie et les Etats-Unis le long de l'Euphrate, les forces russes opérant à l'ouest et les forces américaines à l'est. Le ministre américain a en outre déclaré ne pas savoir qui étaient les attaquants. «Nous savons que c'était des forces pro-régime. Mais (...) Iraniens, pro-Assad, Russes, mercenaires? Je ne peux pas vous le dire.» Ce modus vivendi sous-entendu n'a pas empêché l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, de qualifier jeudi d' «inadmissibles et de criminels» cet acte de la coalition dirigée par les Etats-Unis, tout en déposant une protestation lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire en Syrie. «C'était inadmissible quelles que soient les raisons avancées», a déclaré à la presse Vassily Nebenzia qui a rappelé à ses interlocuteurs américains qu'ils «étaient en Syrie illégalement. Ils n'y ont pas été invités». «Ils affirment qu'ils y combattent le terrorisme international, mais on voit bien que cela va au-delà», a également tenu à souligner le diplomate russe. «S'attaquer à ceux qui combattent le terrorisme international sur le terrain en Syrie est criminel», a-t-il, de ce fait, insisté même si les Etats-Unis ont affirmé que leurs raids étaient une riposte à une attaque contre le quartier-général des FDS alliées de Washington. La Syrie a adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité de l'ONU, dans laquelle elle a protesté contre «cette nouvelle agression (qui) constitue un crime de guerre et un crime contre l'humanité et confirme la nature ignoble des intentions américaines à l'égard de la Syrie et de sa souveraineté». C'est un fait que depuis 2014, les Etats-Unis et la coalition internationale qu'ils conduisent ont bombardé à maintes reprises les troupes du régime syrien, occasionnant la mort de plusieurs milliers de civils. Aussi, est-ce la raison pour laquelle la trêve d'un mois au minimum réclamée par l'ONU au motif de l'assistance humanitaire a été jugée «non réaliste» par l'ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia. «Nous aimerions voir un cessez-le-feu, la fin de la guerre, mais les terroristes, je ne suis pas si sûr qu'ils sont d'accord», a-t-il indiqué, sans autre précision.