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Face aux tensions budgétaires et la baisse des réserves de change
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 10 - 2018

Faute d'un organe de planification stratégique les observateurs tant nationaux qu'étrangers sont attentifs à la loi de Finances qui n'est pourtant qu'un document comptable retraçant les dépenses et les recettes annuelles de l'Etat. Au moment où bon nombre d'experts internationaux que des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale et le dernier rapport de l'AIE d'octobre 2018, pour les pays dépendant de la rente des hydrocarbures, d'une mise en garde d'une modification de la trajectoire de la croissance fondée sur l'économie de la connaissance et d'une éventuelle crise mondiale horizon 2020/2025 en cas d'accélérations des mesures protectionnistes.
Dans ce cadre faute d'une véritable politique industrielle, il est utile de rappeler les données récentes qui accroit la facture d'importation et donc les sorties de devises de la facture d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules de tourisme s'est établie à plus de 1,83 milliard de dollars sur les huit premiers mois de 2018, contre 936,86 millions de dollars durant la même période de 2017,selon le Centre national des transmission et du système d'information des Douanes et les importations des véhicules de Transport de Personnes et de Marchandises et de collections CKD de cette catégorie de véhicules, s'établissant à 386,2 millions de dollars sur les huit premiers mois de 2018 contre 323,65 millions de dollars à la même période de 2017, donnant une facture globale à 2,22 milliards de dollars entre janvier et fin août 2018 contre 1,26 milliard de dollars à la même période de 2017, o3 milliards de dollars fin 2018.
Ainsi, les principaux indicateurs analysés précédemment ont un impact sur l'évolution du niveau des réserves de change et la cotation officielle du dinar, existant un écart d'environ 50% avec la cotation sur le marché parallèle. Les réserves de change ont évolué ainsi : 2012 :190,6 milliards de dollars, 2013 :194,0 milliard de dollars, 2014 :178,9 milliards de dollars, 2015 :144,1 milliards de dollars, 2016 : 114,1 milliards de dollars, 2017 : 97,3 milliards de dollars. Selon la banque d'Algérie, bilan du premier semestre 2018, par rapport à fin décembre 2017, les réserves de change se sont contractées de 8,72 milliards de dollars en passant de 97,33 milliards à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018, ce qui donnerait fin 2018, selon la même tendance un montant d'environ 777/79 milliards de dollars.
Selon le PLF comme incidence, l'encours des réserves de change sera impacté et se contracterait à 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. Cela influe sur le taux de change corrélé aux réserves de change via les recettes d'hydrocarbures à plus de 70%. 1970 : 4,94 dinars un dollar, en 2002-75,35 dinars -2007-95,00 dinars un euro-69,36 dinars un dollar-2008-94,85 dinars un-euro-64,58 dinars un dollar-2009-101,29 dinars un euro-72,64 dinars un dollar-2010-103,49 dinars un euro-74,31 dinars un dollar- 2011-102,21 dinars un euro-72,85 dinars un dollar-2012-102,16 dinars un euro-77,55 dinars un dollar- 2013-105,43 dinars un euro- 79,38 dinars un dollar-2014-106,70 dinars un euro-80,06 dinars un dollar- 2015-108,60 dinars un-euro- 99,50 dinars un dollar-2016-116,57 dinars un euro-109,43 dinars un dollar, 2017 – 110,96 dinars un dollar et 125,32 dinars un euro et la cotation entre le 26 octobre et 30 octobre 2018 (cours achat) 119,19 dinars un dollar et 135,52 dinars un euro. Ce dérapage du dinar (la banque d'Algérie parle de glissement) permet de gonfler la fiscalité hydrocarbures libellées en dollars et la fiscalité ordinaire libellée en euros, les taxes au port s'appliquant à un dinar déprécié, voilant l'importance réelle du déficit budgétaire, réalisant pour la partie qui s'adresse aux biens de consommations une épargne forcée.
3- Urgence d'un vison stratégique
Trois paramètres stratégiques déterminent l'avenir de l'économie algérienne : le cours du pétrole, l'évolution des réserves de change et la pression démographique (plus de 50 millions d'habitants en 2030) , devant créer minimum 300.000/400.000 postes de travail nouveaux par an nécessitant un taux de croissance annuel sur plusieurs années de 8/9% en termes réel. Le recours à la planche à billets pour financer le déficit budgétaire, non ciblé. Selon la banque centrale l'encours du financement conventionnel, communément connu sous le nom de «planche à billets», du Trésor par la Banque d'Algérie «est demeuré, à fin juin 2018, identique à celui de fin mars 2018», soit 3585 milliards de dinars, dont 2185 milliards de dinars au 4e trimestre de 2017 et 1400 milliards de dinars au premier trimestre de 2018.
Certes, la poussée inflationniste n'est pas encore perceptible en 2018, mais le sondes de chocs ne se font sentir qu'après deux à trois années comme au Venezuela. Selon le FMI des mesures conjoncturelles sans vision stratégique, ce mode de financement aura aussi atteint ses limites à partir de 2020 avec des taux d'inflation et de chômage élevés. En ce mois d'octobre et cela depuis des décennies, l'Algérie souffre actuellement d'une crise de gouvernance et non d'une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer dans trois années en crise financière, économique et politique avec l'épuisement des réserves de change. L'Algérie, pays à fortes potentialités acteur déterminant de la stabilité de la région, a besoin d'une stratégie d'adaptation, étant une question de sécurité nationale, face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l'avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera essentiellement sur l'économie de la connaissance à travers le digital et l'intelligence artificielle.
D'où l'urgence d'adopter rapidement une stratégie de passage d'une économie de rente, passant par de profondes réformes structurelles. Pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, loin de tout populisme dévastateur, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut sens sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible, moins de 7 milliards de dollars.
L'Algérie possède toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le Politique, l'Économique, le Social, le Culturel sont dialectiquement liés. Retarder les réformes structurelles conduira inéluctablement à la à la régression économique et sociale, la cessation de paiement horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangère, du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérienne souhaite. Aussi, l'Algérie a besoin d'une nouvelle stratégie, loin des slogans creux populistes, s'adaptant au nouveau monde, de la CONFIANCE pour sécuriser son avenir, de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l'intelligence, de rassembler tous ses enfants et toutes les forces politiques, économiques et sociales, évitant la division sur des sujets secondaires Le devenir de l'Algérie doit l'emporter sur les intérêts personnels et partisans étroits. Il y va de la sécurité nationale.
(Suite et fin)
Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul


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