La Cour suprême de l'Inde se dit prête à «fermer» et même à «démolir» le Palais de l'amour d'Agra si le gouvernement de l'Uttar Pradesh n'agit pas contre sa dégradation. Le bâtiment de marbre blanc change de couleur à cause des nuisances. L'Etat est prié de le restaurer au plus vite. Le Palais de l'amour est menacé de fermeture. La Cour suprême de l'Inde a demandé au gouvernement au début du mois de juillet de rénover le monument de marbre blanc. La bâtisse a viré au jaune et au marron à cause de la pollution atmosphérique et des excréments d'insectes. «Soit on ferme ou on démolit le Taj Mahal, soit vous le restaurez», ont mis en garde deux juges. Le Taj Mahal a été construit au XVIIe siècle par l'empereur Shah Jahan qui voulait un mausolée pour sa femme, Mumtaz Mahal. Le site, référencé au patrimoine mondial de l'Unesco, se situe à Agra, une ville à 270 km au sud-est de New Delhi. En mai dernier, la Cour suprême a demandé au ministre de l'Environnement, Mahesh Sharma, une expertise sur l'état du Taj Mahal. Les juges ont expliqué à l'Indian Express que l'Etat de l'Uttar Pradesh, qui gère le monument, n'a pas agi dans ce sens. «Cela ne dérange pas le gouvernement. Aucun plan d'action ne nous est encore parvenu», déplorent-ils. De son côté, le gouvernement affirme avoir déjà fermé plusieurs usines proches du Taj Mahal et aurait ordonné à l'Archeological Survey of India (ASI), qui a pour objectif de protéger les monuments nationaux, de trouver une solution pour préserver l'édifice. Sans action concrète de la part des autorités d'ici le 31 juillet, la Cour suprême prendra une décision. Un monument en péril depuis quarante ans La dégradation du Taj Mahal aurait commencé il y a quarante ans. Plusieurs rapports ont été publiés pour alerter le gouvernement, en vain. La Cour suprême a diffusé en 1996 un arrêt de 22 mesures à appliquer pour sauver le monument, dont le déménagement des usines polluantes et la construction d'un périphérique pour détourner le trafic du centre-ville d'Agra. Aucune n'a semble-t-il été appliquée. Des rénovations sont en cours depuis quatre ans et ne sont pas près de s'arrêter. Des archéologues s'inquiètent que le poids des échafaudages n'endommage davantage la structure du bâtiment. Les fondations du Taj Mahal seraient affaiblies à cause de l'abaissement de la rivière Yamuna qui le contourne. Des taches vertes se sont déclarées il y a deux ans sur les murs du monument. L'avocat et écologiste Mahesh Chandra Mehta a saisi la Cour suprême le 1er mai face aux autorités qui se désintéressent du problème et blâment les algues. «C'est de la négligence pure et simple», affirme-t-il. Ces salissures seraient selon lui des traces d'excréments d'un insecte qui vit et se reproduit dans le Yamuna. La pollution ne serait pas le seul danger pour la survie du Taj Mahal. Le nombre grandissant des visiteurs mettrait en péril ses fondations. La coupole serait décentrée à cause du poids de ces millions de touristes. En janvier dernier, le gouvernement indien a décidé de limiter le nombre d'entrées à 40.000 par jour, mais seulement pour les visiteurs indiens. Ses derniers mois, le Taj Mahal accueille quotidiennement le week-end près de 70.000 personnes. Le guide touristique Fodor's Travel conseille aux touristes d'éviter de s'y arrêter jusqu'en 2019.