La mise en détention provisoire de la secrétaire général du parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune par le Tribunal militaire de Blida, avant-hier jeudi a suscité de nombreuses réactions de la classe politique. Le Secrétariat permanent du Bureau politique de son parti a, dans un communiqué rendu public, le jour-même, dénoncé ce qu'il a qualifié de « dérive gravissime, un acte de criminalisation de l'action politique indépendante et l'expression d'une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait ». Le Front des forces socialistes (FFS) considère que rien ne peut justifier cet acte arbitraire et abusif. « Cette arrestation intervient dans un moment où la majorité des Algériennes et Algériens entament le troisième mois de contestation et de révolte pacifique afin de revendiquer, l'ouverture réelle des champs politique, médiatique et l'instauration d'un état de droit condition sine qua non à l'édification d'une justice indépendante », note-t-il dans un communiqué, exigeant sa libération immédiate. Pour Sofiane Djillali, le président de Jil Jadid, la mise en détention préventive de Mme Louisa Hanoune, première responsable d'un parti politique, pose clairement la question des libertés politiques et interroge sur les véritables intentions du nouveau pouvoir. « Faisant suite à une série d'arrestations d'anciens responsables du pays et d'hommes d'affaires, ce dernier acte fait peser de lourdes présomptions sur l'orientation que prend le cours des événements. L'implication de la justice militaire suppose des actes gravissimes des prévenus, tous civils ou retraités de l'armée », indique-t-il. Alors que le mouvement populaire appelle à la mise en place d'un Etat de droit, ces affaires judiciaires, a-t-il poursuivi, doivent être impérativement clarifiées auprès de l'opinion publique. Le régime de Bouteflika doit être remplacé par un processus démocratique et en aucun par un système autoritaire. Les Algériens refuseront tout détournement de leur révolution. La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH) a également dénoncé, avant-hier jeudi, la mise en détention provisoire de la secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), à l'issue de sa comparution devant le tribunal militaire de Blida dans le cadre de l'affaire des généraux Athmane Tartag et Mohamed Mediène et du frère de l'ancien président, Said Bouteflika poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation dont le complot contre l'Etat. « La situation prends dangereusement une autre tournure, le coup de force s'installe, en faveur d'une transition clanique, où de plus en plus, l'armée nationale populaire apparaît être au centre de la manœuvre », note l'organisation dans un communiqué. « Une escalade qui nous inquiète à plus d'un titre, cette affaire de conspiration contre l'armée ne sera-t-elle pas un bon alibi pour faire taire toutes les voix discordantes contre la feuille de route politique que le général Gaid veut imposer au peuple ? », s'est interrogée la LADDH.