Les Palestiniens ont condamné samedi la décision américaine d'abandonner tout financement de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (UNRWA), dont l'aide à des millions de personnes se retrouve en péril. Vendredi, les Etats-Unis, qui étaient de loin les plus grands contributeurs, ont annoncé qu'ils cessaient leur financement à l'UNRWA, aux activités qualifiées d' «irrémédiablement biaisées» par le département d'Etat. Pour une responsable de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, la dernière décision américaine est «cruelle et irresponsable». «Les réfugiés palestiniens sont déjà des victimes qui ont perdu leurs maisons, leurs moyens de subsistance et leur sécurité du fait de la création d'Israël», a-t-elle dit dans un communiqué. «Une fois encore, ils sont la cible de l'administration américaine qui soutient Israël et ses dizaines d'années d'occupation». Pour l'ex-négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, la décision américaine invalide des négociations futures en «préjugeant» des questions censées être examinées. Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina a dit que M. Abbas envisageait de contester cette décision à l'ONU, sans autre précision. L'UNRWA aide plus de trois millions de Palestiniens sur les cinq millions enregistrés comme réfugiés, notamment à travers ses écoles et ses centres de santé, dans les territoires palestiniens mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie. Craignant un manque de fonds, l'agence avait un temps évoqué devoir fermer de façon permanente les plus de 700 écoles qu'elle gère, après des fermetures temporaires. Mahmoud Moubarak, directeur des comités populaires en charge des 19 camps de réfugiés en Cisjordanie occupée, accueillant environ 500 000 Palestiniens, a mis en garde contre des «répercussions très graves». Dans la bande de Ghaza, enclave surpeuplée sous blocus israélien où la plupart des enfants fréquentent les écoles de l'UNRWA, plusieurs Palestiniens ont exprimé leurs craintes. «S'ils arrêtent complètement leur aide, cela aura un impact majeur sur nos enfants», a déploré Abou Mohammed Houweila, 40 ans, du camp de Jabaliya. Pour ce père de neuf enfants ayant obtenu leur diplôme dans des écoles de l'UNRWA ou encore scolarisés, «les gens n'ont pas les moyens d'acheter des sacs d'école et des livres». «Priver les réfugiés des services de l'UNRWA va aggraver les sentiments de désespoir et exacerber les tensions», a dit de son côté le chef de la diplomatie jordanienne Aymane Safadi, en mettant en garde contre un «véritable danger". Et l'Union européenne a appelé Washington à reconsidérer sa "décision regrettable». Pour le porte-parole de l'UNRWA, Chris Gunness, «les gens vont devenir plus désespérés et marginalisés». Il a mis en garde contre des «conséquences dramatiques et imprévisibles» après avoir averti mercredi que l'agence «n'aura plus un sou» d'ici fin septembre.