Le 22 février 2019, des millions d'Algériens, toutes classes sociales et tous âges confondus, sont sortis dans les rues de l'ensemble des grandes villes du pays pour manifester pacifiquement, crier leur colère et refuser l'humiliation qu'un pouvoir arrogant et sûr de lui voulait encore leur faire subir en annonçant la candidature pour un cinquième mandat d'un homme qui vit à l'état végétatif depuis cinq ans. Par leur caractère massif et strictement pacifique, les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l'admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d'appartenir à une grande nation. Elles auront également fortement contribué à renforcer l'unité nationale et la volonté du vivre ensemble, quelles que soient nos différences politiques et nos sensibilités culturelles ou doctrinaires. Après avoir obtenu la démission forcée du président candidat moribond, les manifestants dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l'instauration d'un Etat de droit et d'une véritable démocratie, en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n'ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années. Cette période est nécessaire pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d'exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes, - un processus qui va dans le sens de l'histoire, et que rien ni personne ne saurait arrêter. Porteuse de graves dangers dans une situation régionale tendue, la situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet ne pourra que retarder l'avènement inéluctable d'une nouvelle République. Car comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu'elles sont d'ores et déjà rejetées par l'immense majorité de la population parce qu'organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? C'est pourquoi nous, signataires de la déclaration du 7 octobre 2017 ainsi que du présent appel, demandons instamment au commandement de l'ANP de nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen (harak), des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent, afin de trouver au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s'expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois.