La galerie Racim, située sur les rives de l'avenue Pasteur, en plein centre d'Alger, résonne ces jours-ci des lazzis les plus puissants réclamant à corps et à cris le départ d'une engeance coquine qui a gouverné le pays selon des critères qui, le moins que l'on puisse dire, n'ont pas beaucoup arrangé la culture… Taïeb Bennabas, depuis le début du mois d'avril, s'offre un printemps tranquille à l'ombre des cimaises de la galerie Racim. La vitesse de croisière est entamée et le débat sur l'art, la production artistique continue avec son lot de mots sur le marché de l'art, etc, etc. «Allégorie» est une exposition de quelques 37 travaux artistiques de grands et moyens formats, créés sur des pistes acryliques dédiées en somme à la peinture dans un univers farouchement créatif de la part d'une artiste régulier, qui pourtant offre à son public un élan renouvelé de peintures nouvelles. Taïeb Benabbas Bekhti laisse la part belle aux grands formats avec une nette adéquation de ses principes de base, il se livre, pieds et poings liés aux abstractions systématiques réalisées à l'acrylique sur des fonds quasiment analogues à des univers spatiaux. Pour cette fois, ce sont les profondeurs qui sont favorisés, autant de «naufrages», d'abandons aux profondeurs abyssales, des océans, ou… des âmes humaines qui, pour le plasticien, commencent par un début, au coin d'une toile, à droite, à gauche, on ne sait plus !? L'important est qu'il commence par un point, une note inaugurale, posée en questionnement qui dérive sur le reste de la toile avec un élan imaginatif qui frise la folie tant Taïeb Bennabas sort de son état de veille pour se concentrer sur ses pistes introspectives. Et pourtant le plasticien est bien ancré dans la réalité tangible d'une expression qui lui impose des réponses bien réelles sur 37 œuvres bien senties. Natif de Tissemsilt, il est actuellement inspecteur de dessin, après avoir suivi un cursus d'études supérieures en arts plastiques à Mostaganem. L'artiste possède à son actif de nombreuses expositions dont une collective à Tiaret, à Tissemsilt, Oran, Mostaganem et Khemis Miliana, ainsi que des participations au festival régional d'arts plastiques dans sa ville natale, au Festival national de Souk-Ahras, au Salon national d'Aïn Defla et à la galerie Asselah- Hocine, à Alger, ou au Printemps des arts au Palais de la culture Moufdi Zakaria. Pour l'instant, l'espace Racim accueille donc la nouvelle production de l'artiste Taieb Benabbas Bekhti, artiste peintre qui présente plus de 30 créations aux notes abstractives déclinées sur un ensemble de peintures qui nous livrent des examens assez originaux du rêve et de l'allégorie dans son sens le plus large. Le peintre dans sa générosité naturelle nous livre une abstraction gestuelle fine, déclinée à base de traits discontinus formant des espaces dynamiques colorés, puissants, prenant un espace précis du tableau quelque fois, pour démarrer son geste, et d'autres fois, les formes et couleurs prennent le parti d'envahir l'espace dans une plongée subtile. Le tout, sans jamais gêner le regard, ni altérer les sens du regardeur sans jamais perturber l'équilibre global des travaux. Taïeb, retombe sur ses pieds, il se «réveille» ensuite sur ses compositions qui laissent de grands vides jamais gênant, le plasticien met un point d'honneur à investir ses toiles d'un traitement savant, fin et techniquement irréprochable, ajoutant de la couleur à ses bleus, ses rouges ou ses blancs écrus, des traits, des points, des masses équilibrées, pour revisiter ses principes de structures, même si ces travaux comportent des blancs cassés très lourds, des ocres opaques et des couleurs vert-de gris assez évocatrices d'une épaisseur mélancolique. On ressent la profondeur dans ces écritures harmoniques qui empruntent à la musique ses plus belles compositions. Les formes et les allures gestuelles de l'artiste sont en fait tout sauf turbulentes, nous l'avons dit lors d'une précédente exposition, elles semblent encore moins agitées que de raison. Ses œuvres se construisent encore et toujours sur un équilibre visuel qui dégage non seulement une énergie douce, spontanée adoptant comme toujours d'une aussi constante démarche posée manifestement sur ses supports comme un texte pertinent. Il demeure pour nous un peintre lancinant malgré sa force contenue, mais qui ne saurait nous perturber, car attention au peintre somnolant, il faudrait surtout éviter de lui donner de trop grandes surfaces, Taïeb Benabbas ne s'arrêterait ainsi jamais de peindre. Jaoudet Gassouma Exposition du 23 mars au 28 avril 2019 à la Galerie Racim, 7 avenue Pasteur, Alger-Centre, entrée libre