Des élus de la municipalité d'Ivry sur Seine ont dénoncé la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie, déplorant sa politique étrangère alignée sur les thèses marocaines au détriment des droits du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. Rencontrés à Alger, à la veille de leur déplacement aux camps des réfugiés sahraouis dans le cadre d'une mission prévue du 26 février au 2 mars, la délégation de la municipalité, conduite par l'adjointe au maire, Sévérine Peter, a critiqué la politique de l'Etat français vis-à-vis du dossier sahraoui, affirmant que «la position de l'Hexagone est totalement alignée sur les thèses marocaines d'occupation des territoires sahraouis, au mépris du droit du peuple sahraoui à son autodétermination». Exprimant leur solidaire entière avec la cause sahraouie, les quatre élus de la municipalité d'Ivry sur Seine, conviés aux festivités de commémoration du 43eme anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) ont relevé, dans ce contexte, que la politique étrangère de la France avait subi un changement «radical» depuis le départ de l'ex-président Jacques Chirac, en mai 2007. «Le président Chirac avait pris la décision de quitter les forces de l'Otan. Il était un fervent défenseur de la paix au Proche-Orient et contre l'intervention américaine en Irak en 2003. Mais, aujourd'hui, nous assistons à une diplomatie française qui privilégie ses intérêts économiques, l'exploitation illégale des ressources naturelles et les ventes d'armes au détriment des valeurs humaines et de démocratie, telles que la défense des droits de l'Homme et l'autodétermination des peuples sahraouis et palestiniens», a fait observer Séverine Peter, chargée des questions internationales et de la communication au sein de la ville d'Ivry. Evoquant l'existence d'un «lobbying superpuissant» en France qui soutient le Royaume marocain dans son occupation du Sahara occidental, l'adjointe au maire a affirmé, en outre, que «les autorités françaises demandaient souvent aux élus et aux députés de l'Assemblée de ne pas s'engager sur des questions internationales, notamment celles portant sur le Sahara occidental et la Palestine». «Il existe en quelque sorte un consensus au sein de la société civile française pour ne pas aborder la question sahraouie. D'ailleurs, elle est au-dessous de toutes les préoccupations de la classe politique de l'Hexagone», a regretté encore Mme Peter, élue du Parti Communiste français. En dépit de ce constat, Said Hefad, issu de la majorité municipale, se dit, de son côté, «optimiste» et a assuré que l'opinion française, notamment celle de sa commune, est consciente de la souffrance du peuple sahraoui vivant sous l'occupation marocaine. «J'ai un grand espoir que le peuple sahraoui fera entendre sa voix et j'ai entièrement confiance dans les efforts menés par l'ONU pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a-t-il souligné. Un soutien renouvelé au peuple sahraoui Pour sa part, l'élu Mehdy Belabbas, écologiste et adjoint au maire, s'est dit "déçu" par les accords commerciaux et de pêche UE-Maroc élargis illégalement aux territoires sahraouis occupés, qui ont été approuvés récemment par le Parlement européen. Dénonçant un «pillage» des ressources naturelles sahraouies, M. Belabbas a affirmé que «la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui avait déjà statué sur l'illégalité de ces accords, va devoir encore une fois les bloquer après que le Front Polisario ait décidé de les contester». Les élus de la municipalité d'Ivry sur Seine ont été, à l'occasion, unanimes à renouveler leur soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, s'engageant à poursuivre les actions de solidarité en faveur des Sahraouis vivant dans les camps des réfugiés sahraouis, notamment dans la prise en charge médicale des enfants souffrants de maladies.