Les partis de l'opposition estiment que l'installation, avant-hier mardi, d'Abdelkader Bensalah, à la tête de l'Etat pour une période de 90 jours, est incompatible avec les revendications de la société qualifiant cette démarche qu'ils rejettent de coup d'Etat contre la volonté populaire. Tous ont appelé à la poursuite du mouvement populaire jusqu'à, disent certains, la démission du nouveau chef de l'Etat. Une désignation « arrogante et affligeante, note le Front des forces socialistes (FFS) dans un communiqué, à travers lequel le plus vieux parti de l'opposition a dénoncé, encore une fois, cette énième mascarade et affirmé sa mobilisation aux côtés des Algériennes et Algériens afin de continuer à exiger le changement radical du régime et de ses symboles. « La désignation du désormais ex président du sénat, comme chef de l'état démontre la volonté du régime à maintenir l'ordre établi et à reprendre les choses en mains d'une manière violente et répressive», observe le FFS. En choisissant d'une manière obsolète et ridicule et par le biais des deux béquilles illégitimes du système, l'architecte des fraudes électorales massives et la normalisation autoritaire durant ces vingt-cinq dernières années, les tenants du pouvoir réel ont affiché leurs vraies intentions, poursuit le plus vieux parti de l'opposition qui dit craindre une volonté pour imposer une alternance clanique à l'intérieur du sérail. «Le FFS demande, encore une fois, au chef de l'Etat-Major de l'armée de ne plus s'immiscer dans les affaires politiques du pays », poursuit encore le communiqué du parti. Le recours à l'article 102 de la Constitution pour remplacer le président de la République démissionnaire, estime pour sa part, le parti des travailleurs (PT) de Louiza Hanoune, a pour unique objectif de sauver le système en confisquant la volonté et la souveraineté du peuple. «Seule une Assemblée constituante nationale souveraine composée de représentants réels mandatés par les différentes franges du peuple algérien et concrétisant son unité, est habilitée à définir la forme et la composante des institutions et du système démocratique qui garantissent l'ensemble des aspirations de la majorité écrasante à savoir, la démocratie et son volet politique, économique, social et culturel», note le parti dans un communiqué. Pour sa part, le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP), Abderzak Makri a souligné l'urgence de la mise en place de mesures politiques à travers, dit-il, le dialogue qui aboutira à l'installation d'une personnalité acceptée par le peuple, un chef d'Etat qui s'emploiera à la promulgation de décrets permettant de réaliser les réformes avant le retour au processus électoral. «Suite à l'installation d'Abdelkader Bensalah en qualité de chef de l'Etat, en présence des députés pro-pouvoir et contre la volonté du peuple, il est impératif que le mouvement populaire se poursuive jusqu'à ce que le nouveau chef d'Etat démissionne de son poste », note-t-il. Pour le président du MSP, l'organisation des élections avant la réalisation des réformes est comme un dédain vis-à-vis du peuple algérien, et une perte de l'image de la belle Algérie qu'a su dessiner le mouvement populaire partout dans le monde. C'est également, observe-t-il, mettre en péril la sécurité et la stabilité du pays. «Chaque partie doit assumer ses responsabilités», dit-il. De son côté, le président du Front de justice et de développement (FJD), Abdellah Djaballah a affirmé que ce système avait perdu sa légitimité et toutes ses décisions seront nuls. « Le peuple a revendiqué le changement», note-t-il dans un communiqué où il rejette l'installation de M. Bensalah au poste de Chef de l'Etat, l'estimant comme un des symboles du système dont le peuple a demandé l'exclusion de la scène politique. Pour Abdellah Djaballah, la décision n'apaisera pas le mouvement populaire car elle est en contradiction avec la revendication du peuple à savoir le changement radical du système de gouvernance. « Le FJD appelle le commandement de l'armée à respecter ses engagements solennels concernant l'application des articles 07 et 08 de la Constitution dans le cadre d'un consensus avec les forces politiques et sociales ainsi que les représentants du mouvement populaire en vue de préserver la sécurité et la stabilité et de respecter la légitimité populaire », poursuit-il.