Selon l'agence Reuters, le gouverneur de la Banque d'Algérie, en marge d'une réunion internationale tenue à Tunis, aurait affirmé que les réserves de l'Algérie vont «continuer d'augmenter tant que le baril se maintiendrait au-dessus de 50 dollars». Ces propos auraient été déformés confondant réduction partielle du déficit budgétaire avec réduction du niveau des réserves de change qui sera fonction de la politique socio-économique suivie entre 2019/2022. Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l'Algérie pour la période de l'année 2017 font ressortir un déficit de la balance commerciale de 11,19 milliards de dollars US, soit une diminution de 34,39% par rapport à celui enregistré durant l'année 2016. Cette tendance s'explique essentiellement par la hausse plus importante des exportations des hydrocarbures de 15,78%, par rapport à celle des importations qui ont enregistré une légère baisse de 2,4%. Les importations Algérienne ont diminué de 2,4% par rapport à l'année 2016, passant de 47,08 milliards de dollars US à 45,95 milliards de dollars US. Les hydrocarbures ont représenté l'essentiel des exportations à l'étranger durant l'année 2017 avec une part de 94,54% du volume global des exportations. Les exportations «hors hydrocarbures», qui restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l'équivalent de près de 1,89 milliard de Dollars US, Ce qui nous donne un total de dérivées hydrocarbures contenues dans la rubrique officielle hors hydrocarbures de 67,01% pour 2016 et 64,67% en 2017 sur les 1,89 milliards de dollars soit 1,22 milliards de dollars restant seulement pour les autres produits 670 millions de dollars, donnant au total avec les dérivées près de 98,7%. Pas de changment notable pour les huit premiers mois de 2018 où nous avons un volume global des importations de 30,39 milliards de dollars US soit une baisse de 2,40 % par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017 et un volume global des exportations de 28,34 milliards de dollars US, en augmentation de 23,48% par rapport aux résultats des huit premiers mois 2017 toujours grâce à l'envolée du cours des hydrocarbures. Par rapport au volume global des exportations en 2017, évaluées à 34,76 milliards de dollars nous avons hors hydrocarbures net 1,93% et hydrocarbures/dérivées 98,07% et pour les huit premiers mois de 2018, évaluées à 28,34 milliards de dollars, nous avons 1,64% hors hydrocarbures net et hydrocarbures/dérivées 98,36%. Mais l'important n'est pas la balance commerciale mais la balance des paiements où les sorites de devises entre 2010/2018 fluctuent entre 9/11 milliards de dollars an, montant auquel il faut ajouter les transferts légaux de capitaux entre ¾ milliards de dollars/ an donnant une sortie de devises entre 2016-2018, malgré toutes les mesures depuis 2009 (fameuse règle des49/51%, licences d'importation, passage du Remdoc au Credoc), entre 55/58 milliards de dollars an. Cela impacte le niveau des réserves de change car ne s'étant pas attaqué aux véritables réformes structurelles. Durant la période 2019/2022, l'amélioration du solde de la balance des paiements et donc du niveau des réserves de change entre 2018/2020/2022 sera fonction essentiellement des recettes de Sonatrach d'où l'importance de comprendre les mutations énergétiques mondiales Les exportations hydrocarbures avec leurs dérivées en 2017 se structurent ainsi : GN, 32,9%, GNL, 14,4%, (au total gaz 47,3%) pétrole brut 25,2%, condensat, 4,4%, produits raffinés 15,6%, Gpl 7,6%, d'où l'importance d'être attentif à l'évolution du prix tant du gaz (le cours le 17/11/2018 étant à 3,5 dollars le MBTU inferieur par rapport aux années 2008/2009 représentant, selon les données physiques de Sonatrach, pour 2017 plus de 47% des exportations. Les réserves de change ont évolué ainsi : 2012 : 190,6 milliards de dollars 2013 : 194,0 milliard de dollars 2014 : 178,9 milliards de dollars 2015 : 144,1 milliards de dollars 2016 : 114,1 milliards de dollars 2017 : 97,3 milliards de dollars Selon la banque d'Algérie, bilan du premier semestre 2018, par rapport à fin décembre 2017, les réserves de change se sont contractées de 8,72 milliards de dollars en passant de 97,33 milliards à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018, ce qui donnerait fin 2018, selon la même tendance un montant d'environ 77/78 milliards de dollars. Selon le PLF comme incidence, l'encours des réserves de change sera impacté et se contracterait à 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. Une hausse d'un dollar en moyenne annuelle procurerait à l'Algérie pour une exportation de 1,4-1,5 millions de barils/jour, environ 500 millions de dollars supplémentaires soit à 70 dollars entre 10 milliards de dollars/an en référence au plancher de la loi de finances établie à 50 dollars, soit 1180 milliards de dinars au cours de 118 dinars un dollar. Pour une production d'un million de barils/jour nous aurons un gain de 370/400 dollars et donc par an et toujours en référence au cours plancher de 50 dollars entre 7/8 milliards de dollars. C'est dans ce cadre qu'il faille comprendre la déclaration du gouverneur de la banque d'Algérie où un cours supérieur à 50 dollars permet de réduire partiellement le déficit budgétaire. Mais, quelque soit le scénario, ce montant est insuffisant, sauf plus de rigueur budgétaire, meilleure allocation des ressources financières, ciblage des subventions, lutte contre les surcouts, et la corruption à travers les surfacturations. Selon le FMI, pour arriver à un équilibre budgétaire souhaité pour l'Algérie, le prix du baril de pétrole devrait atteindre 105,1 dollars en 2018 et 98,6 dollars en 2019, contre pour son équilibre extérieur un baril d'un baril de 80,3 dollars en 2018 et à 78,9 dollars en 2019. Vu la nature temporaire de la montée des prix du pétrole, le FMI estime qu'il est plus urgent pour les pays exportateurs de pétrole de continuer à diversifier l'économie et d'accorder une attention particulière aux réformes du marché du travail et l'amélioration du climat des affaires. Aussi, quelque soit le scénario, le montant actuel du cours du pétrole est insuffisant, par exemple et sous réserve d'une stabilité cours dinar/dollar, car l'artifice comptable du dérapage du dinar par rapport au dollar réduit artificiellement le déficit du trésor, avec un cours de 100 dinars un dollar, le déficit serait en augmentation de près de 20% avoisinant 21,24 milliards de dollars par rapport au PLF 2019 où le déficit du trésor serait d'environ 18 milliards de dollars (au cours achat de 118 dinars un dollar), ce qui laisse prévoir le recours à sa monétisation par le biais de la planche à billets et ce contrairement aux prévisions du directeur général du trésor Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international