L'Arabie saoudite a rejeté hier la demande d'Ankara d'extrader 18 Saoudiens accusés d'avoir assassiné le journaliste Jamal Khashoggi, Washington prévenant Ryad que la crise déstabilise le Proche-Orient. «Sur la question de l'extradition, ces individus sont des citoyens saoudiens. Ils sont détenus en Arabie saoudite, l'enquête est menée en Arabie saoudite et ils seront poursuivis en Arabie saoudite», a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, lors d'une conférence sur la sécurité à Manama. Il oppose ainsi une fin de non-recevoir à la Turquie qui réclame que les 18 suspects soient extradés pour être jugés sur son sol. Par ailleurs, le ministre américain de la Défense a prévenu hier l'Arabie saoudite que le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi «doit tous nous inquiéter grandement», car il affecte la sécurité dans la région et la «confiance» et le «respect» des Etats-Unis pour leur allié saoudien. Jim Mattis, qui s'exprimait au cours d'une conférence régionale à Bahreïn, aux portes du royaume saoudien, a souligné que «quand les voix de l'opposition peuvent être entendues (...) une nation devient plus sûre». «Si l'on garde à l'esprit que la paix et un engagement inébranlable envers les droits de l'homme sont dans notre intérêt collectif, le meurtre de Jamal Khashoggi dans une enceinte diplomatique doit tous nous inquiéter grandement», a déclaré M. Mattis au cours du «Dialogue de Manama» organisé par l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres. Jeudi, la directrice de la CIA Gina Haspel a présenté au président américain Donald Trump «ses conclusions et ses analyses de son voyage en Turquie», où elle a rencontré les responsables de l'enquête. Selon la presse turque, Ankara a partagé avec Mme Haspel des enregistrements vidéo et audio du déroulement du meurtre de Khashoggi. Le corps du journaliste n'a pas été retrouvé.