C'est à croire que Djamel Belmadi porte, au fil des décennies, les plus grands espoirs du football national sur ses épaules. Il disait à chaque rencontre avec les médias qu'il est un homme qui ne sait pas jouer pour jouer, et d'ajouter «mes joueurs ont aussi ça en eux : ils sont généreux et ne rechignent pas à l'effort». «Pour gagner, ils veulent cette victoire et Inchallah, nous la décrocherons, et elle sera dédiée au peuple algérien qui mérite cette joie, cette liberté de la fêter que ce soit chez nous en Algérie ou au niveau des autres nations où il existe un seul algérien», renchérit-il. Les protégés de Belmadi ont des trémolos dans la voix lorsqu'ils évoquent sa «culture de la gagne» et ses indéniables qualités de meneur d'hommes. Alors ce vendredi, les Verts ont rendez-vous, au stade du Caire, avec leur propre histoire. Décrocher la deuxième étoile qui manque au maillot. Mission pas impossible, disent les joueurs. «Oui, nous défendrons crânement nos chances comme nous l'avons fait depuis notre entrée en scène dans cette CAN-2019». On a longtemps cherché quel style de jeu que Belmadi comptait donner à son équipe pour que la seconde étoile ne leur file surtout pas, mais cela reste un secret. Si les Sénégalais, qui sont à leur deuxième finale, ils voudront décrocher leur troisième, après leur défaite face aux Camerounais en 2002 (0-0, 3-2 tab). Les Fennecs, eux, sont en train de vivre ce que l'Algérie n'a pas vécu depuis 29 ans, soit depuis 1990, l'année qui nous renvoie au sacre qu'elle a obtenue. C'était face aux Nigérians (1-0). L'autre finale de la CAN a eu lieu 10 ans plus tôt avec la lourde défaite face au Nigeria (3-0). Ce vendredi, on jouera la deuxième étoile pour les Verts ou la première pour le Sénégal. Les professionnels avertissent. Le duel ne sera pas facile à négocier sur le terrain. Le plus gros, soulignent les techniciens, est fait quelque soit le résultat. Ils sont finalistes, c'est déjà un bonheur, une naissance d'un groupe qui rehausse l'image, non seulement du football national, mais aussi du pays. Grâce à l'armada algérienne, ils sauront riposter comme elle l'a fait depuis le début de cette édition. Même si le côté psychologique a son importance, les «enfants» de Belmadi savent qu'ils doivent aller jusqu'au bout pour écrire l'histoire, leur page d'histoire. Ils le savent. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur, et le sélectionneur algérien a formé le groupe qu'il pensait le meilleur pour avancer vers le trophée. Il a réussi à les mobiliser, à les unir et à assurer une solidarité entre les joueurs, sur le terrain d'abord mais aussi dans la vie de tous les jours, ensuite ce que personne parmi les sélectionneurs passés n'ont réussi à faire. Ce qui est essentiel, voire important pour chaque joueur. L'ambiance que découvrent les supporters n'a jamais était aussi exceptionnelle depuis des années comme celle qui couvre les Guerriers, alors pourquoi ne pas refaire le match. «On n'est pas arrivé à ce niveau pour lâcher, on va tout faire pour terminer en beauté». Il y a toujours, quelque part, ceux qui parlent de fatigue mais la récupération est estimée suffisante par le groupe pour terminer le trajet le plus méchant certainement. Christopher Oualembo, l'ex-milieu international de la RD Congo, consultant chez Canal+, avait vu juste en pronostiquant une finale Algérie-Sénégal. D'autre part, il précise que l'Algérie reste, au terme d'une coupe qui s'achève, la meilleure équipe qui a su montrer tout son dynamisme et son engagement. Ce sont les enfants de l'école de Belmadi qui avancent et qui a libéré l'équipe nationale d'un passé marqué par une cacophonie qui ne dit pas son nom. Les supporters algériens, dira-t-il, «ont une folle patient pour le football. Elle est historique. Ce n'est pas que dans le foot, ça parle dans l'histoire. Les Algériens sont très fiers de leur pays. Ils défendent leurs couleurs comme peu dans le monde entier, et on se rend compte, lorsque l'Equipe nationale joue, il se passe réellement quelque chose, pour avoir joué en 1968 en RDC, je peux vous dire que c'est une nation qui peut compter sur ses supporters». Il a parfaitement raison puisque «rien n'est laissé au hasard. Il donne des clés aux joueurs afin qu'ils sachent à quoi s'attendre, selon l'adversaire». Pour cette finale justement, 28 avions seront affrétés pour transporter 4 800 supporters en partance des quatre coins du pays vers le Caire. Ils rejoindront les 1 200 fans déjà sur place. Une flotte qui sera importante puisque 13 avions de la compagnie nationale Air-Algérie, 6 de la compagnie Tassilis Airlines et 9 avions militaires.