M. Benmihoub recommande en premier lieu, de prendre en urgence des mesures de sauvegarde sur les réserves de change, et ce, en les plaçant sous la supervision d'un comité ad hoc, et non pas entre les seules mains de la Banque d'Algérie, afin d'éviter de les voir s'évaporer en partie. Le mouvement populaire, qui réclame un changement politique radical et le départ imminent du pouvoir en place, est à sa cinquième semaine. Pour éviter au pays de s'enfoncer dans une crise économique, les économistes appellent à prendre des mesures de sauvegarde économique. Le Professeur Mohamed Cherif Benmihoub, lors de son passage hier à l'émission L'invité de la rédaction de la Chaîne 3, a considéré qu' «il est nécessaire de prendre au sérieux les revendications légitimes du mouvement populaire», mais de manière «organisée». Sinon, il prédit le «chaos». Il estime qu'il y a aujourd'hui «une jonction directe entre l'économique et le politique». Raison pour laquelle «il faut mettre de l'ordre dans le politique pour que l'économique commence à fonctionner», juge M. Benmihoub. Rappelant que les réserves de change se rétrécissent comme une peau de chagrin, et que le taux de croissance est au plus bas, l'invité de la Chaîne 3 relève que «si on se perd dans les périodes de transition, surtout de longue durée, on n'aura pas le temps d'organiser notre économie». Pour ce même analyste, il faut être responsable devant cette situation de crise, à laquelle est actuellement confrontée l'Algérie. Il est primordial «de prendre les décisions qui s'imposent». Et du moment que le climat politique fait partie de celui des affaires, et que la situation n'est pas encore claire sur le plan institutionnel, il estime que l'engagement économique sera à minima, donc l'investissement sera éventuellement à l'arrêt au moins durant deux mois et plus. «Le climat des affaires n'était pas bon déjà du fait de la corruption, de la bureaucratie, de l'instabilité juridique ou de la difficulté d'accès au crédit ; il risque de se dégrader davantage». Pour ce même expert, il faut entamer une période de transition politique mais de courte durée. «Il faut organiser l'élection présidentielle dans les plus courts délais», préconise-t-il. Pour ce qui est d'une éventuelle révision générale de la Constitution, il propose son ajournement car le processus peut prendre plusieurs années et ceci pour éviter au pays de se trouver dans l'impasse. En outre et afin d'assurer une bonne maîtrise du climat de mécontentement populaire, notamment pour préserver la machine financière du pays, M. Benmihoub recommande, en premier lieu, de prendre en urgence des mesures de sauvegarde sur les réserves de change, et ce, en les plaçant sous la supervision d'un comité ad hoc et non pas entre les seules mains de la Banque d'Algérie, afin d'éviter de les voir s'évaporer en partie. Il appelle également à modifier les manières de gestion des comptes publics du Trésor. «Il faut savoir que nos banques sont en ce moment en surliquidité. C'est un paradoxe. Cette situation est due à l'actionnement de la planche à billets qui a produit, à ce jour, 6.500.000 milliards de dinars», dit-il rappelant que «la semaine passée, la Banque d'Algérie a fait augmenter son taux de réserves obligataires à 12%», ce qui est contradictoire, selon lui, car, «d'un côté on imprime la monnaie et d'un autre on dit qu'il y a surliquidité au niveau des banques». Par ailleurs, il n'a pas manqué d'évoquer un risque de bloquer carrément les investissements si le mouvement populaire se poursuit et qu'en contrepartie, il n'y aura pas de solutions rapides. «Il y a un risque d'une situation de désinvestissement. Car face à la situation actuelle, les investisseurs auront tendance, soit à ne pas employer leurs capitaux, soit à investir dans des patrimoines», affirme M. Benmihoub.