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Mémoires anachroniques de l'Andalousie perdue
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 05 - 2019

Devenu mûr et plein de sagesse, Abd er-Rahmân El Qaïssari se trouvait un jour face à l'émir qui inspectait le chantier de la grande mosquée dont il avait entamé la construction. C'était l'an de grâce 786. Il faisait beau ce jour-là.
C'était le printemps et la nature, dans toute sa splendeur et sa somptuosité, se reflétait sur les eaux claires et limpides du Guadalquivir. Le chantier était là, planté dans un décor de grands jours. Le jeune Abd er-Rahmân travaillait comme chef d'équipe, sous l'autorité d'un grand architecte. Ils étaient nombreux les chefs d'équipe comme lui, tellement l'édification de cette œuvre gigantesque demandait des bras solides et des cerveaux bien consistants. - Comment t'appelles-tu, demanda l'émir à notre architecte ? - Je m'appelle Abd er-Rahmân El Qaïssari, répondit-il avec assurance. - Un nom bizarre, je l'avoue ! « Abd er-Rahmân », je le comprends, mais «El Qaïssari», à qui faisait-on allusion, en t'ayant nommé ainsi ? - Oh, émir des croyants, je suis le petit fils d'Izemis, votre conseiller. Et il vient de Césarée, cette ancienne capitale de la Numidie des Berbères amazighs que le savant et roi Juba a embellie et gouvernée. Mon père voulait tout simplement glorifier Allah le Tout Puissant, rendre hommage au souverain des Berbères et, en même temps, célébrer votre talent et votre esprit de justice en m'appelant Abd er-Rahmân. Il voulait aussi perpétuer cet amour pour les sciences et la culture qui existaient dans notre Césarée afin que sa progéniture ne puisse jamais oublier ce que furent les arts et la culture là-bas, en notre terre, pendant une période appréciable de l'Histoire de l'humanité. Mon grand-père, enfin, nous dit souvent que nous sommes venus dans ce pays, pour propager la voie d'Allah et construire une civilisation à la hauteur de nos capacités, une civilisation qui perdurera malgré l'érosion du temps et la haine des hommes. - Tu parles bien, jeune homme de bonne famille ! En tout cas, ce que je viens d'entendre me va droit au cœur, et je peux te rassurer qu'ils ont raison tes parents de t'avoir appelé ainsi ! Je suis de tout cœur avec eux, car qui ne révère pas ses origines n'est pas digne de respect, de même qu'il ne pourra jamais comprendre cette sensation forte qui exhale les senteurs d'un pays où sont nés les ancêtres. Regarde, moi par exemple, je conserve fidèlement les souvenirs de mon enfance. J'ai en moi-même un tendre amour pour «Biled Ec-Chem», mon pays natal. Cela ne peut disparaître, il restera à jamais dans mon esprit. Pour cela, je t'informe – et je n'en rougis pas – que j'ai même planté dans mon jardin, ici à Cordoue, un palmier que je me suis fait ramener du désert de Syrie, de Palmyre plus exactement, cette capitale de la reine Zenoubia. Et quand le chagrin me prend, je m'assois à l'ombre de ses palmes et je répète, avec nostalgie, ces vers très bien connus : «Beau palmier, tu es comme moi étranger en ces lieux, et les vents de l'ouest caressent mollement tes rameaux. Tes racines trouvent un sol fécond et ta tête s'étale au milieu de l'air pur. Ah ! Comme moi, tu verseras des larmes si tu pouvais ressentir les soucis qui me dévorent. Tu n'as rien à craindre de la mauvaise fortune, et moi je suis toujours exposé à ses atteintes. Quand le sort cruel et la fureur d'El Abbas me bannirent de ma chère patrie, mes pleurs arrosèrent souvent les palmiers qui croissent sur les bords de l'Euphrate. Mais ni les palmiers, ni le fleuve n'ont conservé la mémoire de mes douleurs. Toi, beau palmier, tu ne regrettes point ta patrie… » Moi, par contre, jeune homme de bonne famille, je regrette ma patrie ! Et d'ailleurs, pourquoi vais-je oublier ou renier mes origines ? Les Omeyyades ne