Il a fait les beaux jours du NIAD, du MCA et de l'équipe nationale en tant que joueur avant de prendre en charge la sélection de basket-ball (messieurs). Faïd Bilal, c'est de lui qu'il s'agit dans cet entretien, est le seul sélectionneur algérien à avoir emmener le cinq algérien à un Mondial. C'était en 2002 à Indianapolis (Etats-Unis) après la finale de la Coupe d'Afrique des nations à Rabat (Maroc) de 2001. Il a écrit l'une des plus belles pages du basket-ball algérien, si ce n'est la plus belle, et cela, nul ne peut l'effacer. Son parcours l'a emmené aussi au Liban, aux Emirats arabes unis et au Maroc où il se trouve, une fois de plus. Nous l'avons rencontré juste avant son départ... La NR : on ne voit plus Faïd Billal sur les terrains de basket algérien, c'est quoi, un recul, un repos ? Faïd Billal : je dirais qu'après mes années passées au Groupement sportif des pétroliers (GSP) et ma retraite anticipée, prise à cause de la pratique que je ne cautionnais pas au sein de cette équipe. J'ai travaillé une année à Dubai (EAU) puis j'ai décidé de prendre une année sabbatique pour rester auprès de ma petite famille. Par la suite, j'ai décidé de partir à l'étranger car cela devient difficile de travailler en Algérie. Vous être reparti au Maroc pour une troisième fois ? Tout à fait, j'ai atterri, une fois de plus, au MAS de Fès qui évolue en division excellence. J'y suis jusqu'à la fin de la saison, on verra après. Et pour les objectifs ? Nous allons essayer de jouer les premiers rôles, c'est clair, et pourquoi pas détrôner l'équipe l'AS Salé. Revenons à votre carrière en Algérie, vous êtes jeune pour une retraite anticipée non ? Cette retraite anticipée, je ne l'ai pas prise sur un coup de tête. C'était réfléchi par rapport à certaines personnes et responsables du Royaume du GSP. Je suis un entraîneur connu pour son intégrité, dieu merci. Malheureusement, les choses ont tourné dans le mauvais sens, je ne pouvais plus continuer... On vous sent déçu par le comportement de certains responsables de votre club du cœur ? C'est plus que mon club de cœur. Avec Mohamed Djouad, Allah yerahmou, qui m'a confié la gestion de cette discipline du temps du Mouloudia d'Alger, il y avait avec moi, Cherabi Djamel qui était déjà en place et l'actuel secrétaire général Adjouri Djamel, c'est tout. Il n'y avait pas d'autres personnes autour de cette équipe. C'était le temps des disettes, personne n'accordait de l'importance à ce sport car occupé par le football. Par la suite, lorsque le basket-ball a grandi, des personnes du GSP ont commencé à s'intéresser au basket-ball puis ils se sont accaparés de la section. Apparemment, c'est un jouet entre leur main. Vous dites que vous ne voulez plus, du moins dans l'immédiat, travailler en Algérie car il n'y a pas de stabilité ou encore de reconnaissance ? J'ai travaillé dans trois pays, aux Emirats, au Liban et au Maroc. C'est dans ce dernier pays que je me sens chez moi, sportivement parlant. Vous venez de mentionnez le terme «reconnaissance». Je dois vous dire, avec amertume, que je suis mieux considéré au Maroc que chez moi, même par les médias. Revenons à la nouvelle équipe qui gère le basket-ball au GSP. Ces derniers temps, les résultats ne sont pas reluisants, en championnat local, africain et même arabe. Pourquoi selon vous ? C'est simple, cela est dû à la mauvaise gestion. Je le dis et l'assume. Les responsables justifient cela par une fin de cycle de cette équipe. Pourquoi alors n'ont-ils pas prévu cette fin de cycle ? Je vois qu'il y a un amalgame d'anciens et de jeunes joueurs, donc je ne vois pas une fin de cycle. Ici, je vais même défendre certains joueurs qui sont peut-être contre moi par rapport au besoin de leurs dirigeants. Il y a même une enveloppe assez conséquente qui est allouée à la section basket-ball qui est même supérieure à celle de la Fédération, c'est dire que les moyens ne manquent-ils pas ? Je dirais quatre fois plus que la Fédération. D'ailleurs, celle de la FAB est tellement minime que je me demande ce qu'elle va faire avec. Je dirais même qu'il y a des disciplines reines au GSP qui sont reléguées au second plan. C'est donc tout le club qui doit revoir sa gestion ? Je dirais qu'il faudrait être plus équitable entre la vitrine qui est la catégorie senior et les jeunes. Il faut voir dans quelle condition travaillent les jeunes et leurs entraîneurs. Ils n'ont même pas de terrain où s'entraîner. Vous parlez du GSP, comment ? Pas de terrain ? Les catégories jeunes sont délaissées. J'ai travaillé en tant que manager de ce club, donc de toutes les disciplines avant que l'on me retire les seniors dames. J'ai personnellement retiré mes propres enfants de ce club pour les envoyer à Birkhadem qui n'a pas le même niveau que le GSP, mais une meilleure organisation. Je suis content de voir mes enfants épanouis. Le sport d'une manière générale ne se porte pas bien en ce moment. Un commentaire ? Je vais vous parler du basket que je connais bien. Je dois avouer qu'il y a beaucoup de clubs qui n'ont pas les moyens. D'autres ont besoin de techniciens... Je vous cite mon cas, certains clubs qui n'ont pas de moyens ne veulent même pas essayer de me contacter car ils pensent que je suis inaccessible sur le plan financier. Je suis un basketteur amoureux de ce sport, je reviendrai un jour entraîneur d'un club en Algérie. Donc vous n'écartez pas un retour dans un club local ? Inch'Allah. Pourquoi pas. Je dis aux clubs de venir discuter avec moi. Je suis ouvert à toute discussion. Là, je dois éclaircir les choses, on m'a collé une mauvaise étiquette, je ne suis pas exigeant, je n'ai jamais eu de gros salaire en Algérie car j'étais agent de la Sonatrach, pas comme à l'étranger où j'avais un meilleur salaire, c'est évident. Je voulais aborder avec vous le sujet de la sélection, mais je préfère évoquer les techniciens capables de prendre en charge cette équipe, il en existe chez nous ou alors, devrions-nous en former ? Je dois dire que la formation est un grand problème. Mais, si on parle du basket algérien, on doit parler du GSP qui renferme les meilleurs joueurs d'Algérie. Donc s'il y a mauvaise gestion, cela ne peut que se répercuter sur la sélection nationale, c'est une évidence, comme cela peut donner un effet positif. Seulement, en ce moment, c'est tout à fait le contraire, il y a donc un effet négatif. Qui dit GSP, dit Sonatrach. Pensez-vous que cette dernière est au courant de ce qui se passe dans la section basket-ball ? Justement, je profite de l'occasion pour attirer l'attention des responsables de Sonatrach afin qu'ils aient un œil sur la gestion. Avec les moyens qui leur donnent, il y a cette régression flagrante et que tout le monde a constatée. Il faudrait bien que les gens de Sonatrach sachent ce qu'il se passe, ce qui ne va pas. Par rapport aux gens qui sont évincés par les sous-fifres du roi. Personnellement, je suis passé par toutes les étapes au Mouloudia, de joueur à entraîneur et manager, pour vous dire que je connais très bien la maison. Ces énergumènes sont même arrivés à me voir comme un intrus, alors que moi je suis un coach. Je suis entraîneur, et de ce fait, je me déplace pour voir les matches, même si je ne suis plus en fonction. On voit d'un mauvais œil le fait que j'aille voir le GSP. Vous avez pourtant beaucoup donné au club, en tant que joueur et technicien... Il me dénigre, je suis mal venu, même pour voir mon ancienne équipe. Mais vous étiez dans un passé récent, l'entraîneur de cette équipe, il y a seulement deux ans, avec ces mêmes joueurs et responsables ? Je suis parti suite à un désaccord avec ces responsables. Il y a eu de la magouille que j'ai refusée de cautionner. Le monde du basket-ball le sait, à partir de là, j'ai commencé à avoir de gros problèmes avec ces personnes. Vous les avez gênées dans leur bisness ? Non pas leur bisness, je dirais plutôt qu'il y avait de la malhonnêteté. Je voudrais revenir sur le fameux coach français engagé par le GSP alors qu'il n'avait pas les diplômes requis. Avez-vous une idée sur cette affaire ? C'est une bonne question. Je dois vous dire que c'est une preuve de bricolage car c'est une faute flagrante de gestion. Lorsqu'on ramène un coach étranger, on doit voir au préalable ses références. Sur quelle base l'a-t-on fait venir, sachant que c'est un entraîneur payé en devise ? C'est pourtant simple, on exige un CV avant de négocier avec un entraîneur. Je dirais plus, lors des derniers championnats africain et arabe, le GSP a ramené deux joueurs américains, l'un était moyen, le deuxième avait pris la place d'un international et n'a même pas été utilisé car les responsables se sont rendus compte, plus tard, qu'il n'avait pas de niveau. Il fallait remettre la liste des joueurs avant la compétition, on a retiré un joueur de 2,13 m qui est Touati Seddik pour le remplacer par un Américain sans niveau. Il y a donc un problème de gestion, mais où sont donc les anciens sportifs ? Où sont les anciens sportifs de toutes les disciplines, je me pose aussi la question. Je suis, apparemment, le dernier des mohicans. Les actuels responsables ont eu ce qu'ils voulaient en m'éliminant...