Le véritable pouvoir économique mondial et l'influence diplomatique reposent sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maitrise du savoir à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030. La crise politique en Algérie, conditionnant sa sécurité, doit être résolue impérativement avant la fin de l'année 2019, sinon il y a risque d'une récession économique et sociale, allant droit à la cessation de paiement et donc un retour au FMI à l' horizon 2021/2022. La rencontre initiée par l'actuel chef de l'Etat du 22 avril 2019 invitant partis politiques, personnalités et sociétés civiles a eu un résultat très mitigé, du fait de la non représentativité à cette rencontre des participants , pouvoir/opposition devant en tirer les leçons et non continuer dans une voie sans issue. Cet échec conduira t-il à la démission de l'actuel chef de l'Etat et du gouvernement ? Car cela pose la problématique de la sécurité nationale du fait que sans confiance Etat-citoyens, et ce dans tous les pays du monde, point de bonne gouvernance, pas de sécurité et pas de développement. Dans ce cas, il est illusoire, voire utopique de prévoir l'élection présidentielle pour le 4 juillet 2019 où on assiste déjà à une désobéissance civile tant des présidents d'APC que des magistrats dans bon nombre de wilayas, avec le risque d'un boycott massif ne résolvant en aucune manière la crise qui est avant tout politique, au contraire avec le risque de l'amplifier. Devant la gravité de la situation, le vice ministre de la défense nationale chef d'état-major de l'ANP ayant affirmé récemment que toutes les solutions sont ouvertes pour trouver rapidement une issue à la crise. Cela fait suite à la sentence de l'immense majorité de la population du 19 avril 2019 et des précédents manifestations depuis le 22 février 2019 rejetant l'actuel chef d'Etat, l'actuel premier ministre et le gouvernement où des ministres ont été hués lors de récents déplacements, montrant la confiance brisée avec les actuelles institutions, étant dans une impasse politique, nuisible à l'image de l'Algérie tant au niveau national qu'international. Tous les Partis du pouvoir et même de l'opposition avec leurs satellites issus de la société civile ont été hors circuit durant ces évènements, l'immense majorité de la population ne leur faisant pas confiance. Au vu d'élections administrées (fraude) depuis l‘indépendance politique, aucun parti en ce mois d'avril 2019 ne connait exactement sa représentativité réelle, ne pouvant donc pas dresser la réelle cartographie électorale. D'ailleurs nous assistons à un paradoxe, unique dans le monde, des alliances contre-nature, avec des programmes différents qui dans la vie courante ont un impact sur la structuration sociale et politique. Or, à l'avenir l' «Economique» sera déterminants où les alliances doivent avoir un socle commun : vision socialisante du passé, vision libérale ou vision socio-démocrate. Attention à ces slogans des courants extrémistes populistes, qui risquent de conduire le Hirak dans l'impasse : «dégagez tous !». S'il faut lutter contre la corruption, supposant une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la cité, devant avant tout reposer sur un état de droit et une justice réellement indépendante, la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l'ANP/forces de sécurité sont honnêtes, devant à tour prix éviter le vide des institutions, ce qui conduirait à l'anarchie profitable aux conservateurs. En ce mois d'avril 2019, nous avons des forces réformistes et des forces conservatrices. Les deux forces réformistes tenant compte de la période tragique des années 1990/1999, c'est la population et l'ANP/ forces de sécurité, qui ont payé un lourd tribu et Al Hirak, structure spontanée non organisée. Comme dans tout mouvement populaire, il est maladroit de demander à plus de 20 millions d'Algériens issus de toutes les couches de la population, traversés par des courants idéologiques contradictoires, de s'organiser. Al Hirak a des revendications politiques claires qu'il s ‘agit de satisfaire, appartenant aux organisations structurées, devant être morales, tant politiques que de la société civile de les prendre en charge, assistant actuellement au niveau des plateaux de télévisions à des déclarations de personnes, presque toujours les mêmes, qui désignent et s'auto-désignent (tout le monde devient expert) mais qui ne peuvent représenter Al Hirak dans toute sa composante complexe. L'ANP, en symbiose avec la population, ne renouvellera pas l'expérience tragique des années 1990, tant pour des raisons internes qu'externes pouvant isoler l'Algérie de l'arène internationale. Le haut commandement dans son immense majorité est composé de cadres de hauts niveaux et de hautes valeurs, n'étant pas une armée classique mais une armée populaire n'oubliant pas qu'il est lui-même traversé par les impacts de la société en perpétuelle évolution. L'Algérie sera avant tout ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu'elle soit, étant un grand pays, les forces externes acquises aux réformes étant consciente que toute déstabilisation de l'Algérie se répercuterait sur la région méditerranéenne et africaine (voir notre interview à l'American Herald Tribune 11 août 2018). Parallèlement, nous avons deux forces conservatrices très puissantes pouvant assister à