Au lendemain de la réception par le chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, le panel des personnalités qui devront conduire le dialogue inclusif, pour tenter de trouver une solution consensuelle à la crise, les Algériens ont opté pour le 23 ème vendredi de suite pour la rue. Ils poursuivent leur révolte pacifique pour l'installation d'une nouvelle Algérie libre et démocratique, assainie des pratiques machiavéliques du système de Bouteflika avorté par le soulèvement populaire du 22 février dernier, après 20 ans de règne. Dans une conjoncture sensible sur le plan national qu'international, les manifestants qui se sont rencontrés tôt le matin au niveau de la Grande-poste ont appelé à la libération effective de tous les détenus du « Hirak » ainsi que le départ de tous les symboles du système politique en place afin d'amorcer la phase du débat et négocier la période de transition qui suivra l'organisation des élections présidentielles. Pour la première fois depuis le début du mouvement, le tramway reprend duservice, contrairement au métro qui demeure fermé aux usager, tandis que le dispositif policier déployé au centre d'Alger et aux lisières de chaque allée demeure le même. Ce qui ne traduit pas les procédures d'apaisement citées la vielle par le chef d'Etat, Abdelkader Bensalah qui avait également fait allusion à la libération de tous les détenus d'opinion, comme réponse aux préalables posés par les personnalités désignées pour le dialogue. Comme à leur habitude, les premiers groupes de manifestants fidèles au mouvement historique du 22 février arrivent tôt le matin à la place emblématique de la Grande-poste. Après un rassemblement improvisé, le premier cortège emprunte son itinéraire habituel et scande à l'orée des dernières revendications, le départ de Gaïd Salah ainsi que le reste de la « bande » et réaffirme leur attachement à la construction d'un «Etat civil et non militaire». C'est le message transcrit sur la plupart des pancartes des manifestants. 14h15, le nombre de manifestants à la surprise de ceux qui s'attendaient à l'essoufflement du mouvement après les dernières déclarations et mutations politiques est aussi important que celui des précédentes mobilisations. Même ardeur et détermination s'accaparent du mouvement des manifestants qui a battu le pavé pour le quatrième mois d'affilée. L'objectif des Algériens qui se sont engagés à maintenir la pression sur le pouvoir jusqu'à l'aboutissement de leur objectif n'a pas bougé. Les revendications du peuple sont claires et n'ont pas changé», indique Anissa, juriste de formation et institutrice de profession et qui n'hésite pas à sacrifier ses vacances, comme les centaines de milliers d'algériens qui manifestent chaque vendredi. « C'est un devoir et l'amour de notre patrie est inconditionnel », commente Nadjib, qui placardait ses pancartes avec ses camarades sur un mur au boulevard Amirouche. « Non à un coup d'Etat contre la volonté populaire, oui pour la transition et la constituante et oui pour un dialogue impliquant toutes les personnes issues du peuple », ont-ils écrit sur leurs affiches. 16h00, le mouvement est à son apogée, la même intensité et le même acharnement contre le pouvoir. Le même trend observé dans les autres wilayas. Ni la chaleur caniculaire, ni la présence policière n'ont dissuadé les Algériens de sortir dans la rue et exprimer leur attachement au changement politique. Certains ont exprimé leur solidarité avec le peuple tunisien qui vient de perdre son président, mais également leur crainte d'un revirement de la situation dans ce pays. Conscient de cet enjeu, certains manifestants ne refoulent pas l'idée du dialogue, mais exigent à ce que les revendications populaires soit cristallisées. D'ailleurs lors de leur sortie, quelques personnalités désignées pour mener le dialogue, à l'instar de Smail Lalmas ont rassuré les manifestants de l'urgence et de l'utilité de ce dialogue pour éviter d'aller vers l'impasse. Intrigués et désaxés par la situation délicate du pays, les manifestants ferment la page du 23ème vendredi de marche et s'attendent à réécrire une nouvelle page de leur histoire, prochainement. Espérant ainsi le dénouement que l'embrouillement.