Frein du développement économique et humain, la corruption est devenue une véritable calamité publique en Algérie, en considération du déploiement sur tous les secteurs de ses influences tentaculaires, à telle enseigne qu'elle est devenue presque normale. Selon les classements mondiaux sur la corruption, notre pays occupe une place peu enviable parmi les sociétés les plus corrompues. Cette condition est d'autant plus grave, que l'Algérie traverse une étape cruciale l'obligeant à réussir son développement socioéconomique. Falsification de diplômes, de parcours des carrières professionnelles, importations chimériques, fausses déclarations aux douanes et au fisc, violation des lois relatives aux marchés publics, surfacturation des services, délits d'initiés, infraction à la législation des changes, évasion fiscale et de devises, monnayage auprès des citoyens modestes des logements sociaux, et de documents administratifs, et la liste n'est pas exhaustive en considération du nombre d'affaires scabreuses qui ont été signalées à la cellule de Traitement du renseignement financier, qui est entré en activité en 2005. Parmi cette panoplie de transgressions des lois républicaines figure le transfert illicite de devises, pour servir d'investissement sous d'autres cieux, ce qui s'apparente à un sabotage économique. De 2005, jusqu'à 2011, seulement trois (3) affaires de blanchiment avaient été transmises à la justice par la CTRF, même si le nombre des déclarations de soupçons envoyées à cet organisme avait atteint 3.188 entre 2007 et 2011 avec un "pic" enregistré en 2010 lorsque la Banque d'Algérie a entamé une large opération de contrôle au niveau des banques, et établissements financiers. L'épiphénomène de la lutte de la corruption, quoique indispensable, n'a jamais été dissuasif à la mesure des enjeux politiques, et économiques, pour preuve, 13 ans après la création de la Cellule de Traitement du Renseignement Financier, une dépêche de l'APS invoque que « l'APN adopte une loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption visant à améliorer l'efficacité des institutions en charge de cette lutte et à adapter les dispositions légales en la matière avec la révision constitutionnelle de 2016 ». Cette loi a été adoptée dimanche en présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux Tayeb Louh en séance plénière, Il y a de quoi être interrogateur sur tant de retard pour la mise en adéquation juridique, avec les batailles à conduire contre la corruption, les détournements de fonds publics, et l'aliénation des biens de l'Etat, conformément à la Constitution qui consacre l'Etat de droit, et qui stipule « nul n'est au dessus des lois ». Le nouveau texte de loi paraît être plus explicite dans le sens où il détaille les missions du ‘'pôle pénal financier'' ayant une compétence nationale, chargé de traquer les contrevenants, avec pour mission «la recherche, l'investigation, la poursuite, et l'instruction des infractions de grande complexité, et les infractions qui leurs sont connexes, ayant trait à la corruption, à la fraude et l'évasion fiscales, au financement illégal des associations, ainsi qu'aux infractions de change, et à celles relatives aux institutions financières et bancaires».