Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, est intervenu, samedi à Bali (Indonésie), devant le Comité monétaire et financier international (CMFI), au nom de sept pays à savoir l'Afghanistan, l'Algérie, le Ghana, l'Iran, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie. Il a évoqué les tensions commerciales qui vont peser sur la croissance mondiale et qui risquent d'éroder les avancées considérables d'intégration de l'économie mondiale réalisées sur plusieurs années. «La fenêtre d'opportunités offerte par la reprise économique semble, ainsi, se dissiper à un moment où les risques qui pèsent sur les perspectives s'accentuent», a indiqué le gouverneur de la BA, cité par l'APS. Le resserrement des conditions financières, la tendance haussière des coûts de l'emprunt, ainsi que l'accentuation des tensions géopolitiques sont autant de facteurs qui posent davantage de risques sur les perspectives économiques mondiales, a-t-il expliqué. S'y ajoute, a-t-il fait remarquer, la migration forcée pour raisons politiques et économiques qui a créé des défis économiques et sociaux aussi bien aux pays d'origine qu'aux pays récipients et ceux de transit. Selon les prévisions présentées par le gouverneur, la reprise dans les économies avancées, à l'exception des Etats-Unis, a gagné en maturité et la croissance devrait, en 2019, atteindre son potentiel, alors que la croissance globale dans les économies émergentes et les pays en développement devrait rester solide et continuer à soutenir la croissance mondiale malgré le ralentissement attendu en Chine. Pour autant, le gouverneur a abordé l'Agenda global de politiques (AGP) de la directrice générale du FMI, soulignant que son plan d'actions pour assister les pays membres, à travers des conseils bien calibrés afin d'ancrer une croissance plus forte, plus inclusive et plus riche en emplois, en contexte de stabilité macroéconomique, était bienvenu. Le gouverneur a également salué le renforcement du soutien du FMI aux pays fragiles et ceux affectés par les conflits ainsi que la reconnaissance de la nécessité d'aider les pays en développement à atteindre les Objectifs de développement durable. Le gouverneur a appelé à davantage d'efforts pour l'achèvement, à temps pour les assemblées annuelles de 2019, de la quinzième revue générale des quotes-parts, incluant un accord sur une nouvelle formule de calcul des quotes-parts, avec l'objectif de maintenir les ressources totales du Fonds autour de leur niveau actuel. Le réalignement doit aussi protéger les voix et la représentativité des pays éligibles au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, ainsi que celles des petits pays en développement, selon le gouverneur. Mohamed Loukal a fait état des défis auxquels font face les pays émergents et en développement, en soulignant que «les plus immédiats consistent à se préserver de tout revirement des flux de capitaux et de se protéger des effets de contagion». Il estime que le renforcement du potentiel de croissance et de l'emploi dans les pays émergents et en développement passe par la rationalisation des règlementations, l'amélioration de la compétitivité et l'accroissement de l'investissement dans l'infrastructure et le capital humain. Concernant les pays exportateurs de pétrole dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, le gouverneur de la Banque d'Algérie relève qu'ils s'attellent à diversifier leurs économies, reconstruire leurs coussins de sécurité et créer des emplois, notamment pour les jeunes, à travers des réformes du marché du travail. Mais, reconnaît-il, beaucoup reste à faire. Quant aux pays importateurs de pétrole dans la région, ils orientent leurs efforts vers le maintien d'un rythme de croissance satisfaisant, en tenant compte de l'impact de la reprise des prix du pétrole.