Pour éviter le scénario d'un chaos irréversible sur l'économie et les finances du pays, en ces temps de crise et de mécontentement populaire, l'économiste et professeur Mohamed Chérif Benmihoub a appelé à l'urgence d'agir et d'accélérer la cadence pour passer à la vitesse supérieure et amorcer «la période de transition politique la plus courte possible». Pour ne pas se retrouver dans l'impasse, Benmihoub estime qu' il faut réfléchir à la maturation du projet du peuple et constituer les parties à mener la transition «en utilisant les ressources de la Constitution quitte à revoir cette dernière plus tard». Une solution évidente pour la crise politique aiguë que traverse le pays depuis plus d'un mois, alors que la fin du mandat du Président-sortant Abdelaziz Bouteflika s'achève le 28 avril prochain. Dans l'opacité totale et dans l'indécision et l'absence d'une approche claire de l'avenir politique du pays, les intellectuels devraient encadrer ce mouvement afin de parvenir à dégager des représentants du peuple pour aller vers la transition politique et répondre aux revendications populaires en évitant d'aggraver la situation. Dans son intervention sur les ondes de la radio nationale Chaîne III, l'analyste a averti des répercussions désastreuses de cette situation agoniste sur l'économie et les finances du pays, en souffrance déjà depuis quelques années. Après 5 semaines de manifestations, certes pacifiques, mais face au mutisme du pouvoir en place, il est impératif et urgent de réfléchir aux solutions. L'objectif de l'Algérien présentement est de courir contre le temps qui lui est compté avant de se retrouver face à un vide constitutionnel imminent engendrant, probablement, une situation de chaos. Un scénario qu'appréhendent, également, les investisseurs qui pourront du jour au lendemain se confronter à un vide institutionnel et un gouffre financier sans précédent. En réaction aux appels à la grève générale de trois jours à compter d'aujourd'hui, lancés par des anonymes via les réseaux sociaux visant à paralyser les secteurs stratégiques liés à l'exploitation de sites énergétiques, M. Benmihoub estime qu'«il faut procéder à des actes réfléchis qui ne devraient pas nuire à l'économie nationale». Il conseille, par ailleurs, de prendre en urgence des mesures de sauvegarde sur les réserves de change, en les plaçant sous la supervision d'un comité ad-hoc et non pas « entre les seules mains de la Banque d'Algérie», pour éviter de les voir «s'évaporer en partie». M. Benmihoub sensibilise sur l'importance d'interpréter le civisme dans tous ses volets y compris ceux de la préservation des intérêts du pays. Bien que l'économiste reconnaît la légitimité des revendications populaires, mais il avertit «qu'en cas d'ajournement de l'organisation de la transition politique, le pays se dirigerait vers un désastre total». «Nous risquons d'aller vers le chaos», a-t-il souligné. Les conditions socio-économiques précaires des Algériens, les ont motivé à convertir leur colère en grogne populaire, «maturée une crise politique aiguë». Sans oublier, la conjoncture économique et financière du pays en crise depuis plusieurs années, due à la mauvaise gouvernance des caisses de l'Etat par la Banque d'Algérie et la mauvaise gestion des comptes du Trésor public devenu en quelques mois déficitaires incapable de couvrir les dépenses publiques. «Il est en dégradation en raison de l'actionnement de la planche à billets qui a produit, à ce jour, 6.500 milliards de dinars, alors que les banques se trouvent en surliquidités», ce qui constitue un paradoxe.