Hier, mardi, c'était le tour des médecins d'organiser leur marche en direction de la Grande-Poste à Alger, où étaient déjà concentrés des étudiants qui se sont donnés rendez-vous à cet endroit rejoints ensuite par des jeunes des quartiers environnants. Les mêmes slogans ont été scandés et marqués sur les banderoles, sur fond de chants politisés des supporters de clubs, que l'on entend habituellement dans les stades lors des derbys algérois. Les praticiens de la santé ont entamé leur action par un rassemblement à l'hôpital universitaire Mustapha Pacha pour ensuite organiser une marche en empruntant la rue Hassiba Ben-Bouali pour se rendre à la Grande-Poste. Les médecins, qui ont répondu à l'appel du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et du Conseil national de l'ordre des médecins, ont scandé des slogans notamment «non à la prolongation du mandat présidentie», «non à la gouvernance dans un cadre anticonstitutionnel», ou encore «oui pour l'Algérie démocratique». Les médecins ont adopté pour consigne pour cette marche le port des blouses blanches et l'obligation de ne pas recourir aux logos propres aux organisations ni scander de slogans revendicatifs corporatistes. L'action des médecins s'inscrit dans le sillage des marches imposantes à travers le territoire national revendiquant le «changement profond du système», le «respect de la Constitution» et le "rejet de toute ingérence étrangère». Les étudiants ont exprimé, en plus de leur rejet du système, des revendications propres à leur corporation et portant sur l'exigence d'une université démocratique, gratuite et de qualité. Comme les autres jours, les sentiments patriotiques ont été fortement exprimés par les manifestants à travers les couleurs nationales largement déployées et l'hymne national entonné plusieurs fois durant le rassemblement. Pour leur part, les travailleurs du secteur de la Formation professionnelle se sont rassemblés, lundi, sur les marches de la Grande Poste pour reprendre les mêmes slogans scandés depuis quelques semaines. Cette manifestation qui a regroupé quelques dizaines de travailleurs a duré quelques heures dans le calme alors que le dispositif policier chargé de maintenir l'ordre public était mis en place comme les jours précédents sans avoir à intervenir. D'autres rassemblements des travailleurs du secteur de la formation professionnelle ont eu lieu dans d'autres villes du pays. Les rassemblements d'hier (et de lundi) à la Grande Poste n'ont pas perturbé la circulation des véhicules traversant ce carrefour qui connait généralement en mi-journée un flux d'une forte intensité. Les rassemblements d'hier et de lundi, à la Grande Poste, se sont déroulés après une «pause» de deux jours, samedi et dimanche, qui a suivi le grand rassemblement de vendredi à Alger, avec la participation de dizaines de milliers de citoyens qui ont appelé au «changement profond du système», au «respect de la Constitution» et clamé en même temps leur rejet des dernières décisions présidentielles relatives, entre autres, au report de l'élection présidentielle et l'organisation d'une conférence nationale inclusive, ainsi que leur refus de «toute ingérence étrangère». Les observateurs ont noté que, depuis vendredi dernier, des tentatives sont faites pour sortir du blocage de la situation et éviter de tomber dans l'impasse dont personne ne veut. Samedi, les participants au «dialogue des acteurs de la société civile» organisé par l'Union nationale du mouvement associatif et de la société civile ont mis en avant l'impératif de «lancer un dialogue national inclusif», pour préparer le changement du système et l'édification d'une Algérie nouvelle. Selon le président de l'Union, Gasmi Tayeb, cité par l'APS, celle-ci comprenant près de 1.600 associations tendait à engager un dialogue auquel prendront part toutes les franges de la société pour débattre de toutes les idées et les solutions.