sont-ils pas une grande dynastie pour que je plie, aussi facilement, devant les Abbassides qui nous ont massacrés en 750 à Damas, pour nous subtiliser le pouvoir ? La terre d'Allah est très vaste et Biled El Andalus est une région où l'Islam s'est cristallisé et enraciné… Alors, je me suis fait un devoir pour venir ici et continuer mon combat en mettant toute mon énergie et ma raison au service de ce pays qui, désormais, attend beaucoup de nous. Et puisque je n'oublierai jamais mes ancêtres qui ont tellement donné pour la culture de l'Islam, je persiste, tout en restant attaché au califat de Bagdad sur le plan religieux, à m'éloigner de lui sur le plan politique pour en faire de ce pays un Etat vraiment indépendant aux couleurs du progrès et du développement culturel et scientifique. Ainsi, tout en luttant contre certaines forces qui m'ont été imposées, justement, par ces Abbassides et également par les Francs, je m'attache à rétablir la justice en supprimant l'oppression et l'arbitraire, à jeter les bases politiques et administratives de mon califat en même temps que je m'occupe de la réalisation des universités et des bibliothèques après avoir construit les écoles, les routes, les ponts et les canaux d'irrigations pour développer l'agriculture… Voilà quelle est ma démarche dans cette principauté indépendante que je souhaite tout en progrès et en parfaite harmonie avec les programmes que je tiens à réaliser pendant mon règne, avec votre aide et votre soutien. Je n'ai pas fais l'expansion de l'Islam pour augmenter mon potentiel de guerre, ce n'est pas du tout mon intention. Je veux marcher dans le sentier de la paix, de la concorde et non dans le sentier de la haine et de la souffrance… Mais, si l'on tient à nous provoquer ou à nous déstabiliser, notre courage et notre détermination seront utilisés contre nos adversaires pour rétablir justement cette paix pour laquelle nous vivons. L'exemple de Charlemagne est éloquent, jeune homme. Souviens-toi, quand il a dû essuyer devant mes armées une sacrée défaite dans les Pyrénées, le 15 août 778. Souviens-toi de cette fameuse bataille du col de Roncevaux où ses meilleurs soldats, dont Roland et sa légendaire épée Durandal, ont dû abdiquer devant les nôtres. En tout cas, leur Histoire qui sera écrite, d'une façon unilatérale, dira ce qu'elle voudra demain…, mais c'est cela la stricte réalité, c'est cela toute la vérité. Edifié par ce langage, l'architecte Abd er-Rahmân El Qaïssari ne savait quoi répondre. Il gardait, néanmoins, cette bonne impression que peu de souverains dégageaient devant leurs sujets. Effectivement, l'émir de Cordoue s'avérait être un homme d'un éminent mérite. Actif, et brave, il fut surnommé le juste par un peuple pour qui l'équité était l'une des vertus cardinales. Avant de quitter le chantier, il s'adressa à toutes les équipes présentes dans ce style : - Je vous informe que je veux faire de la mosquée de Cordoue, l'une des plus belles au monde. J'exige que vous mettiez toute votre ardeur, votre savoir-faire, votre talent et votre sueur, le temps qu'il faudra. Je veux que la «Mezquita de Córdoba», comme l'appellent nos frères chrétiens et juifs de Biled El Andalus, soit l'un des monuments majeurs de l'architecture islamique. C'est pour cela que je dois édifier ce lieu du culte sur les restes de l'ancienne église des Wisigoths «San Vicente». Notre mosquée doit s'ériger dans la tradition et l'innovation. Elle doit être marquée par l'architecture antérieure, tant islamique que locale. Je veux qu'elle soit connue dans le monde entier pour cette raison, étant le monument le plus accompli de l'art des Omeyyades en Biled El Andalus. Enfin, cette belle œuvre, une fois terminée, illustrera ainsi l'affirmation de notre nouveau pouvoir, un pouvoir juste, amène et loyal, comme elle illustrera la formation d'une identité culturelle. Mais, en