Nous le savons bien, l'Emir a plusieurs facettes. On ne peut parler de lui sans évoquer son humanisme, sa philosophie et sa vision sur l'Islam. Car il prônait, il y a 200 ans, une ouverture que nous n'avons pas encore aujourd'hui. Si la manière dont l'Emir Abdelkader a répondu à l'appel de son peuple et aux exigences de son temps procédait d'une nécessité historique, comme le démontre Mostefa Lachref, il n'en demeure pas moins qu'il a incarné le symbole de la résistance anti coloniale et celui qui a crée l'Etat algérien moderne. Il disait d'ailleurs en 1848 : «Je n'ai point fait les événements, ce sont eux qui m'ont fait». Pourtant, l'Emir est inscrit à jamais dans les annales des grands hommes et des personnalités exceptionnelles, comme le dit son biographe, Charles-Henry Churchill. Nous le savons bien, l'Emir a plusieurs facettes. On ne peut parler de lui sans évoquer son humanisme, sa philosophie et sa vision de l'islam. Car il prônait, il y a 200 ans, une ouverture que nous n'avons pas encore aujourd'hui. Plusieurs ouvrages lui ont été consacrés, en Algérie comme en Occident. Mais en cette date qui commémore son décès, et à une époque où beaucoup tentent de salir son nom, il est de notre devoir de l'évoquer comme il était : un homme de religion, dévoué à l'islam qu'il pratiquait avec beaucoup de ferveur. Dans son exil à Damas, les journées de l'Emir Abdelkader étaient réglées comme une horloge. Il se réveillait deux heures avant l'aube pour prier et méditer avant d'aller à la mosquée pour la première prière du jour. S'en suivait une demi-heure de prosternation. Après cela, l'Emir rentrait chez lui, prenait une petite collation et s'enfermait dans sa bibliothèque jusqu'à midi. Heure à laquelle il retournait à la mosquée pour la prière d'el dhohr, puis se consacrait à ses élèves durant trois heures. Après la prière d'el âasser, il retournait chez lui passer du temps avec ses huit enfants. Après le diner, il retournait à la mosquée pour les deux dernières prières du jour. Entre les deux, il instruisait sa classe. De retour chez-lui, il s'enferme encore dans sa bibliothèque jusqu'à l'heure du coucher. Son dévouement à Dieu passait ainsi par la prière et la méditation, par l'enseignement et par la charité. Il est connu que l'Emir prenait en charge l'enterrement des démunis et aidait tous les nécessiteux de Damas. Mais pour lui, son dernier vœux était d'accomplir le plus prestigieux des actes de dévotion qui lui donnera le titre de «Compagnon du prophète». Pour se faire, il devait résider durant deux années dans l'une des deux villes saintes, La Mecque ou Médine, ou du moins y résider jusqu'à ce que deux pèlerinages successifs y soient parvenus et repartis. Lorsqu'on lui demandait comment pouvait-il supporter de s'éloigner autant de tant de sa famille, l'Emir répondait : «C'est vrai, ma famille m'est très chère, mais Dieu m'est encore plus cher». L'Empereur Napoléon III accordera à l'Emir Abdelkader la permission d'accomplir son pieux projet. Il quittera ainsi Damas en janvier 1863 en direction de Djedda, via le Caire. A La Mecque, il est accueilli avec un immense respect par le corps des ulémas et imams qui résident en permanence dans la ville sainte. On lui accorde deux pièces dans l'enceinte du «haram» où il sera envahi par les visiteurs. Après dix jours à recevoir du monde, il demande à ce qu'on le laisse à sa solitude. L'année qui suivra, l'Emir la passe dans sa cellule d'ermite et n'en sort que pour aller à la grande mosquée. Il se consacre entièrement à l'étude aux études sacrées, à la prière et à la méditation. Il ne dort que quatre heure par jour et ne mange qu'une fois par 24 heures, du pain et des olives. Cet ascétisme physique et mental affectera sa condition de fer, mais c'est son souhait et c'est ainsi qu'il souhaitait vivre ses dernières années. Il fera pourtant une trêve au printemps 1864 pour visiter quelques lieux avant d'aller à Médine. Là il reprendra sa discipline auprès du tombeau du Prophète. Il restera dans cette ville quatre mois avant de reprendre le chemin du retour vers les siens. Le 26 mai 1883, l'Emir Abdelelkader, après vingt-cinq jours de maladie, s'éteint dans sa résidence de Doumar, située à quatre kilomètres à l'est de Damas. Il sera inhumé à côté de son maître spirituel, Ibn Arabi, puis transféré en 1966 à Alger, au carré des martyrs d'El Alia. Sources : Mostefa Lachref : «Nation et société», Casbah Editions, 2006. Charles-Henry Chrchill : «La vie d'Abdelkader», Editions ANEP, 2006.