Le Front Polisario a procédé à Tifariti (territoires sahraouis libérés) à la destruction d'un important stock de mines anti-personnel sous la supervision du programme des Nations unies anti-mines (Unmas) et conformément à la Convention de Genève. La cérémonie de déminage a eu lieu lundi en marge des festivités de commémoration du 45e anniversaire du déclenchement de la lutte sahraouie armée, en présence du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, ainsi que d'une importante délégation composée d'ambassadeurs, de diplomates et de représentants d'organisations de la société civile. Il s'agit de la septième opération du genre, consistant cette fois-ci à la destruction d'une quantité de 2500 mines antipersonnel, et ce conformément à un programme élaboré depuis plus d'une décennie. Signataire de la Convention de Genève sur l'interdiction de mines antipersonnel, le Front Polisario a inscrit cette action dans le cadre d'»un objectif humanitaire et civilisationnel», a indiqué le ministre de la Défense nationale sahraoui, Abdellah Lahbib, regrettant le fait que les enfants du peuple sahraoui continuent à tomber en victimes des mines semées par l'occupant marocain. M.Lahbib a rappelé que l'Etat sahraoui a détruit 17500 mines depuis 2006, après l'adhésion en 2005 du Front Polisario à la convention de Genève. «Cette opération de déminage sera clôturée en novembre prochain par la destruction totale des mines antipersonnel en possession du Front Polisario», a également annoncé le responsable militaire, soulignant que ce travail est «le fruit d'un long processus mené par le Front Polisario avec le soutien des organisations internationales». Rappelant que les territoires sahraouis occupés sont considérés comme «la région la plus polluée par les mines dans le monde», le ministre sahraoui de la Défense a invité «le Maroc a adhéré à la Convention de Genève et a procéder au déminage de toutes les régions sahraouies occupées, notamment tout au long du mur de la honte qui empêche les Sahraouis à se rendre librement dans les villes sahraouies occupées par les forces marocaines». Engagement dans le programme de destruction des mines De son côté, la responsable de la région Afrique de la Convention de Genève, Catherine Hiltzer, a félicité le Front Polisario pour «son engagement à détruire son stock de mines anti-personnel, malgré, a-t-elle reconnu, l'impasse politique actuelle». Pour la responsable de la Convention, «le Front Polisario a montré à travers la destruction de son stock de mines, sa volonté de respecter la communauté internationale et d'appuyer tous les efforts visant à éliminer totalement ce type d'armes dans le monde». Saluant le travail accompli par le Bureau sahraoui de coordination des actions anti-mines (SMACO), créé en 2013, et par l'ONG britannique Action On Armed Violence (Action contre la violence armée) qui a joué, selon elle, un rôle important en la matière, en nettoyant des milliers de kilomètres de ces armes, Mme Hiltzer a indiqué que plus de 50 000 Sahraouis ont été ciblés par la campagne de sensibilisation sur les dangers des mines antipersonnel. Le nombre de victimes sahraouies des mines antipersonnel s'élève, a-t-elle fait savoir également, à des centaines de Sahraouis, affirmant que «vingt-cinq ans après le cessez-le-feu entre le Front Polisario et le Maroc, des personnes sahraouies décèdent encore à cause des mines antipersonnel». «En 2017, nous avons enregistré 17 décès dus aux mines antipersonnel», a-t-elle déploré, estimant que le moment est venu pour que le Maroc adhère à l'appel de Genève et procèdera à la destruction de son stock de mines. Le Maroc a toujours refusé d'adhérer aux Conventions internationales d'interdiction des mines à l'instar de la convention de Genève. L'occupant marocain a miné toutes les zones fréquentées par les Sahraouis. Selon les Nations unies, une superficie de 100.000 km2 des territoires sahraouis occupés a été affectée par les mines et les munitions non explosés, faisant du Sahara occidental occupé parmi les dix pays les plus minés dans le monde. Selon les experts et les observateurs internationaux, quelque 7,5 à 9 millions de mines sont implantées le long du «mur de la honte» érigé par l'occupant marocain pour séparer les populations sahraouies. Le peuple sahraoui a édifié un Etat et oeuvre à parachever sa souveraineté sur l'ensemble de ses territoires L'ambassadeur de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) à Alger, Abdelkader Taleb Omar a affirmé, mercredi, que les Sahraouis avaient réalisé de grands acquis, à travers «l'édification d'un Etat fort et opérationnel sur les plans administratif, judiciaire, législatif et politique» et poursuivaient la bataille du parachèvement de sa souveraineté sur l'ensemble de ses territoires occupés. Sous occupation marocaine depuis 42 ans, le peuple sahraoui, persécuté, contraint à l'exode et au statut de réfugié, «n'est pas resté passif», a déclaré à l'APS M. Taleb Omar, indiquant qu'au contraire, il a proclamé son Etat et veillé à l'édification d'institutions étatiques fortes, partant du pouvoir exécutif (gouvernement) et des institutions et établissements répartis à travers les wilayas, daïras et circonscriptions administratives, prodiguant des services en matière d'éducation, de santé, de justice et d'autres, dans des conditions difficiles. Les institutions de l'Etat sahraoui englobe un pouvoir législatif, à savoir son parlement, qui tient des réunions périodiques, contrôle l'action du gouvernement et exerce à travers des législatures, au sein duquel les représentants de toutes les franges de la société sahraouie sont élus, outre un pouvoir judiciaire englobant des tribunaux, le ministère public, des magistrats, des avocats, ainsi qu'une armée populaire assurant la protection et la sécurité et d'autres institutions gérées par des cadres sahraouis», a-t-il rappelé. Apres le retrait de l'armée espagnole, le territoire ne comptait pas de diplômés universitaires, ni de cadres supérieurs ou de spécialistes, mais «aujourd'hui, l'Etat sahraoui recèle des spécialistes, des diplômés des instituts universitaires et des cadres d'Etat dans différentes spécialités, tant à l'intérieur des territoires sahraouis libérés qu'à l'étranger», a soutenu le diplomate sahraoui. M.Taleb Omar a tenu à souligner que le Front Polisario comptait des personnalités et des responsables, à travers les continents et au sein des organisations internationales, dont des représentants et des ambassadeurs, outre les autres composantes de l'Etat sahraoui, en attendant la libération totale des territoires sahraouis. «Il y a environ un tiers des territoires sahraouis qui sont libérés dont l'occupant marocain nie l'existence, mais qui existent réellement depuis le cessez-le-feu de 1991», a-t-il indiqué. «L'Etat sahraoui a considérablement consolidé ces acquis aujourd'hui, grâce à la reconnaissance internationale arrachée du droit de son peuple à l'autodétermination et à l'indépendance», à travers un mouvement international de solidarité en Afrique, en Amérique Latine, en Europe et en Asie, soutenant la légitimité de l'Etat sahraoui, outre le soutien dont jouit la cause auprès de l'ONU, sur la base du droit international», a indiqué le diplomate sahraoui. «La cause sahraouie, forte de soutien et d'appui, est une cause claire et évidente sur les plans légal, humanitaire, politique et judicaire», constituant, ainsi, «un capital solide» pour l'édification des fondements de l'Etat sahraoui, a ajouté l'ambassadeur.