exigeant de vous ces efforts colossaux, cela ne veut pas dire que je recherche le luxe et la magnificence. J'aime moins encore les ornements surchargés d'or et de pierreries que les œuvres d'art qui parlent au sentiment et les créations de l'intelligence qui sont susceptibles d'élever l'esprit. Encore une fois, l'architecte Abd er-Rahmân El Qaïssari était aux anges en assistant à une réunion de chantier et à un discours pareil. Franchement, il n'en revenait pas, en entendant l'émir des croyants prodiguer, concernant une entreprise de cette ampleur, des orientations d'une manière humble et détendue, et livrer ce qu'il avait dans le cœur, avec la modestie des grands hommes. Bien plus que cela car, avant de repartir avec sa suite, l'émir devait encore l'étonner davantage, en le prenant par la main et en l'invitant à faire quelques pas avec lui dans cette surface impressionnante qui a été réservée à la construction de la maison de Dieu. Le jeune architecte El Qaïssari sentait qu'il voulait lui dire plus encore, qu'il voulait lui livrer quelques unes de ses préoccupations. - Vois-tu, mon enfant, je suis très nostalgique de ma Syrie d'origine, comme l'est certainement ton grand père de sa Numidie berbère et de la splendide Césarée, sa capitale. Ainsi, je tente de recréer, dans ma terre d'exil, le faste et la splendeur de Damas. C'est pour cela que je te demande, toi qui comprends mieux que les autres ce qu'est l'attachement à ses origines, de superviser personnellement certains aspects de la construction et d'autres réalisations qui ont leur importance à mes yeux et dans l'esprit de plusieurs amateurs d'art et de culture. Comme je te demande de suivre la plantation des fleurs et des arbres, que j'ai ramenés de «là-bas», pour les jardins qui doivent émettre, en toutes saisons, ces douces fragrances de chez nous. Il n'y a pas que cela, il y a cette emprise qui doit se retrouver dans la grande mosquée même, au travers, notamment, du toit et de sa charpente. Je veux aussi que les bâtiments locaux, reflètent une sensible ascendance de ces édifices arabes où abondent les arcs en fer à cheval et les colonnes en marbre bleu et rose, avec leurs chapiteaux que nous allons prendre de palais antiques ou carrément d'édifices wisigothiques abandonnés. Une dernière recommandation : je ne suis pas spécialiste comme toi, mais j'ose de demander de superviser avec d'autres experts, d'importantes innovations qui doivent absolument être réalisées dans cet édifice. Je trouve nécessaire par exemple qu'il faille modifier les colonnes wisigothiques, qui sont bien plus petites et plus fines que les colonnes syriennes. Il faut qu'avec d'autres architectes tu
puisses imaginer une colonnade à deux étages d'arcs. Ce sera une disposition qui confèrera au monument une incroyable légèreté, et qui sera renforcée par le décor sobre des arcs, qui jouera sur la polychromie entre les briques rouges et la pierre blanche. Après, si Allah veut, et si je suis encore de ce monde, je te solliciterai pour d'autres travaux qui sont très importants dans un édifice de cette richesse. Je te demanderai de créer un décor exceptionnel pour notre maison d'Allah. Je voudrai noter la présence de «sourates» du Coran en mosaïques à fond d'or. Celles-ci doivent être réalisées par d'excellents calligraphes. Je pencherai plutôt pour les Byzantins – ils sont les plus experts – que je demanderai auprès du «Basileus» en reconnaissance de notre amitié. Je les lui demanderai comme «présent» à son homologue d'El Andalus. Vois-tu, transcrire le Coran, en tant que texte sacré, est un acte de foi. C'est ainsi, qu'une insistance particulière doit donc être portée sur la calligraphie. Je souhaiterai également que tout doit être dessiné en caractère koufique, cette belle écriture reconnaissable à ses angles droits et à ses longues hampes. Ce discours, tout