Le Congo, qui aura l'honneur d'abriter la 23e Coupe d'Afrique des nations de handball féminin (CAN-2018) du 2 au 12 décembre, rêve de monter sur la plus haute marche du podium, lançant un grand défi aux ténors de la discipline continentale, notamment l'ogre angolais. Cette compétition biennale dénommée Trophée Lucie-Bongo verra la participation de 10 sélections dont la plupart y sont régulièrement présentes, mais à laquelle manque le Nigeria, sacré du titre en 1991 au Caire. Trois favoris potentiels se livreront une farouche bataille pour le sacre final. Il s'agit de l'Angola, du Congo et du Sénégal. A tout seigneur, tout honneur. L'Angola est l'équipe qui a remporté le plus de titres (12), dont 8 de suite. A Brazzaville, elle sera candidate une fois de plus à sa propre succession. Championnes d'Afrique depuis 1998, les protégées de Morten Soubak ont réalisé l'exploit rarissime de garder jalousement leur titre jusqu'à la 22e édition de 2016 à domicile, hormis celle de 2014, battues par la Tunisie en demies, devant laquelle elles ont pris une éclatante revanche en finale de la précédente CAN (36-17). Faisant partie du groupe B, au sein duquel se trouvent le Congo, la Guinée, la RD Congo et le Maroc, les Angolaises n'auront pratiquement aucune peine pour passer aux quarts. Pour y parvenir, elles ont entamé un stage précompétitif au Danemark au cours duquel elles ont disputé quelques matches amicaux contre de grosses pointures du handball féminin mondial dont les Pays-Bas, vice-champions du monde, le Danemark, Cuba et l'Allemagne. Ce stage fait suite au tournoi international remporté haut la main en juillet au Congo. Les deux clubs phares angolais, Primeiro de Agosto et Petro Atletico, fournissent la quasi-totalité de leurs effectifs à la sélection, rajeunie par l'apport de cinq nouvelles joueuses venues de ces deux équipes dont Claudeth Jose (21 ans) et Girana Costa (22 ans), bien parties pour un énième sacre aux côtés des expérimentées Albertina Kassoma, Elizabeth Cailo et Magda Cazanga. Le principal rival de l'Angola dans ce tournoi reste le Congo, titré à quatre reprises consécutives (1979, 1981, 1983 et 1985) et qui rêve de mettra fin à une disette de 33 ans pour stopper les insatiables Angolaises. L'équipe, coachée par le Français Thierry Vincent, a effectué un stage non-stop depuis juillet au cours duquel un tournoi avait été mis sur pied à Brazzaville en présence de l'Angola et de la RD Congo qu'elle a battue à deux reprises (30-21 et 24-14). Les Congolaises ont peaufiné leur préparation en France avec un effectif composé de joueuses locales et évoluant en Hexagone. Le Congo, qui sera poussé par tout un peuple (pays organisateur oblige), compte un beau palmarès dans cette manifestation handballistique à savoir 13 podiums dont 4 titres. Le Sénégal, qui fait partie du groupe A avec la Tunisie, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et l'Algérie, n'a toujours pas digéré sa disqualification lors de la CAN-2016, suite à l'évocation faite par la Tunisie concernant la joueuse Doungou Camara, qui avait pris part au Mondial-2014 (juniors) avec la France. Les Sénégalaises, victorieuses de la Tunisie (26-20) en demi-finales, avaient été tout simplement éjectées du tournoi, laissant les Maghrébines affronter l'Angola en finale et le Cameroun prendre la médaille de bronze... sans jouer. Le coach des «Lionnes», le Français Frédéric Bougeant, qui drive cette saison le club russe de Rostov, est retourné au Sénégal pour les besoins du tournoi congolais, avant de rejoindre la saison prochaine Nantes (France). Les Sénégalaises, montées une seule fois sur le podium (2es en 1974), sont fermement décidées à oublier le «dossier» Doungou et prendre leur revanche sur le sort. La préparation pour le rendez-vous continental a débuté en juin dernier en participant au tournoi de Pusan (Corée du sud) avec à la clé une 2e place. A Brazzaville, le Sénégal sera privé de sa vedette... Doungou, blessée au genou. Selon les responsables sénégalais qui préparent déjà la CAN-2022 à Dakar, l'objectif reste la qualification au Mondial-2019, prévu du 30 novembre au 15 décembre au Japon. Tunisie et Cameroun en outsiders Outre le trio Angola-Congo-Sénégal, les outsiders capables de bouleverser la hiérarchie établie ont pour noms la Tunisie et le Cameroun. La Tunisie, qui possède une carte de visite étoffée avec 10 podiums dont 3 titres (1974, 1976, 2014), mise beaucoup sur la stabilité de l'effectif et surtout sa grande expérience acquise depuis plusieurs années sur le double plan africain et mondial. Nettement battues en finale de l'édition-2016 par l'Angola, les Tunisiennes nourrissent l'espoir d'obtenir leur 11e podium, même si leur préparation pour le rendez-vous congolais a été très discrète, selon les observateurs. Le Cameroun, triple vice-champion (1979, 1987, 2004), revient très fort sur la scène continentale. Classées 3es en 2016 suite à la disqualification du Sénégal, les protégées de Simon Buchard Menguende se sont contentées d'une préparation à Yaoundé, disputant des matches contre des clubs locaux, dont un s'est soldé par une lourde défaite devant YUC Yaoundé (18-27). La Côte d'Ivoire, double championne d'Afrique (1987 et 1996) sur un total de 10 podiums, a connu son âge d'or durant les années 1980 et 1990, avant de rentrer dans le rang, comme l'atteste sa 6e place en 2016. Pour Brazzaville-2018, le sélectionneur Kante Sekou a fait appel à 16 joueuses évoluant toutes dans 3 clubs ivoiriens, à savoir Africa sport, Habitat et Bandama. Objectif les quarts pour Algérie, Maroc, RD Congo et Guinée Les quatre derniers pays présents à Brazzaville (Algérie, Maroc, RD Congo et Guinée) sont les moins cotés sur la scène africaine de la discipline. Leur principal objectif consiste à éviter la 5e et dernière place de leur groupe respectif, synonyme d'élimination. L'Algérie (A) est la moins favorisée par le tirage au sort qui lui a offert quatre adversaires de gros calibre. Ayant connu une longue hibernation depuis deux ans, les Algériennes n'ont repris du service qu'au mois de septembre dernier après l'installation du nouvel entraîneur, Abdelkrim Bendjemil. Ce dernier a avoué modestement à l'APS que «l'objectif est de situer le niveau de l'équipe par rapport aux meilleures sélections africaines, puis sélectionner un noyau de joueuses qui formera l'ossature de la future sélection». De son côté, la RD Congo, qui compte deux podiums (2e et 3e), a effectué sa préparation au Maroc. Elle est bien placée pour passer aux quarts aux dépens du Maroc et de la Guinée dont la carte de visite est quasiment vierge. Marocaines et Guinéennes vont se livrer un duel direct avec l'objectif d'éviter la 5e et dernière place du groupe, synonyme d'élimination. Les Guinéennes, drivées par le Français Clément Petit, ont effectué leur stage précompétitif en France, où évoluent leurs trois internationales Aïssatou Kouyaté (Besançon), Djenebe Tandjan (Toulon) et Diakenba Nianh (Ivry).