des alliances contre-nature pour préserver les intérêts de la rente, quitte à déstabiliser l'Algérie (calcul de court terme) qui feront tout pour faire avorter les réformes et les revendications d'Al Hirak, avec des alliances externes de pays ou de réseaux qui ne veulent pas que la démocratie véritable et une économie de marché concurrentielle à finalité sociale s'instaurent en Algérie, ce qui aurait des incidences négatives sur certains pouvoirs et sur certains intérêts occultes. Ces deux forces, tissant des liens étroits égales avec la sphère informelle, sont la bureaucratie centrale et locale rentière présente dans tous les appareils de l'Etat et l'oligarchie financière rentière, non pas les véritables entrepreneurs créateurs de richesses. Quelles actions rapides pour une sortie de la crise politique en Algérie ? J'émets sept (07) propositions. Premièrement, devant la gravité de la situation, le vice-ministre de la défense nationale, chef d'état-major de l'ANP ayant affirmé récemment que toutes les solutions sont ouvertes pour trouver rapidement une issue à la crise, il y aura démission de l'actuel chef de l' Etat, le Haut Conseil de sécurité pouvant désigner une personne au maximum à cinq personnes, étant souhaitable trois (le chiffre doit être impair donnant deux voix au président) qui auront l'autorité de chef d'Etat, devant faire l'objet d'un minimum de consensus et surtout avoir une haute prohibité morale ne devant pas se présenter à la future élection présidentielle. Deuxièmement, l'actuel gouvernement devant démissionner, la nouvelle présidence transitoire, désignera un gouvernement de compétences nationales non partisan, des personnes morales chargées de gérer les affaires courantes jusqu'à la fin de l'année. Deux ministères doivent retenir l'attention : celui de la Justice et celui de l'Intérieur, tout en soulignant l'importance de la nomination rapide du gouverneur de la banque d'Algérie, indépendante de l'exécutif, selon la loi, afin de crédibiliser nos relations financières internationales, n'appartenant pas au ministère des Finances ou à des organes bureaucratiques le contrôle des changes. Troisièmement, la nouvelle présidence transitoire, installera, et c'est l'aspect le plus important, une commission indépendante de supervision des élections composée de représentants de la société civile dans sa diversité, les représentants d' Al Hirak, les représentants des partis politiques, et des personnalités candidats à l'élection présidentielle, avec des réseaux au niveau des wilayas et communes. Quatrièmement, le ministère de l'Intérieur, les walis (assurant seulement la logistique) et les actuels APC à dominance FLN/RND ne seront pas concernés par cette supervision, la centralisation des résultats se faisant au niveau de la commission nationale, et ce, afin d'éviter la fraude. Cinquièmement, la date de l'élection présidentielle devra avoir lieu le dernier trimestre 2019, avec une date précise. Sixièmement, l'ANP, en symbiose avec le mouvement populaire, (la sécurité permanente du pays devant impliquer la société), comme cela a été souligné par le haut commandement de l'ANP, veillera à des élections « transparentes» et accompagnera cette transition démocratique, pour revenir à ses missions constitutionnelles après l'élection présidentielle. Septièmement, afin d'éviter le vide institutionnel, seul un président légitime pourra réviser la Constitution, dissoudre l'APN et le Sénat et tracer les profondes réformes politiques, sociales et économiques qui doivent être contenues dans son programme. En résumé, vieillissement des élites politiques issues de la guerre de libération nationale, gestion volontariste, obsolescence du système politique et enjeux de pouvoir internes, crise économique, sociale et culturelle et contraintes externes de plus en plus pesantes ont révélés une réalité bien amère : l'absence dramatique d'une véritable stratégie nationale d'adaptation tant aux mutations internes qu'externes, le tout aboutissant à des incohérences, au manque de visibilité dans la démarche. Pour l'avenir, soit des réformes ou la récession/déstabilisation : pour preuve, entre 1963 et avril 2019, la nature du pouvoir n'a pas changé dans le fond mais seulement de formes dominée par les liens dialectiques, rente, monopole et logique rentière où directement et indirectement 98% des recettes en devises provenant de Sonatrach, qui est l'Algérie, et l'Algérie c'est Sonatrach. Le véritable pouvoir économique mondial et l'influence diplomatique reposent sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIe siècle sont la bonne gouvernance et la maitrise du savoir à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/20030. La crise politique en Algérie, conditionnant sa sécurité, doit être révolue impérativement avant la fin de l'année 2019, sinon il y a risque d'une récession économique et sociale, allant droit à la cessation de paiement et donc un retour au FMI horizon 2021/2022. Dans ce cas, il serait illusoire de parler d'indépendance politique et économique, sans compter du fait des tensions au niveau de la région africaine et méditerranéenne, des impacts géostratégiques (voir nos différentes contributions 2016/2019 sur www.google sur ce sujet et notre intervention à l'Ecole supérieure de Guerre à l'invitation du commandement de l'ANP 19 mars 2019).