Le Théâtre régional d'Oran (TRO) a commémoré, hier, mercredi, le 24e anniversaire de la disparition du grand dramaturge, comédien et metteur en scène, Abdelkader Alloula, assassiné le 14 mars 1994. Cette journée commémorative, placée sous le slogan «Pour ne pas oublier», s'inscrit dans le travail de mémoire, dans lequel est investi le TRO toute l'année et qui vise à valoriser l'héritage culturel du 4e art, a souligné Mourad Senouci. Le programme de cette journée a débuté au Centre des enfants cancéreux de Misserghine, où l'artiste était totalement investi pendant des années, avec des animations de clowns et de marionnettes, en plus de la distribution de livres au profit des enfants hospitalisés. Au niveau du hall du théâtre, la projection de pièces théâtrales filmées de Alloula sur un écran plasma a été lancée en début d'après-midi et se poursuivra tout au long du mois de mars, a fait savoir le même responsable. Le café littéraire «Masrah Alloula» a accueilli, à la fin de l'après-midi, le peintre et écrivain Denis Martinez, qui a présenté l'ouvrage collectif consacré au parcours et à l'oeuvre de Abdelkader Alloula Alloula, 20 ans déjà, ainsi que sa dernière publication «A peine vécues», éditée en 2017. L'indémodable pièce de théâtre «Babor ghrak» revient sur la scène oranaise après plus de 30 ans, avec la participation des illustres figures du 4e art, Slimane Benaissa, Omar Guendouz et Mustapha Ayad. Ecrite et mise en scène en 1983, cette tragi-comédie de 100 minutes raconte l'histoire de trois rescapés d'un naufrage : l'intellectuel, l'affairiste et l'ouvrier. Elle sera présentée en début de soirée, au plus grand bonheur du public oranais. L'universitaire Mohamed Bensalah et le comédien Mohamed Haimour ont été les maîtres de cérémonie. A noter que des étudiants d'art dramatique, des universitaires, des jeunes du mouvement associatif, ainsi que la famille de Abdelkader Alloula ont été conviés à cette journée commémorative. Ouverte sur inscription via les réseaux sociaux, cette journée dédiée à Alloula, est un trait d'union avec les nouvelles générations, qui ont eu l'occasion de découvrir Alloula l'homme, son oeuvre et son parcours, à travers des témoignages de proches, d'amis et de collègues l'ayant connu et fait un bout de chemin avec lui. Né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet, Abdelkader Alloula commence le théâtre en 1956 avec la troupe Echabab après avoir fini ses études secondaires à Oran. En 1963, il intègre le Théâtre National Algérien (TNA) et participe à de nombreux spectacles. Il prend aussi des rôles de cinéma dans plusieurs films. Entre 1964 et 1968, il met en scène plusieurs textes d'auteurs contemporains dont Rouiched, Tewfik El Hakim, Gorki. Il écrit et met en scène pour le théâtre plusieurs œuvres et devient un des auteurs majeurs de sa génération en Algérie. En 1965, il participe à la création de l'Institut national d'art dramatique et chorégraphique (INADC) de Bordj El Kiffan. Entre 1972 et 1975, il dirige le Théâtre Régional d'Oran (TRO) qui porte désormais son nom, où il défend un théâtre amateur et des créations collectives. En 1990, il adapte pour la télévision de nombreuses nouvelles dont Lila Maâ Majnoun, Es Soltane Oual Guerbane, El Wissam, Echaâb Fak, El Wajeb el Watani (réalisateur Bachir Bérichi) et est également l'auteur de deux scénarios réalisés par Mohamed Ifticène, Gorinne en 1972 et Djalti en 1980. Il participe aux commentaires de deux films, Bouziane el Qual'i de Belkacem El Hadjadj 1983 et Combien je vous aime de Azzedine Meddour 1985. Abdelkader Alloula est assassiné le 10 mars 1994 à Oran, à la sortie de son domicile, rue de Mostaganem.