La ville septentrionale syrienne, Alep, a été la cible samedi d'une attaque terroriste au gaz toxique, qui a provoqué une centaine de cas de suffocation parmi les civils, suscitant l'inquiétude du gouvernement syrien qui affirme que ces actes visent à torpiller la relance du processus politique. Le gouvernement syrien a imputé l'attaque aux groupes terroristes qui se trouvent à Alep, où des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont afflué la nuit vers un hôpital de la ville, certains allongés sur les brancards du Croissant-Rouge, ou alors portés par des proches, selon des journalistes sur place. «Les groupes terroristes armés ont visé en soirée les quartiers de Khaldiyé et Al-Nil dans la ville d'Alep avec des roquettes contenant des gaz toxiques», a rapporté l'agence de presse syrienne Sana. L'agence a fait état de «107 cas de suffocation», après l'utilisation par les groupes terroristes des «roquettes contenant des gaz toxiques» dans cette région «démilitarisée». Dernières provocations, qui selon les deux responsables, visent à nuire à l'accord de Sotchi, conclu le 17 septembre par Ankara et Moscou prévoyant la création de «zones démilitarisées» pour séparer les territoires insurgés des régions sous contrôle du gouvernement syrien. L'accord devait officiellement entrer en vigueur à la mi-octobre, mais sur le terrain certaines dispositions n'ont pas été respectées, et des escarmouches opposent régulièrement les forces syriennes aux groupes terroristes. Un nouveau round de pourparlers sur la Syrie est également prévu les 28 et 29 novembre à Astana, capitale du Kazakhstan. Des émissaires de l'Iran, de la Russie et de la Turquie devront discuter notamment de la situation à Idleb (nord-ouest) syrien et la création des conditions pour le retour des réfugiés et déplacés, et le rétablissement du pays post-conflit, explique le ministre kazakh des Affaires étrangères Kaïrat Abdrakhmanov. Parrainé par la Russie et l'Iran ainsi que la Turquie, le processus d'Astana réunit depuis janvier 2017, sans implication de Washington, des représentants du gouvernement syrien et une délégation de l'opposition. Le Conseil de sécurité de l'ONU sommé de condamner l'attaque chimique Au lendemain de l'attaque, le ministère syrien des Affaires étrangères a, dans un communiqué, demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de condamner l'attaque aux armes chimiques commise par les terroristes dans la ville d'Alep, dans le nord de la Syrie, au cours de laquelle ils ont tiré des dizaines de projectiles contenant du gaz chloré. Il a également demandé au Conseil de sécurité de prendre des mesures à la fois préventives et punitives contre les pays soutenant les groupes terroristes en Syrie. Le communiqué, transmis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), montre du doigt également les soi-disant «Casques blancs», affirmant qu'il s'agissait en réalité d'une organisation soutenue par l'Occident qui, sous couvert d'apporter une prétendue aide humanitaire dans les zones insurgées, mettait fréquemment en scène des attaques à seule fin d'incriminer le gouvernement syrien. La veille de l'attaque, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan De Mistura, avait appelé à Rome à la relance du processus politique en Syrie, affirmant que «le statu quo n'est pas dans l'intérêt d'aucune partie». Il a, de ce fait, insisté sur un accord d'ici fin décembre pour la mise sur pied d'un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution pour ce pays, affirmant qu'il était prêt à jeter l'éponge dans le cas contraire, alors que doivent se tenir les pourparlers tripartites les 28 et 29 novembre à Astana (Kazakhstan) pour discuter de la situation dans la ville syrienne d'Idleb. Depuis janvier, le médiateur, Staffan de Mistura, qui doit quitter ses fonctions fin novembre, travaille sur la composition du Comité qui doit comprendre selon son plan 150 personnes: 50 choisies par le gouvernement, 50 par l'opposition et 50 par l'ONU pour inclure dans la réflexion des représentants de la société civile et des experts. Ce comité serait chargé de plancher sur une loi fondamentale permettant de mener à des élections, afin de tourner la page de sept années de conflit. Les Nations unies espèrent toutefois toujours pouvoir envoyer les invitations aux membres du comité d'ici la mi-décembre, et convenir d'une première réunion avant le 31 décembre, a dit l'émissaire, qui doit par la suite être remplacé par le diplomate norvégien Geir Pedersen. Les dirigeants de la Russie, de la Turquie, de l'Allemagne et de la France ont appelé à ce que le comité soit formé avant la fin de l'année.