La foule des grands jours était au rendez-vous hier vendredi à Tizi Ouzou. Pour le neuvième vendredi de suite, à Tizi-Ouzou, le second depuis la désignation d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim, la population est, à l'instar des autres régions du pays, descendue dans la rue. En réponse aux offres de sorties de crise du pouvoir dévoilées au courant de la semaine. Dont la démission du président du conseil constitutionnel Tayeb Belaïz et son remplacement par Feniche, le message du vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah et la convocation d'une conférence de concertation par la Présidence de la République pour lundi prochain. Dès 10h du matin, la placette de l'entrée principale du campus Hasnaoua I de l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, point de départ de la grandiose marche populaire pacifique, était déjà noire de monde et ce fut la même ambiance de convivialité et de créativité désormais traditionnelle depuis deux mois déjà. Réitérant son refus de la désignation d'Abdelkader Bensalah, comme chef d'Etat par intérim, son rejet des élections présidentielles convoquées pour le 4 juillet prochain et demandant une vraie transition démocratique sans les figures du système. «Peut-on faire confiance à un système ‘'pourri'' pour l'organisation d'un scrutin propre ?», s'interrogent-ils. Les slogans et mots d'ordre ont visé principalement Bensalah, le chef d'Etat intérimaire, le premier des 4 B à «dégager». «Arrêtez vos scénarios, le peuple n'est pas idiot», «Hier vous avez piétiné la Constitution et aujourd'hui vous voulez gouverner au nom de la Constitution ?», «1962 c'était la libération du pays, 2019, le peuple se libèrera par lui-même», scandaient les manifestants. Pendant que des femmes manifestantes brandissaient des pancartes dénonçant la police qui a déshabillé des manifestantes au commissariat de Baraki (banlieue d'Alger) ainsi que l'opération des services de sécurité contre des étudiants à l'intérieur de la fac de Saïd- Hamdine, (Alger) mercredi. D'autres slogans tels, «Djouma'a al karama, tarahlou yaani tarahlou», «Le peuple veut que vous dégagiez tous», «Un seul héros, le peuple», «L'Algérie est une République et non une monarchie», ou encore «Pour une transition sans le pouvoir», «Appliquons l'article 2019 : dégagez tous !», sont également repris en chœur par la foule. Parmi laquelle, l'ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) aux côtés de ses anciens compagnons de lutte dans le Mouvement culturel berbère (MCB) d'avril 1980, à l'image d'Arab Aknine, brandissant une pancarte rappelant la date historique de ces évènements du printemps berbère. Cette nouvelle démonstration de force, la neuvième du genre depuis le 22 février, intervient quatre jours après le dernier discours du chef d'Etat-major de l'ANP, le général Ahmed Gaïd Salah à travers lequel il a engagé l'institution militaire qu'il dirige à protéger les manifestations pacifiques. Le départ de Tayeb Belaïz de la présidence du Conseil constitutionnel, saluée par la classe politique et sur les réseaux sociaux, y voyant à la fois une réponse favorable aux revendications de la rue et l'ouverture de nouvelles perspectives politiques, n'a pas été suivi de la cascade de démissions attendues parmi les autres ‘'B''. «La démission du président du Conseil constitutionnel et la nomination de son successeur n'ont pas été saisies comme une chance pour entamer la mise en œuvre des articles 7 et 8 en complément à l'article 102 de la Constitution», a estimé Ali Benflis, le président de Talaie El Hourryet.