«Nous (les Etats-Unis d'Amérique) avons dépensé 2 billions de dollars, perdu des milliers de vies. De toute évidence, ce fut une erreur... George W. Bush a fait une erreur. Nous pouvons faire des erreurs. Mais celle-là fut toute une beauté. Nous n'aurions jamais dû aller en Irak. Nous avons déstabilisé le Moyen-Orient ... —Ils (Le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney) ont menti... Ils ont dit qu'il y avait des armes de destruction massive. Il n'y en avait pas. Et ils savaient qu'il n'y en avait pas. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive.» Donald Trump (1946), propos tenus au cours d'un débat présidentiel du parti républicain sur la chaîne CBS, le samedi 13 février, 2016. Et, comme si cela n'était pas assez sérieux, Donald Trump n'a pris aucune mesure pour éviter l'apparence et la réalité de conflits d'intérêts découlant de sa fonction, dont le moindre n'est pas celui d'un niveau de népotisme rarement vu à la Maison Blanche. Le système électoral américain favorise les républicains Premièrement, disons que c'est une des particularités du système démocratique américain qu'il arrive assez fréquemment que le candidat gagnant qui devient président reçoive moins de votes dans l'ensemble du pays que le candidat perdant. Il arrive même que le candidat perdant reçoive une majorité des votes et ne soit quand même pas élu. Cela s'est produit en 1876. En effet, ce n'est pas nécessairement le vote populaire qui fait en sorte d'élire le président américain, mais le vote de quelques centaines de «grands électeurs», choisis dans chacun des 50 états, selon le système du Collège électoral. Ce système est à l'avantage des candidats républicains et il défavorise les candidats démocrates, parce qu'il accorde moins de poids aux votes dans les états très peuplés qu'à ceux des états moins peuplés. À titre d'exemple, selon les résultats officiels de l'élection présidentielle de 2016, la candidate démocrate Hillary Clinton reçut 48,5 % des votes populaires (65 953 516 votes) mais ne reçut l'appui que de 232 «grands électeurs» sur un total de 538, ou 45,12 % de ces derniers. En contrepartie, le candidat républicain Donald Trump ne récolta que 46,09 % des votes nationaux (62 984 825 votes) mais 306 ou 56,9 % des «grands électeurs» votèrent en sa faveur. Et c'est Donald Trump qui devint président. Remarquez bien qu'en 2000, le candidat républicain George W. Bush avait aussi reçu un demi million de votes en moins que le candidat démocrate Al Gore, mais le système du Collège électoral fit en sorte d'élire quand même George W. Bush président. — En 1876 et en 1888, un résultat similaire fit en sorte que des candidats républicains furent élus président étasunien, tout en recevant moins de votes que les candidats démocrates. — On peut donc dire que le système du Collège électoral américain tend à favoriser les candidats républicains, lesquels sont habituellement plus conservateurs. Trump est égocentrique et autoritaire Côté personnel, l'actuel président américain Donald Trump ne semble pas avoir beaucoup de principes personnels. Il semble être égocentrique et il a tendance à tout ramener à sa personne : si quelqu'un ou quelque chose lui donne du plaisir, du prestige ou de l'argent, il est tout à fait pour. Aucun autre président étasunien avant lui n'a osé étaler publiquement ses sentiments et ses insultes gratuites à l'endroit d'autres personnes, et même ses politiques, sur un medium social comme Twitter, à tel point que Donald Trump a été qualifié de «Bambin en chef» ! C'est pourquoi Donald Trump est une personnalité politique très atypique, même pour les Etats-Unis, un pays où l'argent joue un rôle déterminant en politique. En tant que magnat de l'immobilier, propriétaire d'hôtels et de casinos, entre autres possessions, Trump a apporté dans ses bagages à la Maison Blanche l'éthique autoritaire que l'on retrouve dans certains coins sombres de cette industrie, une éthique de ploutocrate que l'on peut qualifier d'impitoyable. Habitué à diriger seul son empire immobilier, il était fort mal préparé pour être à la tête d'un gouvernement démocratique, lequel est, par définition, décentralisé. Cependant, son approche autoritaire semble plaire à ses supporteurs. En fait, Trump agit comme s'il était le représentant des durs-à-cuire à la Maison Blanche. Dans un nouveau livre intitulé «Comment les démocraties meurent», deux politologues (Steven Levitsky et Daniel Ziblatt de l'université de Harvard) ont identifié quatre facteurs qui permettent de déterminer si un leader politique est un autoritaire dangereux: Le leader montre seulement un faible engagement envers les règles démocratiques ; Il ou elle nie la légitimité des opposants ; Il ou elle tolère la violence ; Il ou elle montre une volonté de restreindre les libertés civiles ou la liberté des médias. Selon les auteurs, «un politicien qui répond même à l'un de ces critères devrait être une source de préoccupation.» Malheureusement, à leurs yeux, «Donald Trump les rencontre tous»! En ce qui a trait la violence, Trump n'a pas hésité à nommer une tortionnaire pour diriger le C.I.A. La torture est une pratique immorale qu'il a lui-même endossée dans le passé. Fondamentalement, Donald Trump est un démagogue sans aucun scrupule — étant à la fois populiste et autoritaire — le type de ceux qui sont devenus dictateur dans d'autres pays. Cela devrait être une source de préoccupation parce que depuis quelques temps déjà, les présidents américains ont étiré la loi afin de gouverner par ordonnance, c'est-à-dire, en émettant des décrets. Ils s'en ont servi notamment pour garder les Etats-Unis sur un pied de guerre permanent. Donald Trump a élargie cette pratique et l'a élevée à un nouveau niveau. En effet, au cours de sa première année au pouvoir, c'est pas moins de 58 décrets que le président Trump a émis, en plus de signer une trentaine de soi-disant «proclamations», sans qu'il y ait quelque contribution que ce soit venant du Congrès. Il est peut-être normal que certains chefs d'entreprise soutiennent le gouvernement de Donald Trump, surtout s'ils peuvent en retirer des avantages pécuniaires, (s'ils reçoivent, par exemple, d'énormes allégements fiscaux financés à même une hausse de la dette publique). Ce peut être aussi le cas de politiciens prêts à danser avec le diable si cela peut faire avancer leur carrière. Cependant, c'est une autre affaire lorsque Trump étend son culte de la personnalité aux fonctionnaires de carrière américains, lesquels sont censés être au service de la nation et doivent défendre la Constitution, et non pas être placés dans l'obligation de prêter allégeance à une personne qui siège temporairement à la Maison Blanche. On peut aussi trouver étrange que Donald Trump s'applaudisse lui-même. Cependant, quand il demande, d'une manière insistante, d'être applaudi quand il parle, qu'il dise ou non la vérité, et quand il va jusqu'à prétendre que ce serait «anti-américain» de ne point l'applaudir, cela devrait soulever quelques inquiétudes ! Par conséquent, on ne doit guère se surprendre que Trump suscite un certain dégoût aux Etats-Unis pour son caractère insupportable. En effet, les sondages montrent qu'une majorité d'Américains ne peuvent tout simplement pas le sentir. Il met même ses partisans dans l'embarras. Trump parle et agit comme un sociopathe qui aime rendre les gens misérables Ce serait presque amusant si ce n'était pas potentiellement si tragique. En effet, Trump est plus qu'un malappris qui ne respecte aucune règle de bienséance et qui ignore la logique. C'est aussi un politicien qui sent le besoin de se vanter continuellement et qui a besoin de constamment exagérer et de surestimer. En effet, aucun autre président américain avant lui ne peut l'égaler en tant qu'adepte de l'autocongratulation, car Trump maîtrise à la perfection l'art de se glorifier lui-même. Il semble souffrir d'une mégalomanie avancée. En fait, il est passé expert à se déclarer faussement un expert dans à peu près tout, en plus de se déclarer, à l'occasion, être un génie autoproclamé. Trump a aussi avoué qu'il aimait «rendre la vie des gens misérable», c'est-à-dire la vie des journalistes, des auteurs, de compétiteurs et de tous ceux qui tombent dans ses mauvaises grâces. Un exemple, parmi des centaines, sinon des milliers d'autres poursuites sans fondement, est sa poursuite-baillon, frivole mais très coûteuse, en perte de temps et d'argent, contre l'auteur Timothy O'Brien pour avoir écrit le livre «TrumpNation». Après avoir perdu en cour, Trump a déclaré au journal Washington Post : «Je l'ai fait pour rendre la vie d'O'Brien misérable, ce dont je suis fort heureux.» On conviendra que c'est là une pratique que seul un sadique très malveillant peut adopter, en violant ouvertement le droit du peuple d'avoir une presse libre et celui de tout citoyen ou citoyenne de pouvoir jouir de la liberté d'expression dans un pays démocratique. Trump est reconnu comme étant un menteur compulsif C'est aussi un fanfaron impétueux en plus d'être, comme de nombreuses allégations publiques le présentent, un obsédé sexuel. Il est aussi présumé être un prédateur sexuel en série qui aime dénigrer les femmes. L'ancien vice-président Joe Biden (1942-) n'a pas mâché ses mots, quand il s'adressait à un rassemblement anti-agression sexuelle, à l'Université de Miami, le mardi 20 mars dernier, disant aux étudiants ce qu'il pensait de Donald Trump et sa façon de traiter les femmes : «Si nous avions été au même lycée, je l'aurais emmené [Donald Trump] derrière la salle de gym et je l'aurais rossé pour son manque de respect envers les femmes.» Il est bien connu maintenant que Donald Trump est un menteur compulsif. Il semble craindre la vérité comme la peste. Fondamentalement, cela est du au fait qu'il est intellectuellement malhonnête. C'est sans doute la principale raison pour laquelle ses avocats s'opposent à ce qu'il témoigne seul et sous serment dans l'enquête du juge d'instruction extraordinaire Robert Mueller, sur sa prétendue collusion électorale avec la Russie. Dans ses déclarations publiques, cependant, Trump feint d'être disposé à se laisser interroger sous serment par Robert Mueller, déclarant : «Je suis impatient d'y participer, en effet» ; «et, je le ferai sous serment». — Cela est plus que douteux. — C'est probablement un autre exemple d'une mascarade de «bon flic-mauvais flic» de la part de Trump, parce qu'en réalité, il n'acceptera jamais d'être interrogé sous serment, sans la présence de ses avocats, et il blâmera à coup sûr ses avocats pour une autre de ses voltefaces. (A suivre...) Professeur Rodrigue Tremblay