Les autorités saoudiennes n'ont pas autorisé les enquêteurs turcs à fouiller un puits situé dans le jardin du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, scène du meurtre du journaliste saoudien, a rapporté l'agence de presse étatique turque Anadolu. Les policiers turcs, qui ont effectué deux perquisitions dans le consulat général d'Arabie saoudite depuis le meurtre de Jamal Khashoggi, le 2 octobre, n'ont pas reçu la permission de fouiller le jardin de la mission diplomatique et le puits qui s'y trouve, selon Anadolu. Cette nouvelle «fuite» dans la presse turque survient alors que les autorités s'efforcent de retrouver le corps de Khashoggi. Le président Recep Tayyip Erdogan, qui parle d'un meurtre soigneusement «planifié», a déclaré mardi que des agents saoudiens avaient effectué des repérages dans une forêt près d'Istanbul et une ville du nord-ouest, suggérant qu'ils cherchaient un lieu où cacher le corps. Les enquêteurs turcs ont par ailleurs fouillé, mardi, un véhicule portant une plaque diplomatique saoudienne retrouvé dans un parking d'Istanbul. Le président américain, Donald Trump, a dénoncé l'opération de dissimulation des Saoudiens dans le meurtre de Jamal Khashoggi, qualifiée de «fiasco total», et les États-Unis ont engagé la révocation des visas des Saoudiens impliqués, tout comme Londres. Donald Trump a affirmé que le prince héritier, avec qui il a dit avoir échangé, lundi, lui avait assuré ne pas être impliqué dans le meurtre du journaliste. «Il a fermement dit qu'il n'avait rien à voir avec cela, c'était à un niveau inférieur», a déclaré le président américain lors d'une réunion avec des chefs militaires. L'annulation des visas, première décision concrète annoncée par Washington et Londres à l'encontre de l'allié saoudien, vise 21 personnes, qui se voient révoquer leur visa ou interdits d'en demander un. «Ces sanctions ne seront pas le dernier mot des États-Unis sur ce dossier», a averti le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'expression, David Kaye, a demandé une enquête internationale sur «l'assassinat manifeste» de Jamal Khashoggi. «J'ai été très déçu de voir que cet appel n'a pas encore été pris en compte par les Etats», a déclaré le rapporteur dans un entretien à ONU Info. «J'engage vivement tous les gouvernements à réagir non seulement dans le contexte du 2 novembre, pour mettre fin à l'impunité des crimes contre les journalistes, mais également dans le contexte actuel où les journalistes sont attaqués», a-t-il ajouté. David Kaye a suggéré la création d'un organe indépendant composé de cinq personnes au maximum, qui pourrait «évaluer les informations que les autorités turques ont secrètement communiquées à la presse au cours des dernières semaines».