en impressionnant l'architecte Abd er-Rahmân El Qaïssari, à cause de sa profondeur et de sa précision, ne l'a pas pour autant étonné puisqu'il venait d'un souverain, comme celui de Cordoue, dont l'Histoire retiendra la grande aménité et la suprême conviction pour tout ce qu'il entreprenait. La mosquée de Cordoue, construite en plein quartier historique de la ville, sera un des plus beaux exemples de l'art musulman. Elle devrait présenter un mélange de styles architecturaux superposés. Une fois terminée, ceux-là allaient se succéder au fil des siècles de constructions et de rénovations, parce que tous les souverains, passionnés par la beauté et la splendeur de cette œuvre magistrale, allaient l'imprégner de leur «caractère», afin qu'elle soit le fruit de tous. Il y allait avoir en eux cette fierté pour leur contribution à l'un des fleurons de l'architecture andalouse. El Qaïssari continuait son œuvre. Il travaillait durement, parce que pénétré de cette volonté inébranlable et de cette croyance qui faisaient de lui le plus zélé dans ce chantier où pullulaient les encadreurs aux côtés d'artisans, de sculpteurs, de mosaïstes et de maçons qualifiés. La Mosquée de Cordoue devait briller de tout son lustre, comme le voulaient ses concepteurs, afin de faire rayonner, à travers l'Islam, une lumineuse civilisation pluriculturelle baignée d'orientalisme où devaient s'épanouir dans les modes de vie, la littérature, l'architecture, le faste et le raffinement des musulmans de l'Andalousie. Mais la Grande mosquée mettra beaucoup de temps pour s'achever, non pas à cause du manque de technicité, de savoir-faire ou de main-d'œuvre, mais parce que plusieurs souverains allaient réaliser des aménagements intérieurs et extérieurs, notamment Abd er-Rahmân III, qui lui construira un nouveau minaret, presque un siècle après son prédécesseur, ensuite El Hakem II, qui agrandira le plan de l'édifice et fera décorer le «mihrab», qui sera l'un des plus importants mihrabs du monde musulman et la pièce la plus noble de la mosquée. Enfin, du temps d'El Mançour qui réalisera la dernière des rénovations, en 987, la mosquée se terminera alors avec 856 colonnes en marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche. Et là, il en résultera «l'apparence intérieure d'un labyrinthe de colonnes d'une grande beauté, avec une arcature double et un arc en fer à cheval. » La décoration sera faite de mosaïque byzantine et de marbres taillés. Le patio de «los Naranjos» sera l'accès à l'enceinte. Les grands monuments de Cordoue étaient sérieusement pris en charge. Il y avait aussi d'autres projets qui retenaient l'attention de l'architecte El Qaïssari. Il y avait El Qasr ou «l'Alcazar» qui allait s'ériger dans les normes de grands palais pour être la demeure du calife et, en même temps, le centre de rayonnement d'un gouvernement qui allait gérer tout le califat de Cordoue. Il y avait aussi la «Médina», qui se construisait à l'intérieur des remparts, ainsi que les autres commodités, pareilles à celles de ces grandes cités, comme le marché principalement et les différents bains publics. En l'année 788 s'éteignit le patriarche Izemis. C'était l'année où le calife Abd er-Rahmân I devait également rejoindre le Seigneur. Le jeune architecte El Qaïssari aura donc perdu deux grands «inspirateurs», son grand-père et son calife, deux personnages qu'il a tant aimés. L'un, parce qu'il lui a légué la morale, la rigueur et les principes, l'autre, parce qu'il l'a engagé à se servir de son intelligence pour la mettre au service de son pays et de ceux qui en avaient le plus besoin. Izemis, son grand-père aura vécu presque un siècle dans une ambiance de contribution active et concrète à l'édification d'un pays, d'un Etat et d'une civilisation. Il s'éteignit calmement dans la chaleur d'un foyer où personne n'a démérité, mieux encore, où tous ont fait la gloire d'une région jusque-là soumise à tant de problèmes, de prétention et de besoins. Il rendit l'âme satisfait d'avoir rempli entièrement sa mission, devant Dieu et devant les hommes. Ses enfants, ses petits-enfants et ses arrières, arrières petits-enfants, lui rendront bien cet amour en perpétuant son esprit à travers les siècles… Il sera présent avec eux et avec les autres, ceux dont les parents sont venus de la même cité pour glorifier le travail, célébrer la justice et louer Dieu. Faisons en sorte qu'Izemis soit toujours vivant…, que son esprit soit avec nous, partout dans ce récit, comme le sont les héros de contes et légendes d'autrefois. Il sera donc présent, dans tous les chapitres, pour agrémenter cette impressionnante chronologie de nos ancêtres. 8 - Le berbère Moussa Ibn Moussa El Fateh Ainsi, Hichem Ibn Abdallah Ibn Izemis El Qaïssari, comme son père, n'a pas été loin pour choisir son épouse. Les Berbères qui ont conquis cette partie du Bassin méditerranéen ont laissé une remarquable progéniture. Remarquable, en effet, parce que tous, ou la plupart, deviennent des personnages sur qui Biled El Andalus devait compter. Leurs filles ne décevaient jamais et ne déméritaient pas quand elles étaient chargées d'un quelconque travail. Leur comportement restait celui de ces filles de «grandes tentes» qui savent tenir convenablement leur foyer, qui participent à la vie sociale, économique et même politique du pays, qui respectent enfin leur famille et l'honorent en toute circonstance. C'est avec cette communauté, dont il était issu, qu'il s'est engagé pour bâtir son avenir familial. Son épouse, une fille de lettres, tenait par ailleurs convenablement son foyer et lui donnait, ainsi qu'à leurs enfants, toutes les satisfactions qui aidaient à rendre leur vie meilleure. Elle dirigeait, selon ses capacités, la bibliothèque du plus important quartier de Cordoue qu'elle avait, elle-même, constituée avec l'aide d'un groupe d'écrivains, de traducteurs et de copistes. Sa bibliothèque qui s'ajoutait aux trois autres qui s'organisaient sous l'impulsion des responsables et d'autres lettrés de Cordoue, s'appelait «Dar Batleymus» ou (la Maison de Ptolémée). N'était-ce pas une manière d'honorer, encore une fois, les ancêtres berbères, en terre qui n'était plus étrangère, puisque conquise pour être libérée des affres de l'ignorance ? Et Ptolémée, bien sûr, n'était-il pas le roi savant qui vécut à Césarée, la capitale de sa Numidie ancestrale, qui a été érigée par son père Juba II ? Dans cette famille, native de sang berbère auquel s'ajoutait du sang espagnol par le biais de convertis (les mudéjars), poussaient de grands hommes, et de femmes, bien sûr, toutes et tous adeptes des arts et des lettres, de louables scientifiques et de fins diplomates. Ils contribuaient, tout au long de ces nombreuses étapes qu'a connues l'Andalousie, au développement des soubassements qui ont fait la suprématie de ce pays, sous des chefs musulmans d'une expérience avérée et qui procédaient d'une aptitude certaine dans tous les domaines. Cette suprématie, elle-même, était «basée sur une activité commerciale importante, une force industrielle développée et un savoir-faire agricole bien plus efficaces comparé à ce que le reste de l'Europe pouvait offrir à cette période», selon le professeur José Félix Barrio dans «l'Espagne musulmane». L'émirat de Cordoue et, plus tard, le califat de Cordoue, fondait sa politique économique – qu'il privilégiait sur toute autre politique – sur l'unité monétaire et «l'adoption de ce système jouait un rôle capital dans sa magnificence financière». La pièce d'or de Cordoue devenait, en ce temps, la première monnaie fiable et évidente, si bien qu'elle a été reproduite par les Francs du temps de Charlemagne pour l'Empire carolingien.


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