Des milliers d'étudiants ont investi les rues de plusieurs wilayas du pays. Dans un mouvement plus structuré et encadré par les enseignants qui étaient à la tête de cet engouement estudiantin, sortis demander au Président-candidat Abdelaziz Bouteflika de renoncer à sa candidature aux prochaines élections du 18 avril 2018 et réclamer des changements profonds. Lieu du rendez-vous : la place de la Grande-Poste à Alger, où était prévu le rassemblement, comme annoncé dans l'appel à manifester lancé par le Conseil Supérieur des Enseignants (Cnes), il y a deux jours. Les étudiants n'ont pas manqué à l'appel. Ils ont commencé à affluer tôt le matin sous la haute surveillance des forces de l'ordre qui ne quittent plus ces lieux habituels des rassemblements populaires. Soutenus par les enseignants, les étudiants ont formé une grande file derrière leurs maîtres. Tous ensembles scandaient des slogans appelant à opérer des réformes dans le pays et « réfléchir à une transition politique souple ». La mobilisation des étudiants algériens ne semble pas faiblir depuis le 3 mars. Depuis, les appels à la grève générale et à manifester ont inondé les réseaux sociaux, devenus la voix des jeunes et même de l'élite pour adresser leur message. Un élan de solidarité s'est constitué, progressivement et virtuellement avec succès. Souvent inconnus les uns pour les autres, cependant ceci ne les a pas empêché de se concerter par solidarité et d'observer des mouvements importants et des marches impressionnantes regroupant jusqu'à des milliers d'étudiants réunis à travers plusieurs wilayas du pays. Pendant des heures, les étudiants de diverses wilayas ont sillonné les rues de leur ville dans un mouvement régulier, dirigé par leurs aînés. Dans certains quartiers d'Alger, à l'instar du Sacré Cœur, de Didouche Mourad et de Maurice Audin, la tension est à son comble. Les bousculades étaient au rendez-vous. Ce qui est banal et normal dans ce genre d'événement. Une seule voix pour tous les manifestants qui ont relayé leur ras-le -bol de la situation et ont réfuté en bloc le mépris de la société estudiantine qui évolue dans des conditions déplorables. Ils ont crié au changement : «Etudiants algériens conscients et mécontents», «Etudiants en colère et le changement est nécessaire». Un même mouvement de protestation a été observé dans plusieurs wilayas. Tel était le cas dans la wilaya de Béjaïa, d'Annaba (45.000 étudiants), de Ouargla, Tizi-Ouzou, Constantine, Tlemcen, Skikda, Blida, Mostaganem, M'Sila, Biskra, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Bouira, Guelma, Jijel… etc. Le mouvement des étudiants et des enseignants a été pacifique, ce qui témoigne de la maturité du peuple algérien, engagé pour réclamer, tout azimut, ses droits. En dépit de la présence en force des dispositifs policiers, aucun incident n'a été constaté lors de cette sortie populaire. «Nous sommes tous unis pour plaider notre cause du changement», nous a balancé un étudiant, brusquement emporté par la foule des manifestants qui poursuivaient leur itinéraire de marche jusqu'à l'artère principale de Didouche Mourad, à Alger. A la fin de la journée, le mouvement des étudiants a commencé à s'estomper progressivement pour laisser place au calme. Cette grande marche des étudiants s'est tenue à deux jours de l'organisation de la grande manifestation citoyenne prévue pour le 8 mars prochain.