Un groupe d'Oulémas, musulmans algériens, a appelé, avant-hier jeudi, l'armée, la classe politique et le mouvement populaire, à aller vers une période de transition menée par une «personnalité consensuelle», qui a la confiance de la majorité du peuple pour mener le pays à des élections libres, honnêtes et crédibles pour éviter au pays l'impasse intégrale. La situation dans le pays, écrivent-ils dans un communiqué rendu public avant-hier jeudi, est dangereuse et complexe. «Il faut donc intervenir rapidement et pacifiquement et d'une manière consensuelle pour régler la crise à travers la mise en application des articles 7 et 8 de la Constitution qui portent sur la souveraineté du peuple», notent-ils, estimant que le référendum fait par le peuple durant les vendredis du mouvement populaire suffit à lui-même. La personnalité désignée, poursuivent-ils, aura à former un gouvernement de compétences nationales, «non condamnées dans les différentes périodes de notre Histoire», créer une instance pour superviser et organiser les élections «du début jusqu'à la fin», et, organiser une conférence de dialogue national globale et sans exclusive chargée de «poser les jalons de l'avenir en dessinant les contours d'un Etat qui immunise l'Algérie et les citoyens contre cette putréfaction politique, économique, culturelle et sociale et lui évite toute sorte de dépendance». En guise de couronnement de ce processus de transition, les Oulémas suggèrent l'ouverture de la compétition politique entre les «honnêtes et intègres hommes» pour choisir, via une élection présidentielle, celui qui aura à diriger le pays en s'engageant, disent-ils, à «protéger le pays, défendre ses acquis, développer ses vocations et à mieux exploiter ses ressources». Les rédacteurs du document, près d'une trentaine d'Oulémas, qui disent représenter toutes les régions du pays et toutes les écoles doctrinaires, appellent le peuple algérien à sauvegarder l'unité nationale, maintenir son pacifisme, respecter les constantes nationales et faire échec aux intrus et aux arrivistes qui veulent détourner le fleuve du mouvement populaire de sa vraie trajectoire. Tout en saluant la résistance de l'Armée à la protection du pays, et son accompagnement du mouvement populaire ainsi sa compréhension de ses revendications, ces Oulémas invitent les élites politiques à s'élever au niveau des exigences du mouvement populaire et de la nécessité d'opérer une rupture avec les pratiques du passé avec ses corrompus et ses corrupteurs. «L'impasse a atteint une telle dangerosité qu'une intervention pacifique et consensuelle devient une urgence nationale», observent-ils, invitant, au passage, tous ceux qui «partagent la même conviction» à les rejoindre. «Nous sommes appelés à fournir plus d'effort pour aboutir à une unité des rangs et atteindre l'objectif à savoir l'intérêt suprême du pays». Parmi les signataires de cet appel-proposition, le doyen Mohamed Tahar Ait Aldjat, Dr Abderrazak Guessoum, président de l'association des Oulémas musulmans algériens, Belhadj Chérifi, membre du Conseil «aâmi Said des Ibadites», Said Chibane, ancien ministre des Affaires religieuses, Mohamed El Maamoun El Kacimi, cheikh de la zaouia d'El Hamel de Bou Saâda et président de la Ligue des zaouias Erahmaniya.