Je tiens d'abord à remercier vivement Mr le ministre de l'Energie et le P-DG de Sonatrach pour cette aimable invitation. Permettez- moi de me recueillir à la mémoire de nos martyrs lors du crash d'avion à Boufarik et je présente mes condoléances les plus attristées à son Excellence Mr le Président de la République, ministre de la Défense nationale, à Mr le vice- ministre de la Défense nationale chef d'état major de l'ANP et à toute leur famille et proches. Cette contribution à l'occasion des 11es journées du JST de Sonatrach -Oran du 16 au 19 avril 2018 sous le Haut parrainage de son Excellence, Monsieur le Président de la République rentre dans le prolongement de mes trois interventions des liens entre sécurité et développement, la première le 12 mai 2015, la première à l'invitation de Mr le directeur général de la Sûreté nationale à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf Alger sur l'évolution du prix du pétrole face aux mutations mondiales, la seconde à l'invitation du ministère de la Défense nationale Imped le 27 mars 2018 sur la sécurité et le trafic des frontières sous le patronage de Mr le vice- ministre de la Défense nationale, chef d'état major de l'ANP le 27 mars 2018 et la troisième le 01 avril 2018 sur la sécurité alimentaire, de l'eau et la sécurité énergique à la salle des conventions sous le haut patronage de son Excellence Mr le Président de la République. Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach, sa gestion et son devenir posant la problématique de la sécurité nationale. La transition pouvant être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu onéreuse, à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock, le développement des énergies flux inépuisables. D'une manière générale, l'énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité allant parfois à provoquer des guerres. Les avancées techniques (Gnl-gaz naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d'exploitation de gisements d'hydrocarbures, énergies renouvelables) couplées aux dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux. Après avoir analysé les principaux déterminants du prix du pétrole, interdépendants, à la hausse ou à la baisse, je recenserai sept axes directeurs pour la transition énergétique de l'Algérie. I-Les dix facteurs déterminants interdépendants des cours du pétrole 2018/2020/2030 Le cours du pétrole a été coté le 19 avril 2018 à 74,11 dollars le Brent et à 68,78 dollars le Wit, encore que 33% des recettes de l'Algérie proviennent du gaz naturel dont le cours fluctue entre 2,60 et 2,70 dollars le MBTU ( en nette baisse par rapport à avril 2017 ) est déconnecté vis à vis du pétrole. Il existe huit raisons interdépendantes qui fixeront son cours futur soit à la hausse soit à la baisse. - La première raison, sont les tensions géostratégiques au Moyen- Orient notamment en Syrie, notamment avec l'attaque de la coalition USA-France-Grande -Bretagne le discours du président américain vis-à-vis de l'Accord avec l'Iran, certes atténué par la position européenne.que le monde connait un froid inégalé accroissant la demande. -La deuxième raison, comme vient de le souligner le rapport de janvier 2018 de la Banque mondiale est une reprise de la croissance pour 2018, mais avec une prévision de ralentissement pour 2019 sans réformes, de l'économie mondiale en Europe, USA et notamment de la Chine et de l'Inde, mais devant être attentif aux mutations du mode de croissance. Pour le cas Algérie c'est la décision du gouvernement de relancer la dépense publique, notamment dans le Btph -infrastructures qui a fait que la BM a révisé à la hausse le taux de croissance de l'Algérie, donc une action conjoncturelle fonction des recettes de Sonatrach et de la maîtrise ou pas du financement non conventionnel.. -La troisième raison, est le respect, globalement, du quota des membres de l'Opep décidé en décembre 2016 à Vienne avec des perspectives de reconduction de l'accord, notamment de l'Arabie saoudite qui représente 33% du quota Opep, l'Opep dans sa totalité représentant 33% de la commercialisation mondiale, 67% se faisant hors Opep, l'introduction du pétrole-gaz schistes américain ayant bouleversé toute la carté énergétique mondiale. Selon les observateurs internationaux, le cours souhaitable ne devrait pas dépasser 70 dollars afin d'éviter l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables à un cours supérieur à 60 dollars, inondant ainsi le marché. L'AIE vient de faire savoir en ce mois de janvier 2018, que pour 2018, la production américaine si le cours se maintient supérieur à 60 dollars dépasserait pour la première fois la production de l'Arabie saoudite. -La quatrième raison, est l'entente hors Opep entre l'Arabie saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril/ jour. -La cinquième raison, est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l'action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d'actions d'une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l'action à un niveau élevé, vente qui a été reportée. -La sixième raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500 000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria. -La septième raison, est la faiblesse du dollar par rapport à l'euro (1,2367 dollar un euro). -La huitième raison est la baisse des stocks américains, une baisse relative de la production US, avec une reprise annoncée durant le premier semestre 2018. II-Les sept axes de la transition énergétique de l'Algérie 2018/2020/2030 1.-Le premier axe, consiste à améliorer l'efficacité énergétique afin d'économiser, en s'appuyant sur les nouvelles techniques, la consommation d'énergie tant au niveau des ménages que du secteur économique. La plus grande réserve de gaz et de pétrole pour l'Algérie, ce sont les économies d'énergie pouvant aller à 15/20%. Cela implique de revoir notamment les politiques actuelles désuètes de l'habitat et du transport et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées source de gaspillage et de fuites de produits hors des frontières. Je préconise au niveau du Premier ministre, en relation avec le ministre des finances, de la création une Chambre nationale de compensation afin de cibler les subventions destinées aux couches les plus défavorisées et aux secteurs qu'on voudrait encourager d'une manière transitoire. Ceci suppose la mise en place d'un système d'information en temps réel performant. Si on reste au niveau des prix subventionnés actuels (à peine entre 5/ 10 % du prix international selon les utilisateurs, ménages ou opérateurs), la consommation intérieure en 2030 sera l'équivalent et plus des exportations actuelles, environ 60 milliards de mètres cubes gazeux. Il est manifestement impossible de continuer à cette allure. Comment ne pas rappeler que chaque année, les entreprises d'extraction d'énergies fossiles du monde entier reçoivent 4 740 milliards d'euros de subventions publiques, soit près de 167 000 € par seconde (compteur), soit selon le FMI lors de la COP 21 plus de 5 000 milliards de dollars, donc une concurrence déloyale vis-à-vis des autres sources d'énergie. 2.-Le deuxième axe, est l'investissement dans l'amont pour les hydrocarbures traditionnels. Il faut être réaliste, l'Algérie sera fortement dépendante du cours des hydrocarbures, encore au moins sept à dix années, sous réserve que la production hors hydrocarbures prennent la relève horizon 2025/2030, nécessitant un nouveau management stratégique 2020/2030 de Sonatrach qui reste avec ses filiales la propriété de l'Etat à 100% (n'étant nullement question de la privatiser). Il faut reconnaitre le dynamisme de l'actuelle équipe dirigeante pour y faire face. (A suivre)