L'avenir des relations entre l'Iran et les pays de l'Union européenne (UE), devenues altérées à la suite de désaccords sur le traité nucléaire, amplifiés après l'arraisonnement d'un pétrolier iranien au large de Gibraltar, va être largement discuté lundi lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères européens à Bruxelles qui sera axée sur le dossier iranien. Cette rencontre qui intervient après l'échec d'initiatives individuelles prises par certains pays, à l'image de la France et de la Grande-Bretagne en vue de dissiper les différends avec l'Iran, aspire à dégager une approche européenne commune en terme des rapports avec l'Iran. Cette approche serait basée sur «des concessions» des deux parties, ont laissé entendre les ministres des Affaires étrangères britannique et français respectivement, Jeremy Hunt et Jean-Yves le Drian. Avant d'entamer les discussions avec ses homologues européens sur le dossier nucléaire iranien, le chef de la diplomatie britannique a fait part de la volonté de la Grande-Bretagne de «réduire les tensions avec l'Iran». Les tensions dans la région sont devenues tendues particulièrement après le retrait unilatéral des Etats-Unis en mai 2018 de l'accord sur le nucléaire signé en 2015. "L'accord n'est pas encore mort et nous voulons donner à l'Iran «une possibilité de revenir sur ses mesures en contravention avec ses engagements», a affirmé M. Hunt à son arrivée pour la réunion à Bruxelles avec ses homologues de l'UE. Pour sa part, M. le Drian a déclaré: «l'Iran a pris de mauvaises décisions en réaction à la mauvaise décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord et d'imposer des sanctions dont la portée extraterritoriale touche de front les avantages économiques que le pays pouvait retirer de l'accord. Nous souhaitons que l'Iran revienne dans l'accord et respecte ses engagements». Auparavant, le ministre des Affaires étrangères britannique a indiqué en faisant allusion à l'incident de l'arraisonnement du pétrolier iranien «que la Grande-Bretagne veut réduire les tensions (...) au sujet du Grace 1». Les déclarations des chefs de la diplomatie française et britannique laissent planer qu'une probable libération du pétrolier iranien aura lieu dans les prochaines jours. L'hypothèse de libération du pétrolier iranien a été, pour rappel, déjà abordée par le chef de la diplomatie britannique, en la conditionnant par la présentation par l'Iran de «garanties». «Je l'ai rassuré sur le fait que notre préoccupation était la destination et non l'origine du pétrole sur le Grace One et que le Royaume-Uni faciliterait sa libération si nous avions des garanties qu'il ne serait pas envoyé en Syrie, à l'issue d'une procédure régulière devant la justice de Gibraltar», a tweeté auparavant M. Hunt. Les accusations de la Grande-Bretagne au sujet de transporter du pétrole au profit de la Syrie ont été, rappelons-le, démenties formellement par l'Iran. L'hypothèse a, par ailleurs, beaucoup de chances de se réaliser, selon des analystes, car l'Iran ne donne pas un autre choix pour les pays européens quant au traité sur le nucléaire. En effet, le désengagement de l'Iran sur le traité nucléaire de façon totale pourrait s'avérer, s'accordent à dire les observateurs, fatal pour nombre de pays de l'UE, et ce, sur tous les plans. La décision de l'Iran de revoir ses engagements sur le traité nucléaire signé en 2015, a été motivée par le fait que les pays de l'Union européenne dont particulièrement la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, n'ont pas su contourner les sanctions américaines en termes des échanges commerciaux. Les pays en question avaient promis d'acheter le pétrole iranien après le retrait unilatéral des Etats-Unis du traité sur le nucléaire, mais force est de constater que ces derniers n'ont pas tenu leurs engagements de craintes de représailles de la part des Etats-Unis, dont le président Donald Trump avait déjà menacé «quiconque faisant des affaires avec l'Iran», qu'il "ne fera pas d'affaires avec les Etats-Unis". Cette situation ne décourage en rien Téhéran de «tenir tête» aux Etats-Unis et de les mettre en garde contre «toute attaque militaire contre l'Iran».