L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a insisté sur un accord d'ici fin décembre pour la mise sur pied d'un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution pour ce pays, affirmant qu'il était prêt à jeter l'éponge dans le cas contraire, alors que des pourparlers les 28 et 29 novembre à Astana (Kazakhstan) réuniront des émissaires de l'Iran, la Russie et la Turquie pour discuter de la situation dans la ville syrienne d'Idleb. Depuis janvier, le médiateur, Staffan de Mistura, qui doit quitter ses fonctions fin novembre, travaille sur la composition du comité qui doit comprendre selon son plan 150 personnes : 50 choisies par le gouvernement, 50 par l'opposition et 50 par l'ONU pour inclure dans la réflexion des représentants de la société civile et des experts. Ce comité serait chargé de plancher sur une loi fondamentale permettant de mener à des élections, afin de tourner la page de sept années de conflit. Lors d'une réunion lundi du Conseil de sécurité des Nations-Unies consacrée à la Syrie, Staffan de Mistura a indiqué que «nous sommes dans les derniers jours des tentatives de mise en place du comité constitutionnel», et qu'il «se pourrait que nous devions conclure qu'il n'est peut-être pas possible de former un comité constitutionnel, crédible et inclusif, à ce stade», mettant en garde que «dans ce cas malheureux, je serai tout à fait prêt à expliquer au Conseil de sécurité pourquoi». Les Nations-Unies espèrent toutefois toujours pouvoir envoyer les invitations aux membres du comité d'ici la mi-décembre, et convenir d'une première réunion avant le 31 décembre, a dit l'émissaire, qui doit, par la suite, être remplacé par le diplomate norvégien Geir Pedersen. Les dirigeants de la Russie, de la Turquie, de l'Allemagne et de la France ont appelé à ce que le comité soit formé avant la fin de l'année. Les déclarations de Mistura interviennent alors qu'un nouveau round de pourparlers sur la Syrie réunira les 28 et 29 novembre à Astana, capitale du Kazakhstan, des émissaires de l'Iran, de la Russie et de la Turquie pour discuter notamment de la situation à Idleb (Nord-Ouest syrien). «Les participants prévoient de discuter de la situation en Syrie, en particulier à Idleb, et la création des conditions pour le retour des réfugiés et déplacés, et le rétablissement du pays post-conflit», explique le ministre kazakh des Affaires étrangères Kaïrat Abdrakhmanov. Parrainé par la Russie et l'Iran ainsi que la Turquie, le processus d'Astana réunit depuis janvier 2017, sans implication de Washington, des représentants du gouvernement syrien et une délégation de l'opposition. La mise en place d'une «zone démilitarisée» à Idleb a été l'objet d'un accord le 17 septembre entre la Russie et la Turquie. L'accord devait entrer en vigueur à la mi-octobre, mais sur le terrain certaines dispositions n'ont pas été respectées et des escarmouches opposent régulièrement les forces gouvernementales aux groupes terroristes. A Astana, les négociations avaient permis notamment la mise en place de «zones de désescalade» mais la cessation des hostilités dans ces régions n'avaient été que temporaires. Sur le terrain, l'armée syrienne a repris le contrôle total sur la province de Soueida après la sécurisation de la localité Tloul al-Safa, qui était sous l'emprise du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (Daesh/EI) au terme d'une offensive qui a duré plusieurs semaines. Les forces armées syriennes contrôlent désormais toute la région de Soueida après le retrait des terroristes de Daesh vers l'est dans la Badiya (désert), selon des médias locaux, qui précisent qu'entre 700 et 1 000 éléments armés ont quitté le sud de la Syrie à l'issue d'un accord avec l'armée syrienne. Dans ce contexte, l'agence de presse Sana a annoncé que l'armée syrienne poursuivait «le ratissage des zones libérées après avoir éliminé un grand nombre de terroristes». Cette avancée des forces armées syriennes contre les terroristes intervient moins de dix jours après la libération de 19 otages syriens enlevés le 25 juillet dernier par des terroristes de Daesh dans la province méridionale de Soueida. L'armée syrienne était parvenue, le 8 novembre dernier, à libérer au cours d'une opération spéciale, menée dans la région de Palmyre, les 19 otages parmi eux des femmes et des enfants kidnappés par le groupe extrémiste dans le gouvernorat de Soueida. Selon l'agence Sana, les soldats de l'armée syrienne avaient mené une bataille «féroce» contre les ravisseurs avant de réussir à libérer les 19 personnes enlevées et à éliminer les auteurs de cette prise d'otages. Le conflit en Syrie a fait plus de 360 000 morts et des millions de déplacés depuis 2011.