Créée en 2008, la «Rentrée littéraire du Mali » est devenue aujourd'hui l'événement référence dédié à la promotion du livre et de la lecture au Mali. Pour fêter son dixième anniversaire, la manifestation propose cette année une édition exceptionnelle en présence de 150 auteurs pendant toute la semaine, jusqu'au 24 février. Et pour la première fois, des rencontres sont proposées non seulement à Bamako mais également à Tombouctou et Djenné, cités historiques du patrimoine. Après «Etonnants Voyageurs» , né de la collaboration entre l'écrivain malien Moussa Konaté, aujourd'hui décédé, et le Français Michel Le Bris qui, à plusieurs reprises, avaient organisé à Bamako un festival réunissant les écrivains de nos deux pays, la «Rentrée littéraire» s'inscrit dans une tradition d'ouverture sur le monde par le livre. Initié par Ibrahima Aya et Aida Mady Diallo avec le Fonds des prix littéraires du Mali, l'événement, qui à ses débuts était une biennale, donne désormais rendez-vous au grand public tous les mois de février. Son objectif est double : contribuer à l'amélioration de la filière du livre en Afrique en général, et au Mali en particulier, mais aussi célébrer la création littéraire du pays et faire dialoguer les auteurs maliens avec les auteurs africains et ceux des autres continents. Destinée au plus grand nombre, la «Rentrée littéraire du Mali» s'adresse particulièrement au jeune public, comme en témoignent les différentes animations prévues au sein de 25 lycées, 5 universités et 8 centres culturels, dont l'Institut français du Mali. Mais les professionnels sont aussi concernés avec des ateliers qui, face aux difficultés structurelles de l'édition au Mali, visent à valoriser les métiers du livre, et à lutter contre l'insuffisance des supports de diffusion. Une démarche qui a déjà porté ses fruits puisqu'en 2017, 36 nouveaux titres (essais et fiction) ont été publiés au Mali, contre 6 au début de l'aventure en 2008. «L'humanité est un lien» A l'occasion de ses 10 ans, la «Rentrée littéraire du Mali» a souhaité affirmer l'importance de son rôle avec une édition d'envergure, plus longue dans le temps, et davantage déployée dans l'espace. En effet, pour la première fois la manifestation dure une semaine et surtout, en plus de Bamako, se délocalise aussi dans les villes de Tombouctou et de Djenné. Une offre plus importante perceptible également dans la liste des invités. A commencer par ceux du pays même, car on compte plus d'une centaine d'auteurs maliens, dont Amidou Magassa, Aminata Dramane Traoré, Drissa Diakité, ou encore Ousmane Diarra, très connu aussi en France puisqu'il publie ses romans, dont le dernier «La route des clameurs» aux éditions Gallimard. A leurs côtés, une cinquantaine d'écrivains venus des cinq continents, parmi lesquels le Guinéen Tierno Monenembo, récemment couronné par le Grand prix de la francophonie de l'Académie française, le Togolais Sami Tchak, la Mauricienne Ananda Devi, la Canadienne Bibish Mumbu, ou encore l'Haïtienne Emmelie Prophète. Une programmation mondiale à l'image du thème, cette année «L'humanité est un lien». Citation d'un proverbe pour rappeler que les identités territoriales, les distances entre cultures devraient être abolies au profit d'un lien à tisser, un fil que tendent par essence les artistes et les créateurs. A ce titre des tables rondes, cafés littéraires et dédicaces sont organisés pour des rencontres nationales et internationales. Un festival pluriculturel La «Rentrée littéraire du Mali» est aussi une manifestation transversale. Théâtre, expositions, cinéma et hommages viennent compléter l'affiche. Avec, par exemple, la projection pour la première fois à Bamako du film «Wallay» de Berni Goldbalt, mais aussi des lectures publiques de textes par des comédiens, des concerts, des célébrations en l'honneur des grandes figures maliennes telles que Amadou Hampâté Bâ et Yambo Ouologuem entre autres. Et enfin, quatre expositions de photographies sont à découvrir : «Les 10 ans de la Rentrée littéraire du Mali», «Les auteurs du Mali», «Fleuves» et «Murs et frontières». Autant de passerelles entre les différents arts, de ponts avec la littérature qui montrent la vitalité de l'événement et la place importante de la culture et du livre au Mali. Un atout que les organisateurs, à la veille de la prochaine élection présidentielle, souhaitent encore valoriser pour les prochaines